Disparition de Sophie Le Tan : face au juge, Jean-Marc Reiser continue à nier

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Par François D'ASTIER - Strasbourg (AFP)
Publié le 05 octobre 2018 - 12:45
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Photo prise le 20 septembre 2018 montrant des messages et des portraits de l'étudiante Sophie Le Tan disparue le 7 septembre près de Strasbourg
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© FREDERICK FLORIN / AFP
Jean-Marc Reiser est entendu pour la première fois vendredi matin sur le fond de l'affaire par un juge d'instruction.
© FREDERICK FLORIN / AFP

Jean-Marc Reiser, mis en examen pour assassinat après la disparition de Sophie Le Tan, une étudiante de 20 ans, a répondu vendredi aux questions du juge d'instruction de Strasbourg devant qui il a maintenu n'être aucunement impliqué dans cette affaire, lors de sa première audition sur le fond.

"C'était une journée très longue, très éprouvante (...) Il y a forcément des nouveautés, mais il y a des choses qui restent les mêmes, y compris dans les positions de M. Reiser: il n'a rien à voir de près ou de loin dans la disparition de Mme Le Tan", a expliqué Pierre Giuriato, l'un des deux avocats qui ont assisté le suspect, à l'issue d'une audition qui a duré un peu plus de six heures.

"L'interrogatoire a été très long, il a débuté vers 09h30. Jean-Marc Reiser a répondu à toutes les questions, il n'en a éludé aucune", a déclaré Francis Metzger, son deuxième conseil.

L'homme de 58 ans s'est justifié sur la présence de traces d'ADN appartenant à la victime retrouvées dans son appartement, dans la banlieue de Strasbourg. "Il les justifie d'une certaine manière", a détaillé Me Giuriato. "Il a une version des faits cohérente, qui est en opposition avec certains éléments qui découlent du dossier".

Selon les deux avocats, l'interrogatoire s'est déroulé dans une atmosphère apaisée et sereine, "plus cordiale" que lors de la garde à vue de Jean-Marc Reiser, où il s'était muré dans le silence.

- "Trouver la vérité" -

Détenu à la maison d'arrêt locale, le suspect de 58 ans, est arrivé au tribunal à 08H30 avant de rejoindre peu après le cabinet de la juge d'instruction, Eliette Roux.

Sous les fenêtres du tribunal, une trentaine de personnes, anonymes et proches de Sophie Le Tan, ont pris part dans la matinée à un "rassemblement citoyen", après l'organisation ces dernières semaines de plusieurs "battues citoyennes" dans la région de Strasbourg ainsi que d'une marche solidaire.

Certaines arboraient des banderoles demandant la "vérité pour Sophie" et des t-shirts blancs barrés de l'inscription: "On lâche rien".

Egalement présent, le père de Sophie Le Tan, Tri Le Tan, a fait lire un message par un interprète: "Nous espérons que la lumière soit faite et que le coupable soit puni. Nous appelons les personnes responsables et les personnes qui aiment la justice à faire en sorte que ce drame soit bien élucidé. Nous aimerions trouver la vérité puisque depuis un mois, le silence est presque total".

- "Important d'être là" -

"C'est important d'être là pour soutenir la famille, ce sont des gens discrets. On essaye d'être proche et de les soutenir. On attend que le suspect se mette à parler", a expliqué Thai An, un ami de Sophie, "une fille joyeuse, qui aimait sa famille".

Sophie Le Tan n'a plus donné signe de vie depuis le 7 septembre. Elle devait visiter ce jour-là un appartement à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg.

Une semaine plus tard, le 15 septembre, les enquêteurs avaient arrêté Jean-Marc Reiser, 58 ans, à qui ils se sont intéressés grâce à des données téléphoniques. Chez lui, ils ont retrouvé des traces de sang laissées malgré un nettoyage récent. Dans ces traces, ils ont mis en évidence un ADN correspondant à celui de Sophie Le Tan.

Deux jours plus tard, Jean-Marc Reiser avait été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration.

L'homme, au lourd passé judiciaire, avait notamment été condamné en 2001 par la cour d'assises du Doubs à 15 ans de réclusion pour des viols commis en 1995 et 1996, peine confirmée ensuite par la cour d'assises d'appel de Côte-d'Or en 2003.

Jean-Marc Reiser avait aussi été acquitté en 2001 par la cour d'assises du Bas-Rhin dans une autre affaire, la disparition d'une jeune femme de 23 ans, en 1987, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Le dernier client à qui cette représentante de commerce avait rendu visite était Jean-Marc Reiser.

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