Russie : l'opposant Alexeï Navalny interpellé à Moscou

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Par AFP
Publié le 29 septembre 2017 - 11:18
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L'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, le 7 juillet 2017 à Moscou
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© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP/Archives
L'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, le 7 juillet 2017 à Moscou.
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L'opposant russe Alexeï Navalny, en campagne pour défier Vladimir Poutine à la présidentielle de mars prochain, restait retenu vendredi soir par la police qui l'a arrêtée alors qu'il comptait se rendre à un meeting en province.

La police de Moscou a justifié l'arrestation de l'opposant par ses "appels répétés à participer à des événements publics non autorisés". M. Navalny avait réuni au printemps des dizaines de milliers de personnes avec pour mot d'ordre la dénonciation de la corruption des élites.

Les faits reprochés peuvent lui coûter jusqu'à 30 jours de détention mais il attendait toujours d'être présenté à un juge vendredi soir après plusieurs heures dans un poste de police.

Interrogée par l'AFP, une de ses avocates, Olga Mikhaïlova, a indiqué qu'il avait été détenu une journée entière sans notification écrite des faits lui étant reprochés, ce qui est illégal.

"Le Kremlin considère mes rencontres avec les électeurs comme une énorme menace et même comme une insulte", a dénoncé l'opposant sur Twitter.

A moins de six mois du scrutin, pour lequel le président ne s'est officiellement pas encore déclaré candidat, M. Navalny mène dans toute la Russie, malgré les entraves posées par les autorités, une série de rencontres avec les électeurs.

Il a été arrêté à la sortie de l'immeuble où il vit à Moscou, alors qu'il devait prendre un train pour se rendre à un meeting de campagne pourtant autorisé par les autorités à Nijni Novgorod, 400 kilomètres à l'est de la capitale.

De 200 à 300 personnes se sont rendues là où aurait dû avoir lieu le meeting, répondant à l'appel de M. Navalny à venir malgré son interpellation. "Venez pour le principe et en signe de protestation contre la stupidité, le marasme et le déclin qui ont envahi notre pays", avait-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Son bras droit, Leonid Volkov, a également indiqué avoir été interpellé à Nijni Novgorod et se trouver au commissariat avec son avocat.

- Avenir flou -

C'est la première fois qu'Alexeï Navalny est arrêté depuis la fin de sa détention administrative en juin. Il avait été détenu 15 puis 25 jours après avoir organisé deux manifestations, interdites par les autorités mais très suivies par la jeunesse et ayant débouché sur des centaines d'arrestations.

L'opposant a organisé ces dernières semaines plusieurs meetings de campagne à travers la Russie ayant rassemblé des milliers de personnes, dans l'indifférence des médias nationaux. Ses soutiens ont néanmoins rapporté des tentatives des autorités d'entraver ces événements.

Un des membres de l'équipe de campagne de l'opposant, Nikolaï Liaskine, a affirmé en septembre avoir été attaqué dans la rue à Moscou par des inconnus armés d'une barre en métal.

En juillet, le local de campagne moscovite de M. Navalny avait été investi et bloqué par la police, tandis que ses tracts et objets promotionnels ont été saisis à plusieurs reprises et ses partisans interpellés alors qu'ils démarchaient les passants.

Depuis l'annonce de sa candidature à la présidentielle, M. Navalny affirme néanmoins avoir ouvert plus de 60 bureaux de campagne dans différentes régions de Russie.

Son avenir politique demeure pourtant flou, la commission électorale centrale l'ayant jugé en juin inapte à se présenter contre Vladimir Poutine en raison d'une condamnation pour détournement de fonds.

Principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny a été la cible de nombreuses agressions, dont une avec un liquide vert qui a nécessité un traitement ophtalmologique en Espagne, mais également de plusieurs poursuites judiciaires visant, selon ses partisans, à entraver ses ambitions.

M. Poutine, qui n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature à un quatrième mandat, s'est pour le moment contenté de présenter M. Navalny comme une figure marginale et un opportuniste qui "utilise les difficultés existantes pour sa propre communication politique".

Le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Niels Muižnieks, a appelé la Russie à "réviser" sa loi sur l'organisation des manifestations. "La loi russe sur la liberté de réunion a été rendue considérablement plus restrictive ces dernières années", a-t-il indiqué dans un communiqué.

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