François Hollande admet "les responsabilités" de la France dans l'abandon des harkis

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 septembre 2016 - 15:56
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François Hollande reconnaît le rôle de la France dans l'abandon des harkis.
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"Vous êtes des exemples d'adhésion à la France même quand elle a pu vous manquer - et elle vous a manqué" a déclaré François Hollande.
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Le président de la République a "reconnu" dimanche que la France a joué un rôle dans l'abandon des harkis, ces Algériens qui servaient de supplétifs à l'armée française lors de la guerre d'Algérie (1954-1962). Entre 55.000 et 75.000 de ces hommes ont été victimes de représailles après la décolonisation.

François Hollande a "reconnu" dimanche 25"les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis" lors d'une cérémonie dans la cour de l'Hôtel des Invalides à Paris à l'occasion de la journée nationale d'hommage qui leur est consacrée.

"Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France", a déclaré le chef de l'Etat, applaudi par les représentants des harkis présents dans l'assistance.

Un certain nombre avait protesté, accompagné de nombreuses voix à droite, lorsque le chef de l'Etat avait commémoré cette année le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie au lendemain des accords d'Evian, une date qu'ils considèrent comme symbolique de leur abandon.

En reconnaissant ces "responsabilités", M. Hollande a honoré une promesse faite en avril 2012 durant la campagne présidentielle, en reprenant pratiquement au mot près le texte de sa déclaration de l'époque.

Il l'avait déjà fait en partie lors de la même cérémonie le 25 septembre 2012, mais à l'époque c'était via un message lu par Kader Arif, son ministre délégué aux Anciens combattants.

Cette reconnaissance au nom de la France avait aussi été faite par Nicolas Sarkozy en avril 2012 lorsqu'il était encore chef de l'Etat, huit jours avant le premier tour de l'élection présidentielle.

Evoquant une "vérité implacable" et "cruelle", M. Hollande a parlé des "combattants qui furent privés de la protection de la France au lendemain de la guerre d'Algérie et dont l'abandon ne fut jamais pleinement reconnu par la République".

Après les accords d'Evian le 18 mars 1962, 55.000 à 75.000 harkis, ont, selon les historiens, été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes. Quelque 60.000 ont été admis en France. Avec leurs descendants, leur communauté est estimée à 500.000 personnes.

Devant nombre d'officiels mais aussi de responsables politiques engagés dans la campagne présidentielle (Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, etc.), M. Hollande a déploré que "la prise en compte des droits (des harkis) fut longue à obtenir. Leurs enfants ont souffert de ne pas être pleinement intégrés dans la République".

Pour M. Hollande, les harkis et leurs descendants souffrent encore "de discriminations, préjugés, racisme, intolérance". Il a souligné les actions entreprises par ses prédécesseurs et sous sa présidence, dont un "plan d'action" en 2014.

"Vous êtes des exemples d'adhésion à la France même quand elle a pu vous manquer - et elle vous a manqué", a félicité M. Hollande.

"La France n'est jamais vraiment à la hauteur de son histoire quand elle se détourne de la vérité, a jugé le chef de l'Etat. En revanche, elle est digne et fière quand elle est capable de la regarder en face. C'est en ayant cette lucidité sur les pages les plus sombres que nous pouvons éprouver une légitime fierté sur les plus glorieuses".

"La grandeur est toujours du côté de ceux qui réparent plutôt que ceux qui séparent" a encore mis en garde M. Hollande.

 

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