Laurent Fabius sur des troupes au sol en Syrie : "la réponse est non"

Laurent Fabius était ce mardi matin l'invité de RMC-BFMTV. Le ministre des Affaires étrangères a évoqué les survols de reconnaissance en Syrie pour surveiller Daech et indiqué qu'il était hors de question d'envoyer des troupes au sol. Il s'est également exprimé sur l'accueil des réfugiés en France et sur l'importance de la COP21.

Les vols se poursuivent en Syrie ?

"Oui, il déjà eu deux séries de vol".

"L’idée: nous avons une certitude que Daech depuis la Syrie risque de menacer la France, donc au nom de la légitime défense nous faisons des reconnaissances".

 

Il n’y a pas encore eu de premiers bombardements ?

"Non".

"Les conséquences seront décidées après les survols, elles seront décidées par le président de la République".

"La stratégie générale n’a pas changé".

"Nous voulons une solution politique en Syrie: une solution avec des éléments du régime et de l’opposition".

 

Si nous bombardons Daech nous consolidons Assad ?

"Nous ne pouvons pas ne rien faire".

"Cela ne va dire pour autant que nous considérons que l’avenir de la Syrie c’est Assad".

"Nous nous coordonnons avec la coalition, pas avec Monsieur Bachar".

 

Les bombardements auront lieu quand ?

"Le moment venu".

 

C’est le centre américain des opérations aériennes basées au Quatar qui décide ?

"Non, c’est la France qui décide".

 

Daech est seul responsable de l’exode des réfugiés ?

"Si on regarde quelle est la situation en Syrie, il y a une pluralité de causes. Monsieur Bachar a une responsabilité énorme".

"A la base, c’est lui qui a commencé (…) mais les choses ont tellement trainé que les terroristes se sont installés, il faut lutter contre eux".

"Je dois avoir un contact demain avec mon homologue russe (…) nous discuterons de la Syrie".

 

On entend parler d’une probable présence de soldats russes en Syrie

"Il y a des indications en ce sens".

"Si c’est dans une perspective offensive, il faut déterminer contre qui".

"Je vais en discuter avec Monsieur Lavrov".

"S’il s’agit de défendre la base de Tartous, pourquoi pas, s’il s’agit d’entrer dans un conflit c’est une autre affaire".

"Ne faisons pas de procès d’intention, on verra ce qui se passe".

 

Nicolas Sarkozy veut des forces spéciales au sol en Syrie

"Des troupes françaises au sol: la réponse est non".

"Ce serait un trop grand sacrifice humain".

"Il faut tirer des leçons de ce qui s’est passé dans d’autres pays, l’Irak, l’Afghanistan…"

"Les combats contre Daech doivent être menés par des populations arabes et des Syriens qu’on peut épauler".

 

La France va accueillir 24.000 réfugiés politiques

"Un peu plus (…) Plus une trentaine de milliers en deux ans".

"La France fait son devoir".

 

Le Parlement européen propose un mécanisme de répartition permanent

"A partir du moment où il y a un effort général à faire, il est normal que chacun des pays prenne sa part, mais certains pays ne sont pas d’accord".

"Il y a un problème urgent vis-à-vis des réfugiés".

"On ne peut pas les laisser se faire massacrer".  

 

Qu’allez-vous faire avec les pays qui n’en veulent pas ?

"Il faut discuter, trouver une solution".

"Sinon l’Europe elle-même risque d’être mise en danger".

"L’Europe montre ses divisions, c’est un sujet sur lequel chacun doit prendre sa part".

 

 

François Hollande était contre les quotas il y a quelques semaines, c’est la diffusion de la photo du petit Aylan qui a changé les choses ?

"Le mot de quota n’est pas le plus pertinent. Quand il s’agit des réfugiés, ils ont le droit de venir".

"En revanche pour ce qui est des migrants économiques on ne peut pas tous les accueillir".

 

Nicolas Sarkozy dit que la France est "menacée de désintégration"

"Je ne vais pas le lancer dans une polémique. D'après ce que j’ai compris, il essaye de trouver une position qui ne le fâche pas avec certains extrémistes de droite et qui en même temps paraisse humaniste".

 

De nombreux Français craignent que des extrémistes de Daech se soient infiltrés parmi les réfugiés

"Il ne faut pas tout confondre. Faire l’équation réfugiés égal terrorisme, serait erroné et très tendancieux".

"Mais il faut être très vigilent sur tous ceux qui viennent".

"Tous les services font le maximum dans tous les domaines pour qu’on limite tous les risques".

 

La COP 21: combien de pays ont fixé leurs engagement pour réduire les gaz à effets de serre ?

"Cela peut être une date tournant pour la planète".

"Parce qu’aujourd’hui la température est en train de monter".

"Tous les scientifiques disent que si on ne changent pas la façon dont on produit, les gaz à effets de serre seront tels qu’on va aller jusqu’à plus 3,4,5 degrés".

"Conséquence: la vie va devenir invivable".

"Il faut stopper ça".

"L’objectif de la conférence de Paris:  qu’on aille pas au dessus de 2 degrés".

"Chaque pays doit s’engager, pour l’instant une soixantaine de pays a publié ses engagements".

"Au moment de la conférence, environ 90% des pays auront publié leurs engagements".

 

Les pays du Nord s’étaient engagés à aider à hauteur de 100 milliards les pays du Sud pour réduire les gaz à effets de serre

"Pendant la conférence de Copenhague, on avait établi que d’ici à 2020, les pays riches pourraient apporter aux pays pauvres 100 milliards de dollars par an".

"Aujourd’hui on doit être autour de 60 milliards".

"Il faut qu’on continue à augmenter".

"En ce qui concerne les pays riches, il faudra un effort supplémentaire".

 

Est-ce que la France installe toujours des centrales à charbon dans le monde ?

"Nous ne financerons plus des centrales à charbon qui ne sont pas dotés de mécanismes qui empêchent l’émission du carbone".

"J’espère que les entreprises françaises ne continueront pas à en installer".

"Prenons un pays comme l’Inde quand vous discutez avec le Premier ministre, il dit qu’il est d’accord (…) mais sa ressource principale c’est le charbon".

"Il faut l’aider à renouveler les énergies renouvelables pour que petit à petit il puisse aller vers cet objectif des deux degrés".

 

Pourquoi n’y a-t-il pas d’engouement populaire autour de ces questions ?

"L’intérêt va monter au mois de novembre".

"Il y a quand même une sensibilité de plus en plus forte dans la jeunesse".

"Les gens sentent que ce sont nos vies qui sont en jeu".

"Dans Tristes tropiques, Levi Strauss dit: +le monde a commencé sans l’homme et le risque c’est qu’il se poursuive sans lui+".

"Si on ne change pas la modification de la température, nous allons nous tuer nous-mêmes".

"Les gaz à effets de serre quand ils sont émis, ils ne disparaissent pas immédiatement, ils restent des mois, des années voire des siècles".

Si la conférence de Paris ne réussit pas, cela sera irrattrapable.

Il faut expliquer aux Français individuellement ce qu’il faut faire (…) Chacun individuellement a une responsabilité.