Le premier budget Macron dans l'hémicycle, l'ISF au centre des polémiques

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Par AFP
Publié le 17 octobre 2017 - 06:32
Mis à jour le 18 octobre 2017 - 10:40
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L'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris, le 10 octobre 2017
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© BERTRAND GUAY / AFP
Le banc des ministres de l'Assemblée nationale, le 16 octobre 2017
© BERTRAND GUAY / AFP

Le gouvernement a défendu mardi son premier budget à l'Assemblée, assumant notamment "au nom des promesses tenues" la réforme de l'ISF, qui est vivement critiquée par la gauche, ne satisfait pas totalement LR et fait douter certains Modem.

Les ministre des Finances Bruno Le Maire et des Comptes publics Gérald Darmanin ont plaidé pour "un budget de transformation", au démarrage des débats dans l'hémicycle sur le premier volet du projet de loi de finances, consacré aux "ressources". Plus de 1.000 amendements sont au menu toute la semaine.

Pour ce premier budget, "acte fondateur", "nous assumons nos choix", a défendu le chef de file des députés LREM dans le sillage d'Emmanuel Macron dimanche soir, récusant les "caricatures" d'"une majorité qui ne penserait qu'aux riches". "Muscler la feuille de paye et alléger la feuille d'impôt: c'est possible et nous le faisons", a clamé cet ancien socialiste.

Mais la France, dernier pays de la zone euro en procédure de "déficit excessif" avec l'Espagne, doit aussi sortir du viseur pour retrouver de la "crédibilité", a plaidé Bruno Le Maire.

Après un retour du déficit juste sous le seuil des 3% du PIB en 2017, l'exécutif prévoit donc 2,6% en 2018 et un quasi-retour à l'équilibre en 2022, selon la loi de programmation également en débat.

Vu les "objectifs du quinquennat: moins d’impôts, moins de déficit et moins de dette", selon Gérald Darmanin, le gouvernement a prévu en 2018 près de 15 milliards d'économies.

Cela passe d'autant plus mal à gauche que ce budget transforme l'ISF en impôt sur la seule "fortune immobilière" qui, conjugué à l'introduction d'une "flat tax" de 30% sur les revenus du capital, va priver l'Etat de 4,5 milliards d'euros.

La majorité défend l'objectif d'orienter l'épargne des Français aisés vers "l'économie productive". "Sans capital, pas d’investissement. Sans investissement, pas d’innovation. Sans innovation, pas d’emploi", selon Bruno Le Maire.

La gauche dénonce un "cadeau aux plus riches" aux dépens des "premiers de corvée", opposition à la métaphore présidentielle des "premiers de cordée".

"On connaissait la formule +mon ennemi, c'est la finance+, avec vous la finance a son meilleur ami", a accusé le communiste Fabien Roussel. "Vous êtes mal", a lancé son camarade Hubert Wulfranc, prédisant à LREM que cela lui "collera à la peau".

"Rien n'est fléché vers le financement de l'économie. Vous faites un chèque en blanc", a dénoncé la socialiste Valérie Rabault.

Une centaine de parlementaires de gauche ont signé, comme cette ex-rapporteure générale du Budget, un appel, lancé par Libération, au gouvernement pour qu'il publie l'impact de ses mesures "sur les 100 Français les plus riches".

Et François Hollande est sorti de sa réserve, depuis Séoul, pour avertir son successeur et ex-protégé contre "une fiscalité allégée pour les riches".

- 'Faussement de droite' -

Une partie de la majorité exprime aussi des doutes. Le MoDem de François Bayrou souhaite maintenir "un impôt sur la fortune des particuliers", sortant du périmètre de l'ISF la seule détention de titres (parts ou actions) dans les entreprises.

Hostile à toute "conditionnalité", Bruno Le Maire a accepté une mission de suivi de la réforme.

LREM compte aussi surtaxer des "signes extérieurs de richesse" (yachts, voitures de sport, métaux précieux) pour éviter "des effets d'aubaine", avec un rendement inférieur à 50 millions d'euros, raillé à gauche comme un "cache sexe".

Hostile de longue date à l'ISF, le groupe LR, qui a échangé de premières escarmouches avec les deux ministres issus de ses rangs, a regretté que l'exécutif "n'aille pas jusqu'au bout" et pénalise les propriétaires.

Il votera contre un "budget des occasions perdues", selon le président de la commission des Finances Eric Woerth, "faussement de droite", pour Damien Abad. LR se revendique aussi défenseur des "retraités, familles, ruraux, collectivités territoriales" face à la fin programmée de la taxe d'habitation et l'augmentation de CSG.

Cette dernière mesure, votée lors de l'examen du budget de la Sécu en commission, y a été contestée par la gauche, LR et les Constructifs comme un "coup de poignard".

"Il faut rendre à César ce qui est à Jupiter: le président Macron avait annoncé" son projet pour la CSG, a pointé dans l'hémicycle Jean-Noël Barrot (MoDem).

Et la majorité assure qu'elle sera plus que compensée pour les retraités par la suppression progressive de taxe d'habitation, pour les salariés par la suppression des cotisations maladie et chômage.

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