"L'échappée belle" : dernière fugue pour Donald Sutherland et Helen Mirren (vidéo)
Pour lutter contre l'idée que la vieillesse est un naufrage –et sans y parvenir complètement–, Donald Sutherland et Ellen Mirren interprètent un couple du troisième âge qui s'offre une dernière fugue sur les routes américaines dans le film L'échappée belle, qui sort ce mercredi 3 sur les écrans français.
Les années ont passé, mais l'amour qui unit Ella et John Spencer, âgés d'environ 70 ans, est resté intact. Un matin, déterminés à échapper à l'hospitalisation qui les guette, ils décident de faire une fugue, sans prévenir leurs deux grands enfants. A bord de "L'échappée belle", leur vieux camping-car de 1975, ils quittent leur maison du Massachusetts, sur la côte nord-est des États-Unis, et mettent le cap vers Key West, en Floride. John, ancien professeur de littérature à l'université, veut y visiter la maison d'Hemingway.
C'est lui qui conduit. Parfois, quand ils s'arrêtent dans un restaurant, il parle aux serveuses de sa passion pour James Joyce, Herman Melville, Tennessee Williams. Tout au long de la journée il fait la conversation avec sa femme, le voyage se déroule sans encombre. Ils s'amusent bien tous les deux, téléphonent de temps en temps à leurs enfants sans leur dire où ils sont.
Mais John n'a plus toute sa tête. Sa mémoire lui fait défaut. Parfois il fait des scènes de jalousie à Ella. Parfois il oublie le prénom de ses enfants. Parfois il est bougon et verbeux, voire agressif –alors qu'elle s'efforce de rester insouciante et de bonne humeur.
Ses crises de dégénérescence mentale sont fréquentes mais ne durent jamais longtemps. Ses moments de lucidité et sa gentillesse reprennent vite le dessus. Tous les matins, Ella fait avec lui des exercices de gym pour se maintenir en forme et, le soir au camping, pour secouer un peu sa mémoire défaillante, elle projette à John des diapos de leur vie passée: leurs enfants, leurs amis, ses étudiants. En découvrant sur les routes une Amérique qu'ils ne reconnaissent plus, ils se remémorent des souvenirs communs, mêlés de passion et d’émotions…
Le réalisateur du film est italien: c'est le 13e film de Paolo Virzi depuis 1994, et son premier tourné en anglais et aux États-Unis. Il a réalisé notamment Napoléon (et moi) en 2008 (avec Daniel Auteuil et Monica Bellucci) et La prima cosa bella, qui représenta l'Italie aux Oscars en 2011.
Il a adapté ici une nouvelle de l'écrivain américain Michael Zadoorian publiée en 2009. "Ce récit m'a séduit par son esprit subversif et par la volonté du couple de se rebeller contre son hospitalisation forcée, contre les médecins et ses enfants et contre les règlementations sociales et médicales", explique le réalisateur.
Bien sûr Donald Sutherland et Helen Mirren sont parfaits dans ces rôles de personnages qui luttent contre les ravages de la vieillesse et de la maladie, tout en alternant le rire et les larmes, comme le veut le réalisateur qui affirme que "le secret consiste à constamment allier l’humour au tragique. Une chose est sûre: L’échappée belle est un pur mélange des deux".
Tout au long de ce voyage dans l'Amérique de tous les jours, ses terrains de camping, ses restaurants populaires, ses parcs d’attraction et ses paysages s’étendant à l’infini, il y a certes des séquences drôles et des moments de respiration. On rit souvent, entre deux serrages de gorge. Mais l'ambiance générale, le ton doux-amer et le sujet du film (dans lequel on ne prononce jamais le mot Alzheimer) n'incitent pas à la franche rigolade. C'est émouvant mais déprimant, c'est humain mais sombre, c'est beau mais tristounet, c'est très bien joué –mais ce n'est peut-être pas le moyen le plus gai de commencer l'année.
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