Parcoursup : une procédure "plus humaine" mais qui comporte des risques

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Par AFP
Publié le 01 décembre 2017 - 15:11
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Des étudiants sur les bancs de l'université de Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, en octobre 2017
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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives
Des étudiants sur les bancs de l'université de Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, en octobre 2017
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La nouvelle plateforme d'inscription dans le supérieur, Parcoursup, introduit une procédure plus humaine pour les bacheliers, mais présente aussi des difficultés potentielles, estime Julien Grenet, de l'Ecole d'économie de Paris et spécialiste des algorithmes de répartition scolaire.

La nouvelle plateforme Parcoursup succèdera à Admission post-bac (APB) en 2018: les lycéens de terminale désirant entamer des études supérieures inscriront 10 voeux (contre 24 auparavant), sans les classer.

Les universités répondront "oui", "oui si" lorsque le jeune ne présente pas toutes les compétences ou connaissances requises pour la filière choisie, ou "en attente".

Question - Quel est le gros plus de Parcoursup par rapport à son prédécesseur?

Réponse - Avec l'affichage des attendus par les universités et les réponses qu'elles donneront (via Parcoursup), la procédure paraît plus humaine, on a moins l'impression d'un algorithme "boite noire", qui attribue des places façon roulette russe. Autre avantage: en début de procédure, le jeune, qui aura inscrit dix voeux maximum sans les classer, ne sait pas forcément ce qu'il préfère. Le nouveau système peut lui permettre d'affiner ses préférences au fil des semaines. La nouvelle plateforme tranche la contradiction de l'époque APB, à savoir "pas de sélection en licence" et "pas assez de places dans les filières les plus demandées", en établissant les compétences et connaissances requises pour chaque parcours.

Q - Quel est le risque du dispositif tel qu'il a été présenté?

R - Les formations sélectives vont classer les candidats, comme auparavant, et les universités aussi. Mais on ne demande jamais aux jeunes de classer leurs voeux. Parcoursup va émettre des propositions, que les lycéens vont accepter, ou rejeter si une autre leur convient mieux. Les propositions rejetées vont repartir dans le lot commun et les allers-retours entre jeunes et universités se poursuivre, mais cela peut prendre un certain temps, peut-être même plusieurs mois... Quand on avait un classement des voeux des candidats, c'était l'algorithme qui donnait les réponses, très vite et à la même date pour tous les bacheliers.

Autre difficulté potentielle, le ressenti, voire des tensions, dans les classes de terminale. Les élèves avec de bons dossiers recevront plusieurs "oui" très tôt, mais une partie des lycéens risquent de n'avoir que des "en attente". Il faudra veiller à l'accompagnement au niveau des lycées, alors que les jeunes se préparent au bac.

Q - Quelles sont les solutions que vous préconisez?

R - En s'appuyant sur l'exemple de l'Allemagne - dont le dispositif ressemble le plus à ce que la France veut mettre en oeuvre - on peut suggérer une première phase de voeux non classés de la part des candidats, puis une deuxième phase où le jeune classe ses souhaits, permettant à l'algorithme de distribuer très vite les places. Cela permet d'accélérer la procédure. La limite des dix voeux peut également augmenter le risque d'avoir beaucoup de jeunes sans affectation avant l'été.

Mettre en place des voeux groupés pour certaines filières et introduire un classement en deuxième partie de procédure sont deux valves de sécurité pour éviter le risque numéro un, à savoir des jeunes qui n'ont rien du tout.

Mais on ne connaît pas encore toutes les modalités de Parcoursup. On ignore par exemple les délais donnés aux jeunes pour qu'ils répondent aux propositions.

Propos recueillis par Frédérique PRIS.

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