Succession de Boris Johnson : Truss et Sunak en lice pour la présidence des Tories

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FranceSoir
Publié le 27 juillet 2022 - 11:25
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Liz Struss et Rishi Sunak en lice pour la victoire
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Tolga AKMEN, Daniel LEAL / AFP
Liz Struss (à gauche) et Rishi Sunak (à droite) s'affrontent pour remplacer Boris Johnson.
Tolga AKMEN, Daniel LEAL / AFP

Après la tempête politique liée à la démission de Boris Johnson, c’est une course effrénée qui se joue entre Rishi Sunak, l’ex-ministre des Finances, et Liz Truss, secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Tous deux veulent "tirer les pleins bénéfices du Brexit", sans changer de cap vis-à-vis de leur politique conservatrice. Pour les deux opposants conservateurs, les priorités sont multiples : la crise du pouvoir d'achat, la "menace chinoise", et le soutien militaire et financier à l'Ukraine.

Un esprit pro-Brexit qui subsiste

Si d’aucuns espéraient un apaisement avec l’Union européenne, la vision politique des deux Tories est invariablement pro-Brexit. "Le vieux débat au sein du parti conservateur sur la relation avec l'UE est clos. Les hard Brexiters ont gagné", a déploré David Gauke, ancien soutien de Theresa May, dans une tribune dans le New Stateman.

Tout en poursuivant la sortie de l’UE, Rishi Sunak veut élargir la création de ports francs, zones portuaires non soumises au service des douanes dans d’autres régions. Lorsqu’il était ministre des Finances, il a également rédigé un texte législatif pour "ajuster la régulation aux intérêts de Londres" et "supprimer la législation héritée de l'UE en 100 jours".

Cela étant, Rishi Sunak a été plus conciliant avec Bruxelles que sa concurrente, notamment sur la question nord irlandaise. Liz Struss est à l’origine d’une loi visant à démanteler le protocole sur l’Irlande du Nord ; les craintes se fondent sur une potentielle guerre commerciale avec l’UE. "L’UE ne se rend pas compte à quel point la situation en Irlande du Nord est grave", a tempêté Liz Truss. D'après Le Figaro, elle a affirmé que sa politique est "ancrée dans les valeurs conservatrices", tout en passant par une "accélération de la divergence réglementaire avec l'UE".

Voir aussi : Irlande du Nord: l'UE met en garde Londres contre des changements inacceptables 

En somme, le fragile espoir d’un nouveau départ avec Londres risque bien d’en décevoir plus d’un… surtout les européistes. Mais, s’ils adoptent une politique plus ou moins fidèle à celle de Boris Johnson, tous deux sont en conflit sur le plan économique.

Un duel acharné pour la présidence des Tories

Lorsqu’il s’agit des taxes et de la politique fiscale, les deux finalistes adoptent une position nettement différente. Lors d’un premier débat télévisé le 25 juillet, ils se sont opposés au sujet de la crise du coût de la vie.  

Pour la ministre des Affaires étrangères, la priorité est de réduire les impôts : "Tout le monde comprend que le Covid-19 est un événement qui ne se produit qu'une fois par siècle et qu'en essayant de renflouer les caisses, nous nuisons à notre économie, nous finissons par provoquer une récession, et nous mettons des gens au chômage, au détriment des contribuables qui travaillent dur et voient leurs impôts augmenter".

Ce qui n’est pas au goût de son opposant, qui affirme que la politique économique de Liz Truss "conduirait à des taux d’intérêt de 7 %", comme le rapporte RFI. Celle que l’on surnomme "la dame de fer", en référence à Margaret Tchatcher, a répliqué que la stratégie économique de Rishi Sunak conduirait le pays à la récession.

Ce débat montre des divergences entre les deux adversaires. D’un côté, Liz Truss veut relancer l’économie britannique grâce à un plan de croissance immédiat, et s’engage "à mettre fin aux prélèvements verts sur les factures d’énergie". De l’autre, Rishi Sunak propose d’augmenter les impôts et d'avoir des réserves pour faire face à l’inflation.

Au Royaume-Uni, l'inflation galopante est au plus haut depuis quarante ans. Mais ce n'est pas le seul problème ; la "menace" chinoise vient se greffer à la flambée des prix.

Une alliance internationale pour contrer la "menace" chinoise ?

Rishi Sunak a durci le ton contre Pékin, qu’il considère comme "une menace à long terme" du Royaume-Uni, selon la BBC. Pour se "défendre contre les attaques technologiques" de la Chine, il propose la création d’une alliance internationale "à la manière de l’OTAN", mais aussi de développer et de soutenir davantage le MI5, le renseignement intérieur britannique.

Voir aussi : Brexit: l'ombre de la Chine plane sur la City

Prenant position contre la Chine, qu’il accuse de "voler nos technologies et d’infiltrer nos universités", l’ex-ministre des Finances a déclaré vouloir fermer les 30 instituts Confucius implantés au Royaume-Uni s’il est élu. Ces établissements culturels publics à but non lucratif sont implantés dans des centaines de villes du monde par la République populaire de Chine depuis 2004. Selon certains députés conservateurs, ils seraient utilisés à des fins de propagande et d’espionnage.

Rishi Sunak a déclaré qu’il empêcherait la Chine "de prendre le contrôle de nos universités", tout en apportant "aux entreprises et aux institutions publiques britanniques la cybersécurité dont elles ont besoin". Pour l’ex-chancelier, "contrer l’espionnage industriel chinois" est fondamental, de même que "d’empêcher les acquisitions par la Chine dans des secteurs clés", comme le souligne Le Figaro.

Alors que les Occidentaux ont les yeux rivés vers la guerre en Ukraine, Rishi Sunak estime que, pendant ce temps, les Chinois "tentent d’intimider leurs voisins, y compris Taïwan". Sur le conflit russo-ukrainien, il affirme que Pékin soutient "l’invasion fasciste de l’Ukraine par Poutine en achetant son pétrole".

Sur le plan économique, l’ex-chancelier britannique accuse la Chine "d’accabler les pays en développement d’une dette insurmontable et s’en servent pour saisir leurs avoirs ou les menacer d’un pistolet diplomatique". Il ajoute qu'ils "torturent, détiennent et endoctrinent leur propre peuple, notamment au Xinjiang et à Hong Kong, en violation des droits de la personne".

De son côté, la nouvelle "Dame de fer" adopte une politique étrangère plutôt axée à l'Est. En effet, le Royaume-Uni et les alliés de l'OTAN devraient selon elle multiplier les sanctions russes pour soutenir Kiev. 

"L'Ukraine a besoin d’une victoire nette" 

En termes de politique internationale, Liz Truss mise tout sur le soutien militaire et financier apporté à l’Ukraine. Pour la chef de la diplomatie britannique, Kiev a besoin d’un "maximum d’aide militaire, en matériel et en formation".

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, elle a assuré que le "Royaume-Uni est le plus grand pourvoyeur d’aide au pays, après les États-Unis" ; celui-ci ayant fourni 2, 3 milliards d’euros aux autorités de Kiev. Si l’opposition s’inquiète des dépenses de défense, qui représentent 2,3 % du PIB, la ministre n’en démord pas, elle veut accroître la "production de matériel militaire".

Voir aussi : La traçabilité des fonds vers l’Ukraine se perd 

À ce sujet, elle "soutient" que les avoirs russes gelés puissent être redistribués aux victimes de l'invasion"Le Royaume-Uni veut suivre l'exemple du Canada et saisir les avoirs des Russes au Royaume-Uni afin de les remettre à l'Ukraine", a-t-elle déclaré dans The Guardian. Quoi qu'il en soit, pour Liz Truss, "la guerre doit être la plus courte possible, mais il faut se préparer à ce qu’elle soit longue".

Celle qui a fait parler d’elle en posant comme Margaret Thatcher, a incarné l’intransigeance dans les délicates négociations sur les dispositions post-Brexit sur la question de l’Irlande du Nord. En ce qui concerne la législation européenne, Liz Truss a déclaré qu’elle s’engage à abandonner toutes les lois européennes encore en vigueur au Royaume-Uni d'ici à 2023, si elle vient à remporter le scrutin. "Les réglementations européennes entravent nos entreprises et cela doit changer", a-t-elle indiqué dans un communiqué. En clair, les relations tumultueuses entre Royaume-Uni et Bruxelles ne risquent pas de s’arranger.

En définitive, les sondages donnent une large avance à Liz Truss. Près de 20 000 membres du parti conservateur doivent voter par correspondance ; le vote doit débuter le 5 août et s’achever le 5 septembre.

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