Procès Neyret : l'ancien policier reconnaît avoir fait fausse route dans la gestion de ses "indics"

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 mai 2016 - 12:42
Image
Michel Neyret.
Crédits
©Jean-Philippe Ksiazek/AFP
Michel Neyret, a reconnu mardi 3 avoir fait fausse route dans la gestion de ses "indics".
©Jean-Philippe Ksiazek/AFP
Dans le cadre d'une affaire de corruption présumée, l'ex-numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, comparaît depuis lundi à Paris en correctionnelle aux côtés de huit autres prévenus. Il a admis s'être fait "manipuler" par un de ses "indics".

"Je me suis laissé manipuler": l'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, a reconnu mardi 3 avoir fait fausse route dans la gestion de ses "indics", au deuxième jour de son procès pour "corruption", mais il a nié avoir été rétribué en retour.

"Je me suis un peu laissé manipuler, c'est dur à admettre de ma part. Je pensais maîtriser une situation qui m'a échappé, je n'ai pas fait preuve de la prudence nécessaire", a lâché l'ancien "grand flic".

Michel Neyret comparaît depuis lundi en correctionnelle à Paris avec six autres prévenus: la justice lui reproche d'avoir renseigné des membres présumés du milieu lyonnais en échange d'avantages et d'avoir prélevé sa dîme sur des saisies de stupéfiants.

Le tribunal s'est penché mardi sur les nombreuses interventions du policier en faveur de ses " indics". Elles consistaient dans la fourniture d'informations confidentielles sur des affaires ou des personnes fichées, à ralentir ou effacer des procédures, éviter une incarcération ou favoriser le déplacement à l'étranger d'un suspect.

Lorsque le fils d'un de ses "cousins" (ou informateurs, en jargon policier), Michel Zaragoza, est interpellé dans une boîte avec un gramme de cocaïne, Neyret intervient. "Quand je mets cela en balance avec les centaines de kilos que son père m'a permis de saisir...", fait valoir l'ex-policier.

Mais la procédure a disparu et votre interlocuteur laisse entendre qu'il l'a mise "à la poubelle", lui fait remarquer le président. "Je n'ai pas demandé de la détruire", rétorque Neyret, qui justifie: "Quand un informateur prend des risques, il va vous demander des services qui vont façonner une relation de confiance. Et là, il s'agissait d'une infraction mineure". "Mais ce n'est pas à vous à fixer les limites de ce qui est grave ou pas", reprend la procureure. "Je n'ai jamais eu la volonté de shunter (court-circuiter, ndlr) l'autorité judiciaire", plaide Neyret.

L'ancien patron de la prestigieuse brigade antigang lyonnaise reconnaît cependant certains errements. Au centre de son mea culpa, ses relations avec Gilles Benichou, un escroc condamné pour fraude fiscale, extorsions et séquestration, dont Neyret avait fait l'un de ses contacts privilégiés.

L'homme, inscrit comme informateur, avait été "blacklisté" par son agent traitant, en raison de son manque de fiabilité et de ses motivations "sans rapport avec l'intérêt du service". Mais Michel Neyret, qui avait connu son frère Albert, s'est rapproché de lui en 2010, le dépeignant comme un informateur et ami.

A l'origine de la procédure, Benichou avait assuré à un interlocuteur sur écoute qu'il pouvait lui venir en aide grâce à un ponte de la police, "un joker" qui "ne peut rien (lui) refuser": Michel Neyret lui-même.

Benichou a également joué les intermédiaires entre Neyret et les prévenus Stéphane Alzraa et Cyril Astruc, soupçonnés d'avoir constitué avec lui "un pacte de corruption" pour obtenir des avantages du policier.

Interrogé sur le passé de Gilles Benichou, l'ancien policier a expliqué qu'il pensait le "maîtriser de meilleure manière". "Mais l'histoire a montré que je me suis trompé". "Gilles Benichou utilisait un peu trop mon nom, ça aurait dû être une alerte pour moi", a concédé l'ex-commissaire. "Je regrette qu'il ne soit pas présent à l'audience pour raconter notre relation".

Renvoyé en correctionnelle, Gilles Benichou ne s'est pas présenté lundi à l'audience. Son cousin Stéphane Alzraa est également en fuite. Mais s'il reconnaît des erreurs, Neyret conteste toute malhonnêteté.

Ainsi quand le président du tribunal évoque une conversation sur écoute entre Stéphane Alzraa et son avocat, qui le mettait en garde contre le policier. Neyret "perdrait financièrement (à agir contre moi, ndlr)", avait répondu à son avocat cet "indic", soupçonné par la justice d'avoir arrosé le commissaire de cadeaux. A l'évocation de cet échange, l'ex-star de la police s'emporte, défendant son honneur: "Je suis atterré quand je lis cette conversation". Et d'ajouter: "C'est une hérésie, une insulte".

 

 

À LIRE AUSSI

Image
Michel Neyret.
Procès de Michel Neyret : "je me suis un peu laissé manipuler"
Dans le cadre d'une affaire de corruption présumée, l'ex-numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, comparaît depuis lundi à Paris en correctionnelle aux côtés de huit ...
03 mai 2016 - 18:00
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.