Un détenu de Fleury-Mérogis lié à l'attentat de Nice se suicide

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Par AFP - Évry
Publié le 12 juin 2018 - 12:25
Mis à jour le 13 juin 2018 - 00:24
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Poster sur les risques de suicide dans la prison de Fleury Mérogis, en date du 14 décembre 2017
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© Philippe LOPEZ / AFP/Archives
Poster sur les risques de suicide dans la prison de Fleury Mérogis, en date du 14 décembre 2017
© Philippe LOPEZ / AFP/Archives

Un détenu albanais soupçonné d'avoir fourni indirectement des armes à l'auteur de l'attentat de Nice s'est suicidé vendredi à Fleury-Mérogis (Essonne), un acte qui ponctue une recrudescence inhabituelle des suicides dans la plus grande prison d'Europe ces derniers mois.

Aleksander Hasalla "a été retrouvé pendu avec un lacet dans sa cellule", a expliqué le parquet d'Evry, confirmant une information de Libération. Il était incarcéré depuis décembre 2016 et sa détention provisoire, "venait d'être prolongée début juin". Le parquet a ouvert une enquête sur les circonstances de sa mort.

La mise en examen de cet Albanais de 38 ans dans une affaire terroriste entraînait automatiquement son placement seul en cellule, selon l'administration pénitentiaire.

"Tous les détenus pour terrorisme sont traités de la même manière: encellulement individuel, pas d'accès au travail ou aux activités. Il supportait très mal son incarcération", a raconté son avocate, Olivia Ronen. "Il y avait des signes avant-coureurs" de ce suicide, selon elle.

Délinquant avec des attaches en France et en Italie, il était soupçonné d'avoir joué un rôle périphérique dans l'attentat de Nice, au cours duquel le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel a tué 86 personnes et en a blessé 450 autres au volant d'un camion, le 14 juillet 2016.

Aleksander Hasalla était notamment connu pour des faits de vols aggravés et n'avait pas de lien démontré avec la mouvance terroriste, selon des sources proches du dossier. Il était accusé d'avoir fourni un pistolet automatique et une kalashnikov à un couple d'Albanais, qui les avaient eux-mêmes vendus à un proche de Mohamed Lahouaiej Bouhlel.

"Toute la question est de savoir s'il avait conscience de donner ça à un terroriste, ce qui n'était pas encore franchement établi", a rappelé un enquêteur.

Pour ces faits, il était mis en examen pour complicité d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et pour infraction à la législation sur les armes en lien avec une entreprise terroriste. Selon une source proche de l'affaire, la qualification terroriste de son dossier était sur le point d'être abandonnée.

"Il s'est retrouvé face au rouleau compresseur de la justice, seul en cellule à ruminer une qualification qu'il ne comprenait pas", a regretté son avocate. Selon elle, "l'institution judiciaire a entendu sans les prendre en compte les appels de détresse qu'il a exprimés avec force devant les magistrats".

Il s'agit du deuxième détenu incarcéré pour des faits de terrorisme qui met fin à ses jours en détention. En 2015, Yassin Salhi, lui aussi incarcéré à Fleury-Mérogis après avoir décapité son patron et attaqué un site gazier en Isère, s'était suicidé.

Le suicide d'Aleksander Hasalla intervient dans un contexte délicat à Fleury-Mérogis. Depuis début 2018, huit détenus s'y sont suicidés, soit autant que lors des deux années précédentes, selon le parquet.

"On est face à un effet boule de neige qui n'est pas simple à gérer", confie une source pénitentiaire. Selon elle, Hasalla bénéficiait d'un suivi psychiatrique en détention.

"M. Hasalla a développé une dépression en prison. L'administration pénitentiaire n'a pas su réagir, alors que ce n'est ni anodin, ni inhabituel", a réagi son avocate. Pour elle, "la vague de suicides en cours montre un dysfonctionnement à Fleury-Mérogis".

rfo-mch-bl-clr-pt/blb/cam

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