La première "salle de shoot" de France inaugurée dans l'hôpital Lariboisière à Paris

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 octobre 2016 - 10:44
Image
Une seringue.
Crédits
©Flickr Creative Commons
Le matériel stérile et sécurisé sera fourni aux toxicomanes.
©Flickr Creative Commons
Le premier lieu où des usagers de drogues injectables pourront consommer dans un espace sécurisé et médicalisé est inauguré mardi à Paris, et recevra les premiers toxicomanes vendredi. Le projet est loin de faire l'unanimité.

La ministre de la Santé Marisol Touraine et la maire de Paris Anne Hidalgo visitent mardi la première "salle de shoot" en France, un projet controversé, qui ouvrira ses portes vendredi 14 à l'hôpital Lariboisière (Xe arrondissement).

Cette "salle de consommation de drogue à moindre risque" (SCMR), selon l'appellation exacte, est une première en France où l'expérimentation est très attendue par les associations de lutte contre la toxicomanie.

La salle, qui sera visitée par la maire et la ministre en petit comité, accueillera vendredi après-midi ses premiers usagers, sans autre publicité.

Avec le lancement de cette expérimentation, la France rejoint les nombreux pays (Allemagne, Australie, Canada, Espagne, Danemark, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Suisse) où de tels espaces ont fait la preuve de leur efficacité ces dernières années.

Ouverte de 13h30 à 20h30 chaque jour et aménagée sur 450 m2 dans l'enceinte même de l'hôpital avec une entrée séparée, la salle comprend un accueil, une salle d'attente et une salle de consommation.

Elle pourra accueillir chaque jour une centaine de personnes, obligatoirement majeures. Une vingtaine de médecins, infirmiers, éducateurs, assistants sociaux et agents de sécurité seront à leur disposition.

L'ouverture de cette salle, dans le cadre d'une expérimentation de six ans, est permise par la loi santé adoptée en décembre dernier par le Parlement.

Ces salles sont réservées aux toxicomanes majeurs qui s'injectent des produits qu'ils apportent eux-mêmes, sous la supervision de personnes qualifiées, avec du matériel stérile.

Strasbourg a également annoncé l'ouverture prochaine d'une SCMR au sein du Nouvel Hôpital civil et Bordeaux est également candidate.

La salle parisienne sera dirigée par l'association Gaia Paris, implantée sur la capitale depuis plus de 10 ans et gérant déjà deux programmes à destination des toxicomanes, échanges de seringues ou centre de soins et d'accueil dans un minibus.

Le quartier de la gare du Nord, derrière laquelle se trouve Lariboisière, est le quartier le plus touché de Paris par la consommation de drogue. Dès 1995, des distributeurs de seringues y ont été implantés.

Le Conseil de Paris a voté en mars dernier l'attribution d'une subvention de 850.000 euros pour ouvrir cette salle. Son fonctionnement sera en revanche assuré par la Sécurité Sociale.

Ces salles, demandées depuis des années en France par les associations et une partie du corps médical, sont très contestées par d'autres spécialistes qui les jugent contre-productives ou des riverains qui craignent des troubles de voisinage.

L'initiative parisienne est également critiquée à droite. Lundi, lors du point de presse hebdomadaire du parti Les Républicains, une des porte-parole, Brigitte Kuster, a pointé "le risque d'un encouragement de la présence des dealers".

Un autre porte-parole, Philippe Juvin, médecin anesthésiste, a affirmé qu'il y a en France "un système très organisé de substitution" avec un médicament comme le Subutex. "Nous n'attendons aucun effet bénéfique d'une salle de shoot", a-t-il ajouté.

Dimanche 9 sur France Inter, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate LR à la primaire de la droite, s'était prononcée "contre". "Dans la salle de shoot, il n'y a pas de thérapies. Ce qui est proposé, c'est d'avoir une amélioration sanitaire" mais "pas d'accompagnement pour pouvoir s'en sortir", avait ajouté l'élue parisienne.

 

À LIRE AUSSI

Image
Un kit stérile dans une salle de shoot en Grèce.
La mairie de Paris vote le financement d'une "salle de shoot" à l'hôpital Lariboisière
Le Conseil de Paris a voté ce mardi l'attribution d'une subvention de 850.000 euros qui permettra d'ouvrir à l'automne à l'hôpital Lariboisière (Xe arrondissement) la ...
29 mars 2016 - 22:32
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.