États-Unis : accord au Sénat sur l'immigration et l'Ukraine, le président de la Chambre des représentants promet de l’enterrer

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France-Soir
Publié le 06 février 2024 - 11:25
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Dimanche 4 février, le Sénat américain a annoncé être parvenu à un accord entre démocrates et républicains pour débloquer les nouveaux financements, comprenant des aides à l’Ukraine ainsi qu’une enveloppe pour réformer et durcir la politique migratoire.
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MONDE - L’aide européenne dans la poche après des semaines de discussions et de pressions sur Viktor Orban, Premier ministre Hongrois, l’Ukraine scrute désormais l’issue des négociations au Congrès des États-Unis. Au lendemain de l’annonce, par le Sénat, d’un accord bipartisan pour débloquer de nouveaux financements pour Kiev et la politique migratoire américaine, Mike Johnson, président républicain de la Chambre des Représentants, promet de vite l’enterrer. Pour le Grand Old Party de Donald Trump, la facture de soutien à l’Ukraine, qui totalise déjà plus de 110 milliards de dollars, devient très salée. Les appels réitérés de Joe Biden à “vite adopter” cet accord seront-ils entendus, ce texte revêtant un enjeu à neuf mois des élections présidentielles ?

Côté européen, le 1er février, les 27 Etats membres ont voté à l’unanimité une aide financière de 50 milliards d’euros pour Kiev. Un accord obtenu après des semaines de tractations, en raison du véto du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Ce dernier a lâché du lest face à la pression de l’UE et ses menaces de priver Budapest de son aide financière de 30 milliards d’euros.

Tensions au parfum de sécession

Volodymyr Zelensky se tourne désormais vers son premier pourvoyeur en armes et en liquidités, les États-Unis. Au moment où Viktor Orban opposait son veto en décembre, le Congrès américain a échoué à concrétiser une enveloppe de 106 milliards de dollars, réclamée par Joe Biden, pour l’acheminer à l’Ukraine et Israël. Le blocage de cette aide serait “le plus beau cadeau” offert au président russe Vladimir Poutine, a-t-il estimé. Mais les élus conservateurs s'inquiètent surtout de la situation à la frontière mexicaine et conditionnent le déblocage de ces financements à un durcissement de la politique migratoire américaine.

La situation a pris une ampleur sans précédent au Texas, Etat frontalier du Mexique, lorsque la Cour suprême a décidé, fin janvier, de retirer des kilomètres de fils barbelés, mis en place dans le cadre d’un large programme visant à lutter contre l’afflux de migrants.

Son gouverneur, Greg Abbott, soutenu par 25 de ses homologues républicains, a refusé de se plier à la décision de la plus haute juridiction américaine, rappelant que le contrôle de la frontière incombait aux autorités du Texas.

Dans une lettre au vitriol, il a également accusé le gouvernement fédéral “d’avoir rompu son pacte avec les États”, reprochant à Joe Biden de ne pas avoir appliqué les lois sur l’immigration en vigueur. Greg Abbott avait souligné que “les politiques frontalières anarchiques de Biden” ont provoqué l’arrivée illégale de “plus de 6 millions d'immigrés clandestins en l'espace de trois ans seulement”, évoquant les articles de la Constitution l’autorisant lui et son État à protéger ses frontières.

Des tensions au parfum de sécession… Des États US ont fait don de barbelés au Texas.  La situation est bien évidemment suivie de très près par l’ancien président Donald Trump, candidat à la présidentielle de novembre. La question migratoire est au cœur du programme de l’ancien Président qui met la pression sur les Républicains pour rejeter tout accord proposé par Joe Biden et les démocrates.

“Quand j'étais président, nous avons eu la frontière la plus sûre de l'histoire (...) Dès le premier jour après mon élection, au lieu de me battre contre le Texas, je vais travailler main dans la main avec le gouverneur Abbott et les autres Etats de la frontière pour arrêter l'invasion, sceller la frontière, et commencer rapidement la plus grande opération de déportation domestique de l'Histoire”, a écrit Trump.

“Seul un idiot ou un démocrate voterait cet accord”

Dimanche 4 février, le Sénat américain a annoncé être parvenu à un accord entre démocrates et républicains pour débloquer les nouveaux financements, comprenant des aides à l’Ukraine ainsi qu’une enveloppe pour réformer et durcir la politique migratoire.

Cet accord, à hauteur de 118,3 milliards de dollars, comporte une aide de 60 milliards de dollars pour Kiev et 14,1 milliards de dollars pour Israël. La somme de 20,2 milliards de dollars est prévue pour les réformes de la politique migratoire. "Nous sommes parvenus à un accord bipartisan sur la sécurité nationale qui inclut les réformes migratoires les plus strictes et les plus équitables depuis des décennies. Je le soutiens fermement", a vite réagi Joe Biden. Il faut "l’amener sur mon bureau afin que je puisse le promulguer immédiatement".

L’actuel président des USA, candidat à sa propre succession, fait valoir, depuis des mois, ses efforts pour réformer un système d’immigration “défaillant” avec une approche qui se veut plus “humaniste” que celle adoptée par son prédécesseur. Il a exhorté les républicains, majoritaires à la Chambre à soutenir cet accord bipartisan.

Mais le texte doit encore être approuvé par le Sénat, un processus sur la bonne voie, puis par la Chambre des représentants. Cette seconde étape est loin d’être gagnée.

Le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, s’est engagé à enterrer l’accord sénatorial. “J'en ai assez vu. Ce projet de loi est encore pire que prévu et ne suffira pas à mettre fin à la catastrophe frontalière provoquée par le président (...) Si ce projet de loi arrive à la Chambre, il sera mort dès son arrivée”, promet-il.

Donald Trump a appelé lundi 5 février 2024 à s’opposer à l’accord. "Seul un idiot ou un démocrate de la gauche radicale, voterait pour cet horrible projet de loi", a-t-il estimé sur son réseau, Truth Social. "Nous avons besoin d'un projet de loi distinct sur la question migratoire, il ne doit pas être lié à l'aide à un pays étranger de quelque manière que ce soit", a-t-il ajouté.

 

 

 

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