Javier Milei chez Klaus Schwab : "Vive la liberté, bordel !"

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France-Soir
Publié le 19 janvier 2024 - 14:06
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Javier Milei Davos
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Fabrice Coffrini / AFP
Javier Milei, à sa sortie de scène, après son discours au Forum de Davos (17 janvier 2024).
Fabrice Coffrini / AFP

MONDE - Pour son premier déplacement à l’étranger, le nouveau président argentin, Javier Milei, s’est rendu mercredi 17 janvier 2024 à Davos en Suisse, pour prononcer un discours à l’occasion du Forum économique mondial (WEF). Celui qui aime se proclamer “anarcho-capitaliste” a paru moins surexcité que d’habitude et a adopté un ton plus sobre pour alerter contre “le danger” qui guette le capitalisme. Depuis la tribune, il a dénoncé une “attaque” de la “doxa gauchiste" contre le “seul système économique capable d'en finir avec la famine et la pauvreté". Il a critiqué les “principaux dirigeants du monde occidental”, qui ont “abandonné l’idée de liberté au profit du collectivisme”. Depuis la station de ski suisse, Javier Milei, dont certaines positions sont en complète contradiction avec celle du WEF de Klaus Schwab, a pointé du doigt l’étatisme.

Son passage a été observé de près. Et pour cause : Javier Milei, habitué aux sorties imprévisibles et polémiques, est bien connu pour son langage fleuri et son style aussi tranchant que la tronçonneuse qu’il a brandie devant une foule durant sa campagne. Il effectuait mercredi 17 janvier son premier voyage à l’étranger depuis son élection. Celui que l’on surnomme le “Trump de la Pampa“ ou encore “El Loco“ (“Le fou”) a choisi Davos, où se déroule la 54e édition du Forum économique mondial (WEF).

Le monde occidental “abandonne l’idée de liberté”

Un choix prévisible, à y regarder de plus près. Javier Milei, qui avait sans cesse dénoncé “une caste politique parasite” dans son pays, avait promis “la fin de la décadence” et la “reconstruction de l’Argentine”. Il doit composer avec des problèmes majeurs comme l’hyperinflation (211 % en 2023), boosté, selon des observateurs, par la dévaluation de plus de 50 % du peso. A Davos, il espère ainsi convaincre les décideurs économiques d’investir dans son pays, et démontrer aux dirigeants des puissances mondiales ainsi qu’au FMI, que l’Argentine a un plan de sortie de crise.

Ce plan est connu de tous, grâce aux vidéos virales le montrant en train d’énumérer, sur un tableau, les ministères à “zapper”, ou celles où on le voit surexcité sur scène, une tronçonneuse à la main. La scie mécanique n’est rien d’autre qu’une d’analogie avec la réduction des dépenses publiques ainsi que la réforme de l’État. Javier Milei s’est engagé à mener une sévère politique d’austérité en baissant, pour commencer, les subventions. Depuis son élection en décembre 2023, il a réduit le nombre de ministères de moitié (de 18 à 9).

A peine 15 jours après son accession au pouvoir, il a annoncé la décision de son gouvernement de ne pas rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Il avait déjà critiqué les pays gouvernés "par le communisme” comme la Chine et la Russie, exprimant sa préférence pour “les nations libres de l’Occident”, en particulier les États-Unis... et son dollar. Le gouvernement argentin, disait Milei, préfère surtout travailler sur son adhésion à l'OCDE.

Lors de son discours au Forum de Davos, Milei en a remis une couche sur le “socialisme”, l’accusant d’être “un danger pour l’Occident”. Selon lui, le “capitalisme est attaqué par la doxa gauchiste”. C'est pourtant le seul “système économique à être capable d’en finir avec la famine et la pauvreté”. Il regrette que “les principaux dirigeants du monde occidental” aient, “malheureusement abandonné ces dernières années l'idée de liberté au profit de différentes versions de ce que nous appelons collectivisme".

Aller à Davos et dénoncer le “collectivisme”

Selon lui, ces idées "mènent inexorablement au socialisme et donc à la pauvreté”. Dans son discours, qui comporte, selon certains, des termes “prêtés à l’extrême-droite”, il a estimé que le modèle libéral adopté [par l’Argentine] en 1860 en a fait “la première puissance mondiale en seulement 35 ans”. “Et lorsque nous sommes passés au collectivisme, au cours des 100 dernières années, nous avons vu nos citoyens s'appauvrir systématiquement et le pays est descendu au 140e rang mondial”, a-t-il ajouté.

S’adressant aux hommes d’affaires présents dans la salle, il les a sommés de ne pas être “intimidés par des parasites qui vivent uniquement de l'État. Ne capitulez pas devant l'avancée de l'Etat, qui n'est pas une solution mais le problème”. Et de leur lancer : "Vous êtes des héros (...), vous pouvez compter sur l'Argentine comme votre inconditionnel allié", avant de clôturer par un retentissant "Vive la liberté, bordel" !

Devant un parterre de dirigeants et d’homme d’affaires, réunis par un adepte du pouvoir global, Klaus Schwab, qui se montre étrangement bienveillant à son égard, que Javier Milei s'est vraiment démarqué de la philosophie du WEF. Le président argentin a, par exemple, dénoncé le “féminisme radical” et “l’agenda sanglant de l’avortement” depuis la tribune. Il défend aussi l’idée que l’humain n’est pas responsable du réchauffement climatique.

A l’issue de son discours, Milei a déclaré aux journalistes “être venu pour planter l’idée de la liberté”. Mais il a aussi eu une discussion avec la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), auquel Buenos Aires doit 44 milliards de dollars...

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