Conflit Hamas-Israël : cinq semaines de guerre à Gaza et beaucoup de tensions entre fractions politiques en France...

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Publié le 15 novembre 2023 - 10:40
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Conflit Israël Palestine 5 premières semaines
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Malgré de nombreux appels au cessez-le feu, le conflit continue de faire rage et avive les tensions en France entre blocs politiques.
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MONDE - Plus de 182 000 personnes ont participé dimanche 12 novembre 2023 à la marche contre l’antisémitisme, à laquelle avaient appelé les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ils étaient 105 000 personnes rien qu’à Paris, selon la préfecture de police de la capitale. Cette marche faisait suite à une recrudescence de cas de menaces et de violences contre la communauté juive, plus d’un mois après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier. Transpartisane, la manifestation française a tout de même cristallisé les tensions, très profondes, entre les partis politiques de gauche et de droite, liées à la question israélo-palestinienne. Retour sur les principaux moments de la guerre que se livrent le Hamas et Israël à Gaza depuis cinq semaines et ses répercussions sur la scène politique française...

Sous blocus depuis 2007

Le 7 octobre 2023, cinquante ans après le début de la guerre israélo-arabe de 1973, des roquettes sont lancées depuis Gaza contre Israël. Simultanément, des centaines de combattants du Hamas s’infiltrent par la mer, la terre et les airs, prenant les soldats israéliens par surprise. En riposte à l’incursion de ces combattants, qui font le premier jour plus de 350 morts chez les soldats et policiers israéliens et environ 200 otages, Tsahal réplique par des bombardements aériens massifs et des combats au sol, annonçant le “siège complet" de la bande de Gaza.

Les jours qui suivent, cette région de plus de 2,1 millions d’habitants, sous blocus depuis 2007, année où le Hamas a accédé au pouvoir, n’est plus approvisionnée en eau, en électricité et en nourriture. Le 13 octobre, l’armée israélienne appelle les habitants de Gaza à évacuer la ville et prendre la direction du sud. Des milliers de Palestiniens fuient. Au même moment, des échanges de tirs ont lieu à la frontière israélo-libanaise entre Tsahal et le Hezbollah, allié chiite du Hamas soutenu par l’Iran.

Le 17 octobre, l’hôpital Al-Ahli Arabi de Gaza est ciblé par un bombardement. Le ministère de la Santé palestinien fait état d’au moins 471 morts. Le président Joe Biden, se basant sur des renseignements américains, déclare douter du bilan du Hamas, estimant entre 100 et 300 le nombre de victimes civiles. En réaction à cette déclaration, le mouvement islamiste publie la liste des personnes décédées. Le Hamas et le Jihad islamique accusent Israël d’être à l’origine d’un bombardement aérien, mais Tsahal dément, affirmant posséder des “preuves” qu’il s’agit d’un tir manqué du Jihad islamique

Le 18 octobre, des manifestations massives ont lieu à travers plusieurs pays du monde arabe. Depuis le 12 octobre, trois résolutions déposées par le Brésil, la Russie et la Chine, appelant à un cessez-le-feu, ont été rejetées par les États-Unis. La résolution de Washington, le 20 octobre, de condamner les attaques du Hamas a également été rejetée par la Chine et la Russie.

Le 21 octobre, Tsahal intensifie ses bombardements aériens. Le 26, l’armée israélienne mène un raid ciblé avec des chars dans la bande de Gaza. A partir du 27 octobre, ses soldats lancent des opérations terrestres dans la bande de Gaza. Entre-temps, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, affirme devant le Conseil de sécurité que l’attaque du 7 octobre “n’est pas le fruit du néant”. Il rappelle que “le peuple palestinien a été la victime de 56 années d'une occupation asphyxiante”, dénonçant “des violations claires” du droit humanitaire à Gaza. “Ils ont vu leurs terres continuellement spoliées par les colonies dans un climat de violence, leur économie s'est étiolée, le peuple a été déplacé et leurs maisons ont été détruites. Leurs espoirs en une solution politique ont disparu”, ajoute-t-il.

Plus de 11 000 Palestiniens tués, selon le ministère gazaoui de la Santé

António Guterres demande la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat et trois jours plus tard, le 27 octobre, l’Assemblée générale de l’ONU réclame une trêve humanitaire immédiate. Selon les Nations unies, au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leurs foyers. Certains parlent d’une nouvelle Nakba (« catastrophe » en arabe, NDLR), en référence à l’exil forcé de 700 000 habitants de la Palestine mandataire durant la guerre de 1948.

Le 29 octobre, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou annonce la “deuxième étape” de la guerre, visant à détruire les capacités militaires du Hamas et récupérer les otages. Il exclut tout cessez-le-feu. L’armée israélienne poursuit ses bombardements et touche, trois fois, le camp de réfugiés de Jabalia. Cinq écoles de l’ONU sont touchées puis un autre camp de réfugiés, celui de Maghazi, est visé par un autre bombardement aérien.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 11 000 personnes, des civils pour la quasi-totalité, ont été tuées depuis le 7 octobre. Aux Nations unies, on évoque “un grave risque de génocide” du peuple palestinien.

Des manifestations pro-palestiniennes se tiennent en France, bien qu’interdites, ainsi que d’autres pays occidentaux. Tel-Aviv et Washington rejettent les appels à des “pauses humanitaires”. Le 6 novembre, Benyamin Netanyahou révèle le projet de prendre, “pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité” de Gaza.

Le 9 novembre, Emmanuel Macron appelle à un cessez-le-feu pour la première fois depuis le 7 octobre, lors d'une conférence humanitaire internationale organisée à Paris. Son homologue allemand, Olaf Scholz, est opposé à un cessez-le-feu immédiat, qui “profiterait au Hamas pour récupérer et se procurer de nouveaux missiles”. Le chancelier allemand plaide toutefois pour des “pauses humanitaires”.

L’attaque du Hamas cristallise les tensions transpartisanes

En France, l’incursion du Hamas en Israël a suscité de très vives réactions et a surtout ravivé les divergences de la scène politique française sur la question du conflit israélo-palestinien. Le Rassemblement national (RN), par la voix de sa présidente Marine Le Pen, a qualifié l'attaque de "barbarie" et a appelé à "une riposte ferme d'Israël". Christian Jacob, président du parti Les Républicains (LR) a également condamné l'attaque "avec la plus grande fermeté”, exprimant sa "solidarité avec le peuple israélien".

Du côté des partis de gauche, les réactions sont plus nuancées. Certes, les formations comme La France Insoumise (LFI) et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont aussi condamné l’attaque du Hamas. Mais leurs condamnations sont accompagnées d’appels au cessez-le-feu ou à “une solution politique au conflit”.

C’est l’attitude choisie par la formation menée par Jean-Luc Mélenchon qui a attisé les polémiques. En raison d’une réaction tardive de LFI, plusieurs partis comme le RN, le PS ou les Verts ont qualifié LFI de “parti complice du terrorisme”, l'accusant même d’avoir “contribué à l’escalade des tensions” et d’avoir “fait preuve d’une duplicité honteuse”. LFI, qui a rappelé sa condamnation de l’attaque du Hamas, a expliqué son refus de le faire “sans réserve”, se défendant contre les reproches adressés à ses députés. Des voix dissidentes au sein du mouvement, qui jugent ambiguë la position de leur direction, ont aussi été entendues.

La guerre à Gaza a provoqué une recrudescence des actes et violences contre la communauté juive en France. Depuis le 7 octobre, plus de 1 000 cas ont été recensés selon le ministère de l'Intérieur. En réaction, les présidents des deux chambres du Parlement ont appelé à une marche contre l’antisémitisme le dimanche 12 novembre. Celle-ci n’a pas été épargnée par une passe d'armes entre LFI et le RN. La France Insoumise a justifié son boycott par la présence de Marine Le Pen et de ses collègues, considérés comme membres d’un parti d’extrême droite qui nourrit lui-même l’antisémitisme. "Nous sommes exactement là où nous devons être", a répliqué l’ancienne président du RN.

LFI a de son côté organisé son propre rassemblement contre l'antisémitisme à Paris, près de l’emplacement de l’ancien Vel’ d’Hiv’. Cet événement a été perturbé par des manifestants qui reprochent au mouvement ses “ambiguïtés” sur la question israélo-palestinienne.

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