Pédophilie : présence d'un évêque polémique durant la visite du pape

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Par Miguel SANCHEZ - Temuco (Chili) (AFP)
Publié le 17 janvier 2018 - 22:56
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Juan Barros, un évêque chilien lors d'une messe en plein air célébrée par le pape (G), le 17 janvier 2018 à Temuco
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© Claudio Reyes / AFP
Juan Barros, un évêque chilien lors d'une messe en plein air célébrée par le pape (G), le 17 janvier 2018 à Temuco
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Manifestations, banderoles, polémiques: la présence au côté du pape de Juan Barros, un évêque chilien soupçonné d'avoir protégé un influent prêtre accusé de pédophilie, assombrissait la visite du Saint Père cette semaine au Chili.

En janvier 2015, le pape François avait pris la décision très controversée de nommer ce prélat à la tête du diocèse d'Osorno (sud), bien qu'il soit soupçonné d'avoir tu les agissements pédophiles d'un vieux prêtre.

L'octogénaire père Fernando Karadima, un ancien formateur charismatique de prêtres, a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint à se retirer pour une vie de pénitence.

En avril 2011, l'Eglise catholique du Chili avait demandé formellement pardon pour tous les abus sexuels sur des enfants commis par des membres du clergé, et pour son manque de réactivité.

- Présence polémique -

Malgré la polémique et les paroles de compassion du pape aux victimes chiliennes d'actes de pédophilie, Barros, 61 ans, a concélébré les deux premières messes géantes au côté du souverain pontife, à Santiago et à Temuco (sud). Ce prélat aux joues rondes et aux cheveux poivre et sel coiffés sur le côté assistait aussi à une réunion avec les évêques.

Sa présence a soulevé un tollé dans l'opinion publique chilienne, horrifiée par une série de scandales qui ont impliqué environ 80 membres du clergé local ces dernières années.

"Cet homme (Barros) est un menteur, un délinquant, qui a été frappé d'amnésie après avoir couvert Karadima (...) Il devrait être en prison ou au moins destitué", a déclaré aux médias chiliens Juan Carlos Cruz, une des victimes du vieux prêtre.

Des manifestants ont protesté lundi et mardi contre la visite du pape. "Evêque Barros complice" et "François complice de crimes pédophiles", pouvait-on lire sur les banderoles.

- La nomination de Barros -

Trois ans avant la visite du pape François, les protestations s'étaient multipliées en 2015, année de la nomination de Barros à Osorno.

Des manifestants avaient interrompu plusieurs de ses célébrations en demandant sa démission. Au Parlement chilien, 51 députés avaient appelé le pape à revenir sur sa décision.

Dans une vidéo filmée en 2015 au Vatican par des fidèles, le Saint Père avait pris la défense de l'évêque affirmant qu'il n'y avait pas de preuves et qualifié d'"imbéciles" et de "gauchistes" les détracteurs de Barros.

- Garde rapprochée -

L'évêque Barros a toujours nié avoir eu connaissance des agressions de celui qui a été son père spirituel durant 35 ans. "Je n'ai pas été témoin" des agissements de Karadima, a-t-il déclaré à une nuée de journalistes à son arrivée à Temuco mercredi. "Je vous demande de me laisser tranquille".

Adolescent, Barros a rencontré Karadima lorsque ce dernier était le prêtre de la paroisse d'un quartier huppé de Santiago. Ordonné prêtre en 1983, il a ensuite maintenu un lien étroit avec Karadima, faisant partie de sa garde rapprochée, composée de religieux formés par Karadima et qui occupent actuellement des postes élevés au sein de l'Eglise chilienne.

Des victimes de l'influent curé ont accusé l'évêque d'avoir assisté aux actes de pédophilie de Karadima et affirment avoir vu les deux hommes échanger des gestes tendres.

"Juan Barros était là et ils s'embrassaient avec Karadima. Nous sommes plusieurs à l'avoir vu", assure Juan Carlos Cruz, une des victimes.

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