La plongée libre au cœur du documentaire "Au plus profond" de Netflix

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Andrew MARSZAL / AFP
Publié le 19 juillet 2023 - 19:05
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DÉPÊCHE — Dans les premières minutes d'"Au plus profond", un drone amphibie suit la plongeuse Alessia Zecchini lors de sa descente d'une centaine de mètres dans les profondeurs obscures de l'océan, puis sa remontée. Le tout en l'espace d'une seule respiration.

La séquence de trois minutes et demie, qui donne la chamade ainsi que des accès de claustrophobie, est aussi difficile à regarder qu'elle est hypnotique.

Tandis qu'Alessia Zecchini remonte, son corps commence à se convulser. Des plongeurs secouristes doivent la ramener à la surface et la réanimer.

Les images peuvent choquer, mais perdre connaissance en raison d'un manque d'oxygène est fréquent chez les plongeurs libres, athlètes d'un sport extrême consistant à plonger aussi profond que possible sans aucune aide respiratoire.

"On peut regarder toutes les vidéos du monde et n'être toujours pas prêt à voir un être humain simplement s'évanouir, comme ça", confie Laura McGann, la réalisatrice du documentaire sorti mercredi sur la plateforme Netflix à travers le monde. "C'est effrayant à voir."

Dans son film, composé d'images d'archives, d'interviews et de quelques reconstitutions, Laura McGann tente de comprendre ce qui pousse ces hommes et femmes à risquer encore et encore leurs vies et à repousser les limites de l'endurance humaine à la recherche de nouveaux records.

"Voir un être humain se comporter comme un phoque ou un dauphin dans l'eau, sans bouteille d'oxygène, a été comme si j'avais appris qu'il y avait un groupe de personnes, quelque part dans le monde, qui pouvait voler", a-t-elle raconté à l'AFP.

"Moment présent"

Le documentaire se concentre sur la relation entre la plongeuse Alessia Zecchini et Stephen Keenan, jeune Irlandais qui devient l'un des spécialistes de la sécurité dans ce sport.

Les plongeurs libres, s'ils ne recherchent pas activement la mort, ne semblent pas la redouter. En ouverture d'"Au plus profond", Alessia Zecchini explique joyeusement qu'elle n'y pense même pas.

Mais, le spectateur comprend bien vite qu'une tragédie est arrivée.

Ni la plongeuse ni Stephen Keenan ne donnent d'interviews pour le film, laissant la question de leur sort en suspens pendant la quasi-totalité du long-métrage — sauf en cas de rapide recherche sur internet.

Cette narration a été reprochée à la réalisatrice lors des premiers retours à l'occasion du festival du film de Sundance, en janvier.

Mais Laura McGann avait "très tôt" décidé que son documentaire resterait "dans le moment présent" avec ses personnages tout au long de leur odyssée.

La mort "se trouverait toujours vers la fin du film".

Amour et mort

"Au plus profond" est le dernier d'une série de documentaires récents qui explorent de dangereuses obsessions sous le prisme d'une histoire d'amour.

Nommé aux Oscars l'an dernier, "Fire of Love" racontait le quotidien risqué du couple de volcanologues français Katia et Maurice Krafft.

Et en 2019, "Free Solo" suivait le grimpeur Alex Honnold, lors de l'escalade sans système d'assurage d'El Capitan, et montrait sa petite amie terrifiée.

Pour Laura McGann, la relation entre Zecchini et Keenan était celle "du yin et du yang", comme s'ils étaient "chacun la pièce manquante de l'autre", même avant de se rencontrer en tant que célébrités du petit milieu de la plongée libre.

Ce sport, autant cérébral que physique, exige une personnalité d'un type bien particulier, qui non seulement reste calme, mais apprécie de se trouver à 100 m de profondeur, là où l'on ne peut plus être secouru.

"Ce que ressent le plongeur en apnée est presque à l'opposé de ce que ressentent" ceux qui regardent le documentaire, a expliqué Laura McGann.

Si les spectateurs peuvent se surprendre à reprendre leur respiration rien qu'en regardant, les plongeurs évoquent "un silence serein, calme et paisible" tandis qu'ils apaisent leurs esprits et réduisent leur rythme cardiaque à "celui d'un moine tibétain".

"C'est presque un état méditatif", décrit Laura McGann.

Mais, il faut garder un peu de subconscient concentré sur ce qu'on est en train de faire, assez pour se rappeler qu'il faut remonter."

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