Indemnités de licenciement et "barème Macron", les prud'hommes font de la résistance

Auteur(s)
La rédaction de France-Soir
Publié le 26 juillet 2019 - 13:48
Image
Les indemnités prud'homales seront plafonnées à 3 mois de salaire jusqu'à deux ans d'ancienneté
Crédits
© LOIC VENANCE / AFP
Certains conseils des prud'hommes refusent toujours d'appliquer le "barème Macron" sur les indemnités de licenciement.
© LOIC VENANCE / AFP

Alors que la Cour de cassation a validé mi-juillet la conformité du "barème Macron" sur les indemnités de licenciement aux textes internationaux, le conseil des prud'hommes de Grenoble a accordé lundi 22 un montant supérieur au plafond à une salariée, jugeant qu'il s'agissait de la seule "indemnité adéquate" en l'espèce.

Le conseil des prud'hommes de Grenoble a rendu lundi une décision concernant un licenciement abusif octroyant 35.000 euros d'indemnités au salarié lésé, alors que le "barème Macron" instauré au début du quinquennat prévoyait en l'espèce un maximum d'environ 23.000 euros.

Les conseillers ont estimé que ce plafond ne correspondait pas au préjudice subi et ne se sont pas considérés lié par la décision de la Cour de cassation qui a validé la mesure mercredi 17.

Voir: Prud'hommes - la Cour de cassation valide le barème Macron, l'exécutif soulagé

Cette mesure très décriée par les syndicats et certains juristes avaient en effet été transmise à la plus haute juridiction française pour avis sur la conformité aux textes internationaux, et notamment avec la convention n°158 de l'Organisation internationale du travail (OIT).

Dans son avis, la Cour de cassation estime que ce barème est "compatible" avec la convention qui demande "le versement d'une indemnité adéquate" en cas de licenciement abusif.

Pour la Cour, "le terme «adéquat» doit être compris comme réservant aux Etats parties une marge d'appréciation" et l'Etat, avec ce barème, n'a fait "qu'user de sa marge". Elle rappelle qu'il n'est pas appliqué en cas de licenciement nul (harcèlement moral ou sexuel, discrimination, etc.).

Mais le conseil des prud'hommes de Grenoble ne s'est pas estimé lié par cet avis de portée générale qui ne constitue pas une décision sur cette affaire en particulier. Il a estimé qu'eu égard à l'ancienneté de la salariée, de sa volonté de monter dans la hiérarchie et du préjudice que représentait ce licenciement "dépourvu de cause réelle et sérieuse", le plafond instauré par le "barème Macron" ne permettait pas d'offrir une indemnité "adéquate".

Plusieurs conseils des prud'hommes ont depuis l'ordonnance de septembre 2017 refusé de se plier à ce tableau d'indemnités qui de facto limite le pouvoir souverain d'appréciation des juges. Plusieurs affaires font actuellement l'objet d'appels qui pourraient ensuite aboutir à des pourvois en cassation. La haute juridiction devrait alors délivrer une jurisprudence sur l'obligation pour les prud'hommes de de se conformer ou non au barème.

Lire aussi:

Le blues des prud'hommes face à leur "mort programmée"

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.