Attentat du Drugstore Publicis : la perpétuité pour Carlos

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Par AFP
Publié le 28 mars 2017 - 06:42
Mis à jour le 29 mars 2017 - 02:15
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Croquis d'audience d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, devant la cour d'assises spéciale le 28 no
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Croquis d'audience d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, devant la cour d'assises spéciale le 28 novembre 2014.
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Figure du terrorisme des années 1970-1980, Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, a été de nouveau condamné mardi à la réclusion criminelle à perpétuité, pour l'attentat contre le Drugstore Publicis qui avait fait deux morts et 34 blessés à Paris, en 1974.

Après quatre heures de délibéré, la cour d'assises spéciale de Paris a suivi les réquisitions de l'avocat général qui avait réclamé la veille la peine la plus sévère du droit français contre le Vénézuélien de 67 ans incarcéré en France depuis 1994, estimant que "tous les éléments accumulés durant l'enquête" convergeaient "vers lui".

La défense de Carlos, déjà condamné à deux reprises à la perpétuité, avait plaidé l'acquittement, estimant que rien dans le dossier ne permettait de conclure avec certitude à la culpabilité de l'accusé. Ses avocats ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel.

Le 15 septembre 1974 à Paris, à 17H10, l'explosion d'une grenade lancée par un homme depuis le restaurant en mezzanine du Drugstore vers la galerie marchande en contrebas avait fait deux morts et 34 blessés.

Pour l'accusation, cet attentat visait à faciliter la libération d'un Japonais arrêté à Orly, membre de l'Armée rouge révolutionnaire (ARR) dont un commando venait, pour les mêmes raisons, de prendre en otages des membres de l'ambassade de France à La Haye. L'ARR était proche d'un mouvement palestinien auquel appartenait Carlos.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, Carlos avait appelé les juges "à prendre la seule décision correcte".

Dans une intervention d'une demi-heure, loin des discours fleuves de ses derniers procès, le Vénézuélien avait pointé "l'absurdité d'un procès jugé 43 ans après les faits". Il avait également dénoncé "un sabotage" de l'enquête par ceux qu'il dénonce comme des tenants de "l'anti-France".

- "Jamais d'impunité" -

"Les victimes qui se battaient dans une solitude extrême depuis quarante ans ont aujourd'hui obtenu justice", s'est félicité Georges Holleaux, avocat qui représentait les deux épouses des hommes tués dans l'attentat et 18 blessés. "Le verdict rendu aujourd'hui est la preuve qu'il n'y a nulle part, jamais d'impunité à partir du moment où l'on se bat. Que les auteurs de crimes terroristes le sachent, désormais les victimes n'abandonneront jamais."

"L'accusation a voulu ce procès alors que la prescription était acquise. Carlos a été jugé dans un cimetière de témoins", a commenté son avocat Me Francis Vuillemin. Pour lui, "la vérité médiatique véhiculée depuis 43 ans a imprégné l'esprit des juges", qui "n'ont pas osé acquitter Carlos".

Dans les motivations de son arrêt, la cour a retenu contre l'accusé la co-organisation de la prise d'otages de La Haye exécutée par le commando de l'Armée rouge japonaise.

Elle a également estimé que le lien entre cette prise d'otages et l'attentat contre le Drugstore était établi par la revendication de cette action rapportée par le Figaro et par l'utilisation d'une grenade provenant, comme celles abandonnées par les auteurs de la prise d'otages, d'un stock dérobé sur une base américaine en Allemagne.

Quant à l'implication directe de Carlos dans l'attentat du Drugstore, la cour a jugé qu'elle résultait de la découverte d'une grenade identique au domicile de sa petite amie, "auquel il était le seul de son groupe à avoir accès", et des témoignages à charge de cette dernière et de son ancien compagnon d'armes, Hans-Joachim Klein, des cellules révolutionnaires allemandes (RZ).

Les juges ont enfin jugé crédible la revendication de l'attentat par l'accusé lui-même dans une interview au journal El Watan Al Arabi. L'intéressé a affirmé n'avoir jamais accordé cet entretien.

Carlos avait déjà été condamné à la perpétuité pour le meurtre de trois hommes, dont deux policiers en 1975 à Paris, et pour quatre attentats à l'explosif qui avaient fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983, dans la capitale, à Marseille et dans deux trains.

Avant le verdict, il avait de nouveau invoqué mardi les "règles" de la "résistance palestinienne": "On ne balance pas et on ne coopère pas avec une justice qu'on ne reconnaît pas."

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