Lucien Clergue : une figure majeure de la photographie

Auteur(s)
Amandine Zirah
Publié le 16 novembre 2014 - 16:40
Mis à jour le 17 novembre 2014 - 11:03
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Lucien Clergue en mars 2001.
Crédits
©Jean-Paul Pelissier/Reuters
Lucien Clergue en 2001.
©Jean-Paul Pelissier/Reuters
Décédé samedi 15 des suites d'une longue maladie, l'Arlésien Lucien Clergue était l'un des photographes les plus influents en France. Tout au long de sa vie, il s'est battu pour faire reconnaître la photo comme un art. Un pari plus que réussi.

Quelques jours après la mort du guitariste Manitas de Plata dont il était l'ami, la Camargue a perdu un autre de ses artistes majeurs. Le photographe Lucien Clergue s'est éteint, samedi 15, à l'âge de 80 ans, des suites d'une longue maladie. Ce grand homme, connu pour ses nus et ses paysages de Camargue, a réussi son plus grand combat: faire reconnaître la photo comme un art. Il était l'une des figures majeures de la photographie en France. Pourtant, rien ne le prédestinait à un tel avenir. Sa rencontre avec la photographie s'est faite un peu par hasard.

Né à Arles en 1934, Lucien Clergue commence par apprendre le violon à l'âge de 7 ans, sous l'impulsion de sa mère. Très doué pour son jeune âge, il parvient même à forcer l'admiration de son professeur, trouvant ainsi sa voie. Mais faute de moyens, le jeune garçon ne peut accéder au conservatoire.

Quelques années plus tard, alors qu'il travaille à l'usine, il apprend les rudiments de la photographie. C'est en 1953 qu'une de ses rencontres va bouleverser le cours de son existence. A la sortie des arènes d'Arles, le jeune amateur croise la route de Pablo Picasso et lui montre ses travaux. Le peintre se montre intéressé, l'encourage et lui prodigue des conseils. Leur amitié durera près de 30 ans, jusqu'à la mort du maître en 1973. Le livre Picasso mon ami (Ed. Plume) retrace notamment les moments importants de leur relation.

Ces mêmes années, Lucien Clergue fait la connaissance du guitariste Manitas de Plata en Camargue, qui deviendra au fil du temps un de ses grands amis. Il l'aide à faire son premier disque, devient son manager pendant un an, puis son directeur artistique.

Lutte pour la reconnaissance de la photographie

Après la mort, les bombardements, les ruines et les corridas, ses travaux sont marqués par les nus féminins, les paysages de Camargue et les éléments qui la composent. Son art dépasse rapidement les frontières. Comme pour Jacques-Henri Lartigue, le talent de Lucien Clergue est reconnu aux États-Unis. Le célèbre Museum of Modern Art (MOMA) à New York lui consacre une exposition en 1961. Auteur de quelque 800.000 photographies, de 75 ouvrages et d'une vingtaine de courts et moyens métrages, Lucien Clergue fréquente les plus grands noms du XXe siècle. Le photographe est soutenu par Jean Cocteau, qui préface l'ouvrage Corps mémorables (Ed. Seghers) et collabore aussi avec le poète Saint-John Perse pour le livre Genèse (Ed. Belond).

Grand défenseur du 8e art, il fonde en 1969 avec son ami l'écrivain Michel Tournier le festival international de photographie des Rencontres d'Arles, devenu aujourd'hui la plus grande manifestation dédiée à la photo en Europe. Chaque année, de juillet à septembre, l'évènement attire des milliers d'amateurs et de touristes, français comme étranger. En 2014, le festival avait notamment rendu hommage à son fondateur par une grande exposition. Grâce à cet évènement, Lucien Clergue a mis en lumière les photographes les plus célèbres au monde. Il est également à l'origine de la création de l'Ecole nationale supérieure de la photographie, créée en 1982 dans sa ville natale où il a passé l'essentiel de sa vie.

Cet autodidacte, qui n'a cessé d'œuvrer pour la reconnaissance de la photographie comme un art à part entière au même titre que la peinture, la gravure ou la sculpture, réalise une prouesse en 2007. Il est le premier photographe à être élu membre de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France. Il en devient même le président en 2013. Aujourd'hui encore, ses œuvres figurent dans les collections de nombreux musées français et étrangers. Une partie de son œuvre est exposée au musée Réattu d'Arles jusqu'au 4 janvier 2015.

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