Manuel Valls au Salon de l'agriculture dans une ambiance tendue

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 février 2016 - 11:15
Image
Le foll Valls salon de l'agriculture
Crédits
©Miguel Medina/AFP
Manuel Valls a été accueilli dans une ambiance tendue lundi au Salon de l'agriculture, par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave crise du secteur.
©Miguel Medina/AFP
Manuel Valls a été accueilli dans une ambiance tendue lundi au Salon de l'agriculture, par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave crise du secteur, deux jours après l'inauguration ponctuée de sifflets et d'insultes du chef de l'Etat.

Le Premier ministre a lui aussi essuyé quelques huées et quolibets d'éleveurs désabusés, dans la partie des vaches laitières, après être arrivé bien avant l'ouverture aux visiteurs, avant 7h, entouré d'un imposant service d'ordre.

"Vas te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe", a hurlé l'un d'eux. Un grand panneau avec une bâche noire avait été dressé, frappé du slogan: "je suis le top de la qualité française mais ma passion ne suffit plus". "Vous êtes les pantins de l'Europe", a lancé François, éleveur dans l'Eure. "Ils sont là pour se pavaner mais ils n'ont aucun pouvoir et nous on crève".

Le Premier ministre lui a répondu sur le même ton: "On vient tous les ans. C'est toujours la même chose. Si on ne vient pas, on est des trouillards, si on vient, on vient se pavaner". Manuel Valls a ajouté qu'après la visite la semaine passée du commissaire européen Phil Hogan, il y avait à Bruxelles aussi, "une prise de conscience de la gravité de la crise".

Les éleveurs attendent "des prix rémunérateurs", il faut que le lait soit payé par les laiteries au minimum à 350 euros la tonne (35 centimes le litre contre 30 voire parfois 27 actuellement), et "pour bien réinvestir, il faudrait avoisiner les 400 euros", a expliqué José Baechler, un éleveur du Lot-et-Garonne.

Cette visite a lieu quelques heures avant la fin officielle des négociations commerciales lundi soir à minuit entre les industriels et la grande distribution (GMS), accusée de tirer les prix vers le bas en entraînant les agriculteurs dans cette spirale infernale.

Depuis une dizaine de jours, les principaux acteurs - industriels de l'agroalimentaire et responsables agricoles - se relaient pour dénoncer des "négociations plus dures que jamais" avec les représentants de la GMS, qui prennent parfois l'allure d'une "garde à vue" selon un industriel s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

"Nous avons appelé les enseignes de la grande distribution à faire preuve de solidarité en ne baissant pas les prix lors des négociations commerciales pour 2016", prévenait la semaine dernière Manuel Valls. Samedi, le président Hollande a enfoncé le clou, affirmant que l'Etat devait "faire pression sur les distributeurs pour une vraie reconnaissance du travail de l'agriculteur".

Il a annoncé vouloir modifier "avant l'été" la Loi de modernisation de l'économie (LME) adoptée en 2008, sous le quinquennat précédent, afin de garantir une meilleure protection du producteur, parent pauvre de ces négociations.

Pour les agriculteurs, la LME rebaptisée "Loi Leclerc", d'après les hyper et supermarchés du même nom, instaure la liberté de négociation des prix entre les centrales d'achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs. Ce système permet aux premières d'imposer leurs prix et d'exiger des baisses qui pénalisent les producteurs. "Une loi taillée pour Michel-Edouard Leclerc par son ami Sarkozy", accuse ainsi Bruno, un éleveur laitier du Morbihan.

Ces difficultés purement françaises, liées à l'extrême concentration des enseignes de grande distribution, défendues par quatre centrales d'achat, s'ajoutent à une crise plus conjoncturelle de surproduction, de baisse de la demande et d'embargo russe qui pèse pour ce dernier surtout sur les cours du porc.

Xavier Beulin, le patron de la puissante FNSEA, premier syndicat agricole du pays, a dénoncé ces "patrons d'enseigne la main sur le cœur qui viennent gentiment nous expliquer que tout va bien, qu'eux-mêmes vont prendre leurs responsabilités" alors que leurs groupes demandent des baisses de "-4% et -8% sur tous les produits alimentaires".

M. Beulin a par ailleurs lancé des "appels au calme" pour la venue de Manuel Valls, avec lequel il s'entend bien, sans exclure d'autres "mouvements spontanés" après le démontage samedi du stand du ministère de l'Agriculture et les insultes contre M. Hollande.

À LIRE AUSSI

Image
Manuel Valls au Salon de l'Agriculture.
Salon de l'agriculture : Manuel Valls accueilli dans le calme
Manuel Valls est arrivé ce lundi peu avant 7h au Salon de l'agriculture, où il a été accueilli dans le calme par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave cr...
29 février 2016 - 09:20
Politique
Image
Manuel Valls.
Salon de l'agriculture : Manue Valls face aux agriculteurs ce lundi
Après l'inauguration mouvementée du Salon de l'agriculture samedi par le chef de l'Etat c'est au tour du Premier ministre Manuel Valls de plonger dans l'arène houleuse...
29 février 2016 - 07:54
Politique
Image
Salon de l'Agriculture 2016 vaches
Salon de l'agriculture : le stand Charal pris pour cible
Au lendemain de l'ouverture du Salon de l'agriculture, un groupe d'éleveurs a pris pour cible le groupe français Bigard, numéro-1 de l'abattage en France, pour dénonce...
28 février 2016 - 19:42
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.