A Obernai, Kronenbourg brasse les goûts et les couleurs

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Par Nicolas GUBERT - Obernai (France) (AFP)
Publié le 20 mars 2019 - 15:05
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La chaîne d'embouteillage de bières Kronenbourg, le 12 décembre 2014 à l'usine d'Obernai, dans le Bas-Rhin
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© PATRICK HERTZOG / AFP/Archives
La chaîne d'embouteillage de bières Kronenbourg, le 12 décembre 2014 à l'usine d'Obernai, dans le Bas-Rhin
© PATRICK HERTZOG / AFP/Archives

Un ruban d'asphalte de 500 mètres sépare chaînes d'embouteillage et zone d'expédition de la brasserie Kronenbourg d'Obernai, en Alsace: près d'un tiers de la bière bue en France part de cette gigantesque bande de bitume, dont l'environnement va bientôt muer pour répondre à la soif inaltérable de diversité des consommateurs.

"On l'appelle l'autoroute", explique Pascal Elard, coordinateur logistique. Juché sur une passerelle de métal, il surplombe un ballet incessant de chariots-élévateurs. Démantelant des montagnes de packs de bières, les chariots les reconstituent à quelques centaines de mètres, dans des trains de marchandises chargés jusqu'à la gueule.

Car 75 à 80% de la production part en train de la périphérie de Strasbourg pour alimenter les trois autres grands centres de stockage de l'entreprise, à Paris, Lyon et Angers. En tout, ce sont quelque 6,8 millions d'hectolitres qui sortent aujourd'hui d'Obernai.

Mais ce chiffre va bientôt évoluer: face à la soif grandissante de bière qui frappe l'Hexagone depuis plusieurs années, des travaux vont démarrer dès l'été prochain pour augmenter la capacité de la vénérable brasserie qui va fêter ses 50 ans en septembre.

Le brasseur danois Carlsberg, propriétaire de Kronenbourg depuis 2008, a annoncé en 2018 un investissement de 100 millions d'euros.

"On va démarrer une première tranche cette année, qui va représenter environ 45 millions d'euros. Elle va se composer d'un nouveau bâtiment logistique, qui va nous permettre d'augmenter notre capacité de stockage d'environ 20.000 palettes et d'une nouvelle ligne de packaging, qui va augmenter la capacité globale du site de 550.000 hectolitres", explique à l'AFP Stéphane Munch, directeur de la brasserie d'Obernai.

Mais le but de cette augmentation de capacité ne vise pas seulement à inonder les rayons de la grande distribution.

"La deuxième tranche concernera essentiellement la partie modernisation du site, mais pour la démarrer, nous avons d'abord besoin de créer un petit +buffer+ (réserve) de capacité pour ensuite pouvoir arrêter des équipements qui aujourd'hui sont sollicités au maximum et les remplacer par des équipements qui sont au goût du jour", explique M. Munch.

- Des produits plus complexes -

Finalité de cette modernisation: permettre de brasser plus facilement toujours plus de variétés de bières.

"Ici, quand on a démarré, on faisait deux bières, de la Kronenbourg et de la 1664. Aujourd'hui, on fait 42 liquides différents", explique M. Munch.

Céline Chauvin-Schera, maître-brasseure, ne cache pas son excitation et un brin d'inquiétude quant au surcroît de travail que vont représenter les "500.000 hectolitres supplémentaires de bière à brasser et cette diversité".

Elle surveille les gigantesques cuves en inox qui constituent son domaine, et où se mélangent par milliers d'hectolitres malt et eau, avant l'étape d'infusion du houblon, puis la fermentation.

Lors du brassage, on transforme l'amidon en sucre, lors de la fermentation, on transforme le sucre en alcool à l'aide de la levure.

"On invite la levure à dîner, elle mange le sucre et nous laisse l'alcool et le CO2", explique Shelby Mothiron, responsable des visites à la brasserie.

La bière est ensuite filtrée pour enlever les levures et avoir une bière claire qui part au conditionnement. Le processus est bien connu des brasseurs, mais les nouveaux produits qui remplissent les rayons posent de nouvelles difficultés.

Ainsi, pour les bières sans alcool, ce sont "deux fois plus d'analyses à faire, pour des produits plus complexes", explique Mme Chauvin-Schera.

Amertume, PH, couleur sont ainsi passés au crible pour assurer la commercialisation de plus en plus de produits. Une tendance qui sera amenée à s'accentuer, selon Mme Chauvin, qui évoque "de plus en plus de renouvellement et des séries temporaires".

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