Quintuple infanticide : 20 ans de réclusion requis contre Sylvie Horning

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Par AFP - Colmar
Publié le 20 juin 2019 - 12:43
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Une lourde peine de 20 ans de réclusion criminelle a été requise jeudi à l'encontre de Sylvie Horning, jugée depuis mardi aux assises du Haut-Rhin pour avoir tué cinq de ses nouveau-nés et qui s'est dite prête à accepter "toutes les sentences".

"Tous les éléments constitutifs du meurtre sont caractérisés", a estimé l'avocate générale, Melody Barbuti, qui a expliqué ne pas demander la perpétuité en raison de la "réinsertion possible" de cette quinquagénaire, mère de 3 grands enfants et quatre fois grand-mère.

"Je pensais avoir un début d'explication. On devra se contenter de ce qu'on a entendu: une vie compliquée, le fait que ces bébés, elle ne les aime pas, elle les considère comme des choses", a déploré Mme Barbuti, pointant des "refus d'enfants", non des dénis de grossesse.

Sylvie Horning, incarcérée depuis un an et demi à Mulhouse, est restée quasi immobile à l'annonce des réquisitions.

Elle a en revanche beaucoup pleuré en écoutant plaider son avocat, Me Roland Moeglen, qui a souligné l'ancienneté des faits, intervenus entre 1995 et 2003, la dureté de la vie de sa cliente, qui est "avant tout une victime", et a lancé: "Foutez-lui la paix, elle mérite un peu de repos!".

"A cause des dénis de grossesse, l'élément intentionnel est absent", a également insisté Me Moeglen.

Cette thèse du déni de grossesse a fait l'objet d'un débat virulent entre experts, le gynécologue Israël Nisand estimant que toutes ses grossesses avaient donné lieu à des dénis, à des degrés divers, tandis qu'un psychiatre, le Dr Henri Brunner, récusait cette analyse.

Les trois enfants de l'accusée, deux filles qui ont été entendues comme témoins et son fils qui s'est porté partie civile, sont présents dans la salle.

- "Souffrir et faire souffrir" -

"J'accepterai toutes les sentences, 30 ans de prison, je les risque", avait déclaré Mme Horning mercredi, assurant même: "On me dirait +ce soir, tu meurs+, je l'accepterais tout de suite".

"Ce n'était pas des bébés pour moi, c'était des êtres que mon esprit et mon corps n'acceptaient pas", "quelque chose qui grandissait en moi que je n'acceptais pas", avait-elle tenté d'expliquer.

Confrontée par la présidente Marie-Catherine Marchioni à ses déclarations en garde à vue, selon lesquelles les accouchements cachés et l'élimination des bébés, étouffés ou étranglés, étaient "presque devenus une habitude", un processus "facile", Sylvie Horning avait au contraire raconté la peur éprouvée, seule dans la salle de bains de sa maison de Wittelsheim.

En garde à vue, elle avait également raconté avoir entendu gémir les nouveau-nés.

"Au lieu d'éviter de porter la vie, elle a préféré ôter la vie", a pointé Me Marylène Correia, qui représente l'association Enfance Majuscule, soulignant les possibilités de contraception, d'IVG, d'accouchement sous X offertes à cette femme à l'intelligence normale.

"On peut souffrir et faire souffrir, avoir été victime et avoir tué ses enfants", a souligné Me Monique Sultan, avocate de l'association Enfance et Partage, s'adressant directement à l'accusée et prenant acte de son enfance douloureuse, entre une mère "pathogène" et un beau-père qui l'aurait violée.

Outre le délai de 14 ans séparant la découverte des premiers cadavres de bébés et l'interpellation de Sylvie Horning, le caractère hors normes de cette affaire tient à sa chronologie: Sylvie Horning a donné naissance à deux enfants, un garçon et une fille, puis caché trois accouchements, puis elle a eu une fille, et deux autres accouchements ont encore été dissimulés après la naissance de sa benjamine.

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