Trump sous pression, son ex-directeur de campagne va collaborer à l'enquête russe

Auteur:
 
Par Charlotte PLANTIVE - Washington (AFP)
Publié le 14 septembre 2018 - 23:19
Image
Paul Manafort, le 15 juin 2018 à Washington
Crédits
© MANDEL NGAN / AFP/Archives
Paul Manafort, le 15 juin 2018 à Washington
© MANDEL NGAN / AFP/Archives

L'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a accepté vendredi, dans un revirement inattendu, de coopérer dans l'enquête russe, faisant encore monter d'un cran la pression sur la Maison Blanche.

S'il y a eu collusion entre Moscou et l'équipe du candidat républicain pendant la campagne présidentielle de 2016, l'ancien lobbyiste qui l'a dirigée pendant cinq mois et qui avait auparavant travaillé pour des Ukrainiens pro-russes, a toutes les chances d'avoir été au courant.

Poursuivi pour des activités frauduleuses antérieures à la campagne, Paul Manafort, 69 ans, a accepté vendredi un accord avec l'équipe du procureur spécial Robert Mueller chargée de l'enquête russe, la bête noire de Donald Trump qui l'accuse de mener une injuste "chasse aux sorcières".

M. Manafort a accepté de plaider coupable d'association de malfaiteurs contre les Etats-Unis et d'obstruction à la justice, dans l'espoir d'une peine amoindrie. Mais surtout, il a accepté de coopérer à l'enquête, ce qu'il s'était toujours refusé à faire.

Preuve d'une certaine nervosité, la Maison Blanche s'est empressée d'assurer que sa décision concernait des faits n'ayant "absolument rien à voir avec le président ou sa campagne présidentielle victorieuse de 2016".

"Il n'y a absolument aucun lien", a martelé Sarah Sanders, porte-parole de l'exécutif.

Paul Manafort est en effet mis en cause pour des faits antérieurs à 2014, le procureur spécial ayant autorité pour poursuivre tout délit découvert pendant ses investigations.

L'ancien consultant a reconnu vendredi avoir dissimulé aux autorités et au fisc ses activités de conseil en faveur de l'ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, puis d'avoir tenté de corrompre des témoins.

Il a été reconnu coupable de fraude bancaire et fiscale en lien avec ces activités, dans un premier procès en août en Virginie. Il attend le prononcé de sa sentence.

En plaidant coupable, il s'évite un nouveau procès embarrassant. Il a pris cette décision pour "protéger sa famille", a commenté son avocat Kevin Downing à l'issue de l'audience à Washington.

- Bosquet en forme de M -

Dans le tribunal, Paul Manafort a affiché une mine impassible, se contentant de répondre par l'affirmative ou la négative aux questions de procédure de la juge Amy Berman Jackson.

Son visage s'est toutefois allongé quand celle-ci a énuméré les propriétés qui allaient être saisies dans le cadre de son accord de plaider-coupable, notamment une villa avec piscine, tennis et terrain de golf sur l'île de Long Island.

Connu pour ses goûts de luxe --il a un jour déboursé 15.000 dollars pour une veste en peau d'autruche et a fait tailler un bosquet en forme de M--, Paul Manafort a perdu de sa superbe depuis qu'il est en prison. Il a été arrêté en juin, après avoir tenté de contacter des témoins.

Selon l'accord, il va rester détenu jusqu'à ce que la juge Jackson fixe sa peine, qui pourrait aller jusqu'à 10 ans de prison.

En attendant, dans quelle mesure va-t-il aider les enquêteurs?

"S'il coopère pleinement, il pourrait fournir des informations importantes", a relevé le représentant démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignement, en saluant une "victoire importante" pour le procureur Mueller.

"Il était impliqué ou avait connaissance des principaux développements dans la campagne de Trump, notamment la rencontre à la Trump Tower lors de laquelle l'équipe pensait recevoir des informations compromettantes sur Hillary Clinton", a-t-il rappelé.

Cette réunion entre plusieurs membres de l'équipe de campagne, dont le fils aîné de Donald Trump et son gendre Jared Kushner, avec une avocate russe est au coeur de l'enquête de Robert Mueller.

Celui-ci a lancé à ce stade des poursuites à l'encontre d'une trentaine d'individus, dont une majorité de Russes. Paul Manafort était jusque-là le seul Américain à refuser de plaider coupable. Certains commentateurs en avaient conclu qu'il espérait une grâce présidentielle.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.