Des peines de 20 à 30 ans de prison requises contre trois présumés jihadistes

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Par Alain JEAN-ROBERT - Paris (AFP)
Publié le 15 février 2021 - 22:03
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Des peines de 20 à 30 ans de réclusion criminelle requises devant la cour d'assises spéciale de Paris à l'encontre de trois présumés jihadistes soupçonnés d'avoir projeté un attentat à Paris en décemb
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© Damien MEYER / AFP/Archives
Des peines de 20 à 30 ans de réclusion criminelle requises devant la cour d'assises spéciale de Paris à l'encontre de trois présumés jihadistes soupçonnés d'avoir projeté un attent
© Damien MEYER / AFP/Archives

Des peines de 20 à 30 ans de réclusion criminelle ont été requises lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris à l'encontre de trois présumés jihadistes soupçonnés d'avoir projeté un attentat à Paris en décembre 2016.

"Ces trois hommes avaient été missionnés pour être des opérationnels de l'Etat islamique... Des hommes de confiance... De toute évidence l'opération (qu'ils préparaient) était imminente", ont affirmé les avocats généraux du Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un réquisitoire qui a duré plus de quatre heures.

Les représentants du Pnat ont réclamé respectivement 20 et 22 ans de réclusion à l'encontre de deux Strasbourgeois, Hicham Makran et Yassine Bousseria, tous deux âgés de 41 ans, et la peine maximum de 30 ans de réclusion contre le Marocain Hicham El-Hanafi, 30 ans, qualifié de "soldat le plus fidèle" de l'Etat islamique. Pour ce dernier, l'accusation a demandé une interdiction définitive du territoire français à l'issue de sa peine.

Toutes les peines requises doivent être assorties d'une période de sûreté des deux tiers, ont souhaité les avocats généraux.

Jugés depuis le 1er février pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", les trois hommes encourent 30 ans de réclusion.

Tous les trois avaient été arrêtés en novembre 2016, à quelques heures d'intervalle, à Marseille et Strasbourg à l'issue d'une audacieuse opération de cyberinfiltration de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) au sein de l'organisation jihadiste.

"L'opération +Ulysse+ (du nom de l'agent de la DGSI ayant infiltré les réseaux de l'EI, ndlr) a été l'opération judiciaire la plus ambitieuse de la France en matière d'antiterrorisme", s'est félicité Benjamin Chambre, l'un des avocats généraux. L'arrestation des trois accusés "a permis de déjouer une action coordonnée à l'arme de guerre, fomentée par l'Etat islamique depuis Raqqa" en Syrie, a-t-il souligné.

Mme Saliha Hand-Ouali, l'autre avocat général, a défendu cette opération du renseignement français rejetant catégoriquement toute "provocation à l'infraction" (illégale) de la part des services français. "Ulysse" n'a jamais pris d'initiative, a-t-elle rappelé en rappelant qu'à cette époque "l'EI n'avait pas besoin d'être provoqué" pour commettre un attentat.

"Ulysse", pseudonyme sous lequel ont agi deux agents de la DGSI, a réussi à piéger des hauts cadres de l'EI en zone irako-syrienne en se faisant passer pour un sympathisant de la mouvance jihadiste. Sollicité pour fournir des kalachnikov à l'organisation islamiste, "Ulysse" a accepté, moyennant finance. "Ulysse" a ensuite caché les armes, préalablement démilitarisées, dans la forêt de Montmorency (Val-d'Oise) fournissant les coordonnées GPS de la cachette aux donneurs d'ordres en Syrie.

Les coordonnées GPS de la cache d'armes ont été retrouvées sur les téléphones des trois accusés qui, selon l'accusation, étaient prêts à frapper sur le sol français.

"On ne peut pas se tromper sur la nature criminelle des agissements de MM. Bousseria, Makran et El-Hanafi", a affirmé Mme Hand-Ouali.

- "Ne rien lâcher aux chiens" -

Pour M. Chambre, les deux acolytes strasbourgeois, qu'il désigne par l'expression "ces deux-là" en les pointant de l'index, étaient "déterminés" à commettre un attentat même si les deux accusés l'ont farouchement nié durant leurs auditions.

A mesure que les avocats généraux s'exprimaient, Yassine Bousseria, un ancien animateur scolaire, se tassait sur son banc tandis que Hicham El-Hanafi, surnommé "le routard du jihad" en raison de ses fréquents voyages, se tenait droit, observant sans ciller les représentants du parquet.

"En dépit de leurs différences et de leur parcours, les trois accusés ont été recrutés par l'EI, tous ont démontré un niveau d'engagement jihadiste maximal", a souligné Mme Hand-Ouali.

Mais c'est surtout Hicham El-Hanafi qui a retenu son attention. "L'EI ne s'est pas trompé en recrutant Hicham El-Hanafi. Elle a vu en lui une personne extrêmement intelligente, déterminée et loyale", a-t-elle dit.

Durant les deux journées où il a été interrogé par la cour d'assises, ce Marocain à l'allure sportive et aux muscles saillants sous sa chemise n'a jamais rien cédé, n'hésitant pas selon Mme Hand-Ouali à fournir des "explications incohérentes", voire "farfelues", pour se dédouaner des accusations portées contre lui.

"Il a préféré ne rien lâcher aux +chiens+" (d'infidèles), a dit Mme Hand-Ouali. "Il n'a pas renoncé et ne renoncera pas".

Concernant Hicham Makran dont la "capacité de compréhension est limitée" selon les experts, l'avocate générale a estimé qu'en revanche son "engagement jihadiste était total". Elle a dénoncé le "rôle nocif" de Yassine Bousseria.

Les six défenseurs des accusés s'exprimeront mardi. Le verdict est attendu mercredi.

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