Récession massive pour l'économie française en 2020, mais moins forte que prévu

Auteur:
 
Par Marie HEUCLIN - Paris (AFP)
Publié le 29 janvier 2021 - 08:30
Image
Des personnes admirent les vitrines de Noël des Galeries Lafayette, le jour de la réouverture des commerces non essentiels, le 28 novembre 2020 à Paris
Crédits
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Des personnes admirent les vitrines de Noël des Galeries Lafayette, le jour de la réouverture des commerces non essentiels, le 28 novembre 2020 à Paris
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

L'économie française a connu une récession historique en 2020, mise à terre par l'épidémie de Covid-19 et l'arrêt forcé de nombreuses activités durant l'année, même si la chute est un peu moins forte que prévu grâce à une résistance surprise au dernier trimestre.

Le produit intérieur brut (PIB) a plongé de 8,3% en 2020, après une croissance de 1,5% en 2019, selon une première estimation publiée vendredi par l'Insee.

C'est un peu mieux que les -9% qu'anticipaient jusqu'ici l'institut et la Banque de France. Et bien moins mauvais que les -11% prévus par le gouvernement, qui jugeait toutefois cette prévision prudente.

"La France a connu un choc économique sans précédent mais elle a montré aussi une vraie capacité de rebond en fin d'année", a réagi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

L'économie a en effet mieux résisté au deuxième confinement de novembre, avec un PIB en recul de 1,3% au quatrième trimestre, quand le consensus des économistes se situait plutôt autour de -4%.

"C'est une surprise, alors qu'on a eu au dernier trimestre six semaines de confinement et trois semaines de couvre-feu", réagit Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes, dans un entretien avec l'AFP.

Et cela tient, selon elle, "d'une part à la résilience de l'investissement privé mais surtout public qui a notamment soutenu la construction, et d'autre part au fait que les écoles sont restées ouvertes".

Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a aussi salué sur Twitter l'"efficacité des aides mises en place" par le gouvernement.

Malgré tout, la France a subi une récession jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale, même si le pays ne fait pas exception, l'épidémie ayant fait dérailler l'ensemble des économies développées.

- "mise sous cloche" -

"L'économie française a connu un choc tout a fait inédit, avec une mise en hibernation d'un certain nombre de secteurs d'activité et la mise sous cloche de la production et de la consommation", résume à l'AFP Emmanuel Jessua, économiste à l'institut Rexecode.

Sur l'ensemble de l'année, la consommation des ménages a ainsi reculé de 7,1%, et la production de 8,6%. L'investissement a lui chuté de 9,8%, mais a progressé au dernier trimestre, quand les exportations ont plongé de 16,7% et les importations de 11,6%, la crise qui ayant fortement perturbé les échanges commerciaux.

Ces chiffres masquent toutefois une année "en accordéon", selon Emmanuel Jessua, avec une économie rythmée par les restrictions sanitaires imposées par le gouvernement.

Le premier confinement a ainsi fait chuter le PIB de 5,9% au premier trimestre, et encore de 13,7% au deuxième. Puis il a rebondi de 18,5% au troisième trimestre (un chiffre légèrement révisé à la baisse par l'Insee) à la faveur du déconfinement, avant la rechute du dernier trimestre.

Ces chiffres globaux cachent aussi le fait que la crise a été très diversement ressentie selon les secteurs d'activité. Certaines branches de l'industrie, ou encore la construction se sont plutôt bien reprises après le premier confinement.

En revanche, l'industrie aéronautique, et les activités reposant sur les interactions sociales, comme l'hébergement-restauration, les loisirs, ou encore les services de transports, ont beaucoup souffert, et souffrent encore de la persistance de l'épidémie.

"Le choc devient de plus en plus concentré", note Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui souligne qu'"au dernier trimestre, la moitié de la perte d'activité se concentre dans des secteurs qui représentent 11% du PIB".

- inquiétudes pour début 2021 -

Pour tenter de contenir les effets de la crise sur les faillites et l'emploi, le gouvernement a déployé un arsenal d'aides de plus de 300 milliards d'euros en 2020.

Cette mobilisation va se poursuivre cette année, a assuré le gouvernement, car malgré l'arrivée des vaccins, l'aggravation de l'épidémie avec des variants menaçants devrait contraindre l'exécutif à durcir les restrictions.

Pour l'économie, "l'enjeu sera l'ouverture ou non des écoles", juge Selin Ozyurt.

"Le premier semestre 2021 sera encore un peu plombé par le durcissement probable des mesures sanitaires", prévoit Emmanuel Jessua, qui estime peu probable que la France atteigne les 6% de croissance prévus par le gouvernement.

"Il y a des motifs d'espoir", nuance toutefois Mathieu Plane, pour qui la fin d'année 2020 montre qu'"il y a un apprentissage très fort de la gestion de la crise sanitaire d'un point de vue économique".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.