Theresa May bataille pour mettre en oeuvre le Brexit, et à la date prévue

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Par Martine PAUWELS - Londres (AFP)
Publié le 14 janvier 2019 - 00:30
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La Première ministre britannique Theresa May, le 13 jnavier 2019 près de Maidenhead, à l'ouest de Londres
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La première ministre britannique Theresa May a mis en garde les députés lundi contre les conséquences imprévisibles qu'aurait un rejet de l'accord de Brexit qu'elle a conclu avec l'UE.
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La première ministre britannique Theresa May a mis en garde les députés lundi contre les conséquences imprévisibles qu'aurait un rejet de l'accord de Brexit qu'elle a conclu avec l'UE, sans exclure complètement un report de la date de divorce.

La chambre des Communes votera mardi soir sur cet accord négocié de haute lutte entre Londres et Bruxelles mais vilipendé tant par les Brexiters que par les europhiles.

Un rejet du texte et une sortie de l'UE sans accord le 29 mars signifieraient "aucune période de transition, aucune garantie pour les citoyens britanniques à l'étranger, et aucune certitude pour les entreprises et les travailleurs", a-t-elle martelé devant le Parlement.

"Et si cette Chambre bloquait le Brexit, cela serait une atteinte à notre démocratie", a-t-elle estimé.

Mais face à l'hostilité envers ce texte des députés, qui exigent une alternative, elle n'a pas été en mesure d'exclure un report de la date du Brexit. "Je ne crois pas que la date du 29 mars doit être retardée", mais "certains ont l'intention de trouver un moyen d'empêcher" la mise en oeuvre du Brexit, a-t-elle concédé.

A Bruxelles, plus de 100 députés européens se sont engagés à soutenir un report du Brexit si le Royaume-Uni le réclame, notamment pour éviter un divorce sans accord.

Le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont tenté d'aider la Première ministre en formulant des "assurances" censées vaincre les réticences des députés.

Dans une lettre publiée par Downing Street, les deux dirigeants européens affirment que "l'Union européenne ne souhaite pas" que la disposition controversée du "filet de sécurité" ("backstop" en anglais) entre en vigueur, et que dans l'éventualité ou celle-ci devait être appliquée, elle le serait "seulement de manière temporaire".

Cette option de dernier recours, décriée par les Brexiters, doit éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord en maintenant le Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE si aucune autre solution n'est trouvée à l'issue de la période de transition pendant laquelle sera discutée la future relation commerciale,

- "Belles paroles" -

A peine publié, le document était déjà critiqué : "Au lieu de nous rassurer, cette lettre renforce nos inquiétudes", a réagi Nigel Dodds, député du parti unioniste nord-irlandais DUP, dont le soutien est indispensable à Theresa May pour obtenir la majorité absolue au Parlement.

Cette lettre "ne fournit pas les garanties juridiques qui avaient été promises à cette assemblée", a déploré le leader de l'opposition, le travailliste Jeremy Corbyn, qui a raillé de "belles paroles". Sa position a été partagée par les libéraux-démocrates et les nationalistes écossais du SNP.

Le document n'a pas empêché la défection du député conservateur Gareth Johnson, qui a démissionné de sa fonction de "whip" assistant, chargé de faire respecter par les parlementaires la ligne du gouvernement. "J'ai conclu que je ne pouvais pas, en conscience, soutenir la position du gouvernement lorsqu'il est évident que cet accord serait préjudiciable aux intérêts de notre pays", a-t-il expliqué.

- "Prolonger les délais" -

Malgré les menaces de Theresa May, la menace d'un +no deal+ a déjà été contrecarrée la semaine dernière au Parlement, avec l'adoption d'un amendement obligeant l'exécutif à présenter sous trois jours un "plan B" amendable, en cas de rejet de l'accord.

Un autre amendement à une loi budgétaire a également été voté la semaine dernière grâce au soutien de conservateurs europhiles, pour limiter les pouvoirs fiscaux du gouvernement en cas d'absence d'accord.

Ce scénario, redouté par les milieux économiques britanniques, effraie aussi certains dirigeants européens.

"Dans le cas où il n'y aurait pas d'accord, il existe la possibilité de continuer à en chercher un, il est possible aussi de prolonger les délais, de continuer à discuter", a souligné lundi le chef de la diplomatie espagnole, Josep Borrell.

"La vraie +deadline+ (date butoir), ce sont les élections européennes car elles ont été planifiées sans représentation britannique, en partant du principe que quand elles auraient lieu (fin mai: ndlr), le Royaume-Uni ne serait plus là", a-t-il ajouté.

En cas de rejet de l'accord, "ce sera à Londres de formuler des demandes et propositions" à l'Union européenne, a indiqué de son côté la présidence française.

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