Marseille : blessé à 11 ans dans une fusillade, un jeune homme témoigne aux assises
"Je ne suis pas capable de dire: sûr et certain, c’est eux": Lenny, victime à 11 ans de tirs de kalachnikov dans une cité marseillaise, a témoigné ce mardi 4 aux assises des Bouches-du-Rhône où sont jugés les redoutés frères Bengler. Six ans après les faits, Lenny, en survêtement blanc et bleu marine, porte encore les stigmates de la tentative d'assassinat dont il a été victime: son cou est barré d'une large cicatrice et son visage légèrement déformé.
Ce 19 novembre 2010, une équipe de malfaiteurs avait déboulé à bord de deux voitures dans la Cité du Clos la Rose. Les tueurs avaient abattu à l'arme de guerre un guetteur de 16 ans, Jean-Michel Gomez, puis, dans un deuxième temps, ouvert le feu sur l'enfant. Ce règlement de comptes avait soulevé une vive émotion et braqué les projecteurs sur les quartiers nord de Marseille. Six ans après, François et Nicolas Bengler, considérés comme les dirigeants d'une violente bande de trafiquants, les "Gitans", sont jugés, aux côtés de deux de leurs lieutenants présumés, pour cet assassinat.
Le jeune homme, touché en 2011 en bas de l'immeuble de sa sœur à qui il rendait visite, pense-t-il avoir été délibérément visé? "J’avais onze ans! Il n’y avait aucune raison. Je pense qu’ils voulaient tuer n’importe quel jeune du quartier", a-t-il déclaré mardi. Son témoignage était une pièce maîtresse de l'accusation, dans un dossier qui souffre de l'absence de preuves matérielles. Lors de l'instruction, ses déclarations s'étaient faites de plus en plus précises, jusqu'à reconnaître, un an après les faits, les deux accusés lors d'un tapissage derrière une glace sans tain.
A la barre de la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, Lenny n'a pas confirmé formellement avoir reconnu les accusés et, sans se dédire, s'est fait moins certain. "Je n’ai jamais été formel, je ne veux pas viser des gens pour rien alors que je ne me souviens même pas de ce que j’ai mangé hier soir", a-t-il expliqué. Le jeune garçon a évoqué "le temps passé", "les trous de mémoire": "Non, je n’ai pas essayé d’oublier, c’est parti tout seul".
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