Venezuela : l'opposant Guaido accuse Maduro de "démanteler" le Parlement

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Par Andrea TOSTA et Diego URDANETA - Caracas (AFP)
Publié le 09 mai 2019 - 22:27
Mis à jour le 10 mai 2019 - 09:26
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Le chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido donne une conférence de presse à Caracas, le 9 mai 2019
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© RONALDO SCHEMIDT / AFP
Le chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido donne une conférence de presse à Caracas, le 9 mai 2019
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Son bras droit détenu par les services de renseignement après une arrestation rocambolesque, trois députés de son camp réfugiés dans des ambassades: l'opposant vénézuélien Juan Guaido a dénoncé jeudi le "démantèlement" du Parlement auquel se livre selon lui le pouvoir après le soulèvement militaire manqué du 30 avril.

"S'il y a un coup d'Etat au Venezuela, il est là: le démantèlement du Parlement", a déclaré M. Guaido lors d'une conférence de presse, dénonçant le "terrorisme d'Etat" du président "usurpateur" Nicolas Maduro.

Au cours des dernières 24 heures, le chef de l'Etat semble avoir repris l'initiative, un peu plus d'une semaine après l'appel au soulèvement lancé par Juan Guaido.

Mercredi soir, le pouvoir s'en est directement pris à Edgar Zambrano, le vice-président de l'Assemblée nationale, qu'il accuse d'avoir soutenu la tentative de rébellion.

Son arrestation dans le centre de Caracas a réuni tous les ingrédients d'un film d'action. Tous gyrophares dehors, une nuée de voitures du Sebin, les services de renseignement, a fondu sur lui. En sont sortis des policiers vêtus de noir et cagoulés. Mais le parlementaire a refusé pendant de longues minutes de descendre de la voiture dans laquelle il s'était réfugié.

Un camion-grue a fini par le remorquer vers le siège du Sebin.

Près de 24 heures après son arrestation, son avocate Lilia Camejo a dit, lors d'une conférence de presse organisée devant ce bâtiment, ne pas avoir encore pu lui parler.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qualifiant cette arrestation d'"arbitraire", a renouvelé jeudi les appels américains à la "libération immédiate" de M. Zambrano.

"Cet assaut sur l'Assemblée nationale devrait faire prendre conscience à la région et au monde entier que la dictature ne s'intéresse pas à des solutions constitutionnelles aux problèmes du peuple vénézuélien", a-t-il ajouté.

Edgar Zambrano fait partie des dix parlementaires inculpés par la justice vénézuélienne pour leur soutien au soulèvement manqué du 30 avril. Ils sont notamment accusés de haute trahison et de conspiration.

L'Assemblée constituante, composée uniquement de partisans du président socialiste, a levé leur immunité.

Après l'arrestation de M. Zambrano, Richard Blanco, l'un de ces députés, a annoncé jeudi avoir trouvé refuge dans la résidence de l'ambassadeur d'Argentine.

"Je suis venu passer la nuit ici car ma vie était en danger", a assuré M. Blanco à la chaîne VPI, affirmant qu'il compter rester là "de façon provisoire" et qu'il n'allait pas demander l'asile en Argentine.

Mariela Magallanes, une autre députée d'opposition inculpée par la justice, s'est, elle, réfugiée dans la résidence de l'ambassadeur d'Italie. En début de soirée, son collègue député Americo de Grazia a annoncé sur Twitter qu'il l'avait rejointe dans cette même résidence.

-Appel à de nouvelles manifestations-

Dans la foulée du soulèvement raté du 30 avril, Leopoldo Lopez, une des figures de l'opposition, qui était assigné à résidence depuis 2017 et était apparu aux côtés de M. Guaido, s'était pour sa part réfugié dans l'ambassade d'Espagne.

L'ex-chef du renseignement vénézuélien Christopher Figuera, qui a quitté la semaine dernière le camp de M. Maduro et a vu, de ce fait, les sanctions américaines à son encontre levées, a quant à lui pris jeudi la parole pour la première fois en public.

"Peuple de Venezuela, j'ai tout sacrifié", a-t-il lancé dans une vidéo diffusée sur Twitter par la chaîne NTN24. "Ceux qui me connaissent savent combien je lutte de manière frontale contre la corruption et les injustices."

"Nous n'allons pas nous arrêter, nous allons continuer à manifester. Ce processus ne prendra fin qu'avec l'avènement de la liberté au Venezuela", a réagi jeudi Juan Guaido lors de sa conférence de presse, appelant à de nouvelles manifestations samedi.

Dans un quartier de l'est de Caracas favorable à l'opposition, Doris Anzola, 61 ans, estime que la pression qu'exerce le pouvoir chaviste sur l'opposition "ne vas pas s'arrêter."

"Ils vont y aller petit à petit jusqu'à atteindre leur objectif : Juan Guaido. Ils vont essayer de l'attraper", a-t-elle estimé.

Président autoproclamé, Juan Guaido est reconnu par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.

L'UE réclame elle aussi la "libération immédiate" d'Edgar Zambrano, a déclaré la porte-parole pour les affaires étrangères de l'Union européenne, Maja Kocijancic.

L'Assemblée constituante avait levé en avril l'immunité de Juan Guaido, considérant qu'il "usurpe" la fonction présidentielle.

L'opposant et ses partisans ont, eux aussi, recours au terme d'"usurpateur" pour qualifier Nicolas Maduro, dont ils estiment qu'il doit son maintien au pouvoir à l'élection présidentielle "frauduleuse" tenue l'an dernier.

La crise politique au Venezuela se double de la pire crise économique de l'histoire récente de ce pays qui dispose pourtant des plus grandes réserves de pétrole au monde.

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