A Marseille, l'interminable "reconquête" d'un centre frappé par la désertification commerciale

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Par AFP
Publié le 14 décembre 2017 - 12:26
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Marseille est la seule grande ville française à subir une désertification de son hypercentre, malgré
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© BORIS HORVAT / AFP
Marseille est la seule grande ville française à subir une désertification de son hypercentre, malgré les plans de "reconquête".
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"Les centres anciens sont en perte de vitesse au profit de la périphérie, Marseille n'est pas épargnée". Le constat est fait par Jean-Claude Gaudin (LR) maire de la seule grande ville française à subir une désertification de son hypercentre, malgré les plans de "reconquête".

676 locaux vacants ont été recensés dans l'hypercentre, autour de la Canebière, soit "un taux de 15,1% particulièrement élevé", selon une étude commandée par la mairie au cabinet Cibles et stratégie, révélée par La Provence et le site d'informations Marsactu.

Le taux de rideaux baissés atteint 27% et 28% dans certains quartiers, selon cette étude qui note "une réelle difficulté à pérenniser les activités commerciales dans le centre-ville".

Baisse démographique (12,5% en cinq ans selon l'Insee), absence de pouvoir d'achat d'une population paupérisée, logements dégradés, problèmes de transports et de stationnement... les causes structurelles s'ajoutent à l'émergence de centres commerciaux qui "proposent une offre similaire voire plus large que celle du centre ville", selon l'étude.

L'un d'eux, "les Terrasses du port", a vu le jour dans les nouveaux quartiers d'affaires, à la Joliette. L'autre doit ouvrir près du stade Vélodrome, dans les quartiers sud. Pour Jean-Claude Gaudin, ces galeries commerciales se justifient pour contrer la fuite des acheteurs vers les centres commerciaux en périphérie (La Valentine, Aubagne, Plan de Campagne).

La "reconquête" du centre-ville, rebaptisée "redynamisation" est une vieille antienne marseillaise, depuis la paupérisation de la ville, victime de désindustrialisation.

- "La catastrophe en chantant" -

Pour Eric Scotto, dont le magasin d'instruments de musique est ouvert, rue de Rome (centre), depuis 1964, la crise a surtout démarré en 2008 avec "une baisse de la consommation des ménages". La modification du système de distribution, avec l'arrivée d'internet, l'ouverture des centres commerciaux en ville et des transports collectifs déficients ont fait le reste, selon lui.

Plusieurs plans de réhabilitation ont été entrepris, depuis dix ans, avec notamment la construction de deux lignes de tramway... qui se superposent à celles du métro. Ni l'un ni l'autre ne desservent les quartiers les plus au nord et les plus au sud.

La "requalification" de la rue de la République, entre Vieux port et Joliette, n'a guère profité au commerce. Là aussi nombre de locaux ne trouvent pas preneurs.

La reconquête se poursuit aujourd'hui avec la rénovation de la rue Paradis, l'une des principales artères commerciales, inaugurée récemment en grande pompe par les élus.

La mairie vient également d'annoncer un plan "Ambition centre-ville" de "50 actions concrètes" d'ici à 2020, financé à parité par le public et le privé à hauteur de 100 millions d'euros. Au programme : requalification du quartier Noailles, amélioration de la propreté et de la sécurité, aide au ravalement de façades, préemption de fonds de commerce, construction d'une salle de cinéma multiplexe et d'un hôtel de luxe… Et pour encourager le retour d'habitants, une aide aux primo-accédants à la propriété.

Benoît Payan, qui conduit l'opposition PS au conseil municipal, voit dans ces annonces une "tentative désespérée de sauvetage du centre-ville" par une municipalité en grande partie responsable selon lui de son marasme en ayant favorisé l'implantation de centres commerciaux. Mais "on va à la catastrophe en chantant", dénonce-t-il.

La rue Saint-Ferréol est la seule artère commerciale entièrement piétonne de la ville. Depuis quelque temps, la Canebière est rendue une fois par mois aux piétons. Mais ni la piétonnisation, même provisoire, des autres rues du centre, ni une baisse des tarifs des parkings, gérés par des sociétés privées, ne sont d'actualité.

"On regardera ce qui se fait ailleurs", indique le président de la Chambre de commerce de d'industrie de Marseille, Jean-Luc Chauvin. Il propose aussi le lancement d'une marque commerciale "Centre-ville, l’amour de ma ville" accompagnée d'un logo en forme de coeur.

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