Inceste : une campagne publicitaire pour alerter le grand public

Auteur(s)
Lauriane Bernard, France-Soir
Publié le 18 septembre 2023 - 17:15
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campagne choc
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Capture d'écran par photographie
"Toutes les 3 minutes, 1 enfant est victime d’inceste, viol, ou d’agression sexuelle en France."
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PROTECTION DE L'ENFANCE - Mardi 12 septembre, le gouvernement lance une campagne de communication contre les violences sexuelles faites aux enfants. L’exécutif veut sensibiliser le grand public via la diffusion d’un clip et rappelle qu’il faut composer le 119 pour signaler toute violence faite aux plus jeunes. Oui, mais va-t-on enfin croire les enfants qui osent parler ? Et ne plus inquiéter les professionnels qui dénoncent ?  

Chaque année, ce sont 160.000 enfants qui subissent des violences sexuelles en France, filles comme garçons, de tout âge et de tout milieu social confondu.   

"Toutes les 3 minutes, 1 enfant est victime d’inceste, de viol, ou d’agression sexuelle en France" 

Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’Enfance, a dévoilé le clip sur son compte Twitter mardi dernier.  

"Il m’a dit, c’est notre petit secret, rien qu’à nous deux", commence le spot, et souligne que trop de jeunes victimes se murent dans le silence après avoir été agressées. Pour les aider, la vidéo recommande de composer le 119 "au moindre doute". Le numéro 119 est un service dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger. La ligne est disponible 24h sur 24, tous les jours de l’année, l’appel gratuit et le numéro n’est pas visible sur les factures de téléphone.  

La petite vidéo de 30 secondes, qui entend briser le tabou sur les agressions sexuelles sur mineurs – et surtout de l’inceste - se termine sur un constat alarmant : "Toutes les 3 minutes, 1 enfant est victime d’inceste, viol, ou d’agression sexuelle en France". Sa diffusion sera-t-elle suffisante pour faire évoluer les mentalités quant à l’écoute des enfants et des professionnels qui rapportent ces faits ?  

Après avoir sensibilisé, il faut croire les enfants  

Nous avons recueilli nombre de témoignages chez France-Soir qui montrent à quel point la parole de l’enfant victime d’agression sexuelle n’est pas prise au sérieux. Sous prétexte qu’un enfant pourrait mentir, l’institution judicaire fait le choix du pire : elle écarte le sacrosaint principe de précaution au bénéfice du potentiel agresseur, et choisit de ne pas mettre l’enfant à l’abri le temps de l’enquête.  

C’est le cas des trois enfants d’Hanna Dam Stokholm, dont le juge a confié la garde à leur père pourtant soupçonné d’inceste et de violences. Ou encore celui de Sarah Kadi, qui a porté plainte contre son ex-compagnon, suite aux révélations de leur fille qui concernaient des faits d’inceste, et que la justice n’a pas crue pendant quatre ans. Sans oublier la petite fille d’Aline, âgée de 5 ans, qu’un juge a récemment placée chez son père alors qu’une plainte pour agression sexuelle a été déposée, mais qui clame son innocence. À quoi bon dénoncer si on n’est pas entendu ? 

Sur l’application du principe de précaution dans les cas d’inceste, les propos tenus par la Secrétaire d’État chargée de l’Enfance ne rassurent pas. Charlotte Caubel confie au Parisien que le traitement des parents "est un sujet complexe, car il faut être équilibré entre la présomption d’innocence et la mise en sécurité des enfants. On y travaille, notamment à mieux recueillir la parole de l’enfant et aussi à retirer l’autorité parentale à certains moments de l’enquête, si on le juge nécessaire".   

Sans oublier qu’à l’heure actuelle, les professionnels de santé sont également inquiétés par l’ordre des médecins lorsqu’ils dénoncent des faits d’inceste et d’agressions sexuelles sur mineurs. Les pédopsychiatres Françoise Fericelli, et Eugénie Izard, que nous avons rencontrées, en ont fait les frais. Espérons que cette nouvelle campagne de sensibilisation aide donc à faire bouger les lignes.

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