Syrie : les Etats-Unis déploient 400 soldats supplémentaires en zone kurde pour préparer l'offensive contre Raqqa

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MM
Publié le 10 mars 2017 - 16:54
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©Delil Souleyman/AFP
L'objectif non avoué est une mission de quasi-interposition entre ces mêmes milices kurdes et les rebelles syriens pro-turc appuyés par Ankara.
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Des militaires américains ont été déployés en Syrie près de la ville de Manbij, dans une zone contrôlée par les forces kurdes. Officiellement, il s'agit de préparer l'offensive contre Raqqa, aux mains de l'Etat islamique. Officieusement, les militaires américains doivent prémunir une confrontation entre les forces pro-turques et les combattants kurdes.

L'armée américaine monte en puissance en Syrie. Devant la commission des forces armées du Sénat, jeudi 9, le général Joseph Votel, le responsable du CentCom (le commandement central) chargé du Moyen-Orient, a confirmé l’envoi de renforts en zone kurde, à la frontière irako-syrienne. Si le gradé n'a pas donné de précisions sur les effectifs déployés, la presse estime qu'il s'agit d'au moins 400 hommes, faisant parti des corps d'élites de Marines et des Rangers.

L'objectif de cette démonstration de force est double. Il s'agit officiellement de préparer l'offensive contre la ville syrienne de Raqqa, capital autoproclamé du "califat" de l'Etat islamique, en appui des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition hétéroclite arabo-kurde, essentiellement dominé par les combattants YPG (Kurdes de Syrie) et soutenue militairement et logistiquement par Washington.

L'objectif non-avoué est une mission de quasi-interposition entre ces mêmes milices kurdes et les rebelles syriens pro-turcs appuyés par Ankara (qui considère les YPG, proche du PKK, comme "une organisation terroriste"). La reprise du bastion djihadiste d'al-Bab, dans la cadre de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" par ces derniers a accentué les tensions entre les deux camps d'autant que le pouvoir turc entend ne pas s'arrêter là.

Le point de friction le plus important se concentre autour de la ville de la Manbij, tombée entre les mains de Daech en 2014 et reprise de haute lutte par les Forces démocratiques syriennes après deux mois de combats acharnés en août 2016. Une victoire sur le groupe djihadiste qui a provoqué la colère d'Ankara qui a déclenché l'opération "Bouclier de l'Euphrate" en réponse afin de bloquer l'avancée kurde en direction du gouvernorat d'Alep.

Pour stabiliser leurs positions autour de Manbij, les FDS ont passé un accord début mars un accord avec les soldats de Bachar al-Assad pour leur céder le contrôle des villages à l'ouest de Manbij. Une opération réalisée avec la bénédiction de la Russie qui ne souhaite pas voir la Turquie s'enfoncer trop loin dans le territoire de son allié du régime de Damas. Signe des tensions grandissantes, jeudi 9, les forces pro-turques ont bombardé des positions tenues par des miliciens pro-Assad dans cette zone, provoquant la mort de 23 soldats, sans que ces derniers ne ripostent pour l'instant.

Pour tenter d'éviter l'embrassement généralisé, l'Etat-major américain a pris la décision de déployer des hommes du 75th Ranger Regiment à Manbij même. La présence des blindés siglés de la bannière étoilée à Manbij se veut un "un signe visible de dissuasion et de réconfort", a confirmé lundi 6 le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis, sans cibler personne et surtout pas Ankara, membre important de l'Otan.

L'offensive prochaine contre Raqqa semble être pour l'heure l'une des dernières barrières à une confrontation généralisée.

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