Allemagne : l'AFD, premier parti d'extrême droite à pouvoir entrer au Bundestag depuis les nazis
Pour la première fois depuis la chute du nazisme, des députés d'extrême droite devraient faire leur entrée au dimanche 24 au Bundestag, l'équivalent allemand de l'Assemblée nationale. En effet, selon les sondages publiés jeudi 21, l'AfD (Alternative für Deutschland) est créditée de 11% des voix, parfois plus.
Créé en 2013 par un professeur d'économie de l'Université de Hambour, Bernd Lucke, le parti était avant tout eurosceptique. Dans une période de crise économique où de nombreux Allemands avaient l'impression de payer pour les autres Etats membres, l'AfD proposait la sortie de l'euro -sans nécessairement quitter l'UE- mais aussi un programme résolument libéral, se distinguant ainsi de nombreux autres partis nationalistes d'Europe.
Nouvelle crise, nouvelle ligne. Au fil des années et particulièrement durant cette campagne législative, le parti s'est largement recentré sur la question migratoire, l'islam et l'identité nationale, germanique et chrétienne. "Burkas? Nous on préfère les bikinis", proclame une de ses affiches. Ou encore "L'islam? Cela ne convient pas à notre cuisine", avec en fond la photo d'un cochon. L'un des chefs de file de la droite populiste, Alexander Gauland, s'était illustré en proposant de se "débarrasser en Anatolie" d'une responsable gouvernementale d'origine turque.
Cette "Alternative pour l'Allemagne" espère ainsi devenir la troisième force politique du pays, derrière les conservateurs de la CDU -le parti d'Angela Merkel largement en tête des intentions de vote malgré un décevant 36%- et les sociaux-démocrates du SPD (21,5%).
Dans un système électoral allemand où dégager une majorité absolue est extrêmement difficile et donc les coalitions de rigueurs, l'AfD pourrait un jour obliger le premier parti allemand à gouverner avec elle. Ce ne devrait pas être pour cette législature. La chancelière allemande a déjà fait savoir qu'elle refuserait de gouverner avec l'AfD, ce qui devrait donc entraîner une nouvelle alliance avec le SPD.
Mais si le parti d'extrême droite (qui refuse cette appellation) reste confronté à un plafond de verre qui devrait l'empêcher au moins un temps de se hisser au niveau des deux premiers partis, il est sur le point de faire voler en éclat celui de l'arrivée au Bundestag. Une idée impensable il y a encore quelques années dans un pays traumatisé par le nazisme et son héritage.
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