Meurtre d'Aurélie Fouquet : le ton est monté autour des vidéos

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 mars 2016 - 19:49
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Aurélie Fouquet, famille
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©AlainJocard/AFP
La mère d'Aurélie Fouquet (3e en partant de la droite) à l'ouverture du procés du meurtre en 2010 de sa fille, le 1er mars 2016 à Paris
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Au procès des meurtriers d'Aurélie Fouquet -tuée par balles par un commando de braqueurs en 2010- le ton est monté lors du visionnage de vidéos clé, mais le silence s'est fait pour le compte-rendu d'autopsie de la jeune policière municipale. Le cerveau présumé du commando, Redoine Faïd, est accusé d'avoir monté le braquage avorté, sans y participer physiquement.

"J'en ai marre", lance le président. Au procès des meurtriers d'Aurélie Fouquet, le ton est monté lors du visionnage de vidéos clé, mais le silence s'est fait pour le compte-rendu d'autopsie de la jeune policière municipale. Les films en question sont des images tournées par des caméras de surveillance la veille du drame, puis le 20 mai 2010, peu après la fusillade fatale à la jeune femme de 26 ans. Sur ces images reposent en bonne partie les charges pesant sur le "caïd" autoproclamé Redoine Faïd. Ce braqueur multirécidiviste est accusé d'avoir monté le braquage avorté du 20 mai, sans y participer physiquement. Il nie en bloc.

La cour a d'abord vu des images filmées le 19 mai dans une station-service à La Courneuve, près de Paris. On y voit Redoine Faïd, tout à fait reconnaissable et qui ne l'a pas contesté à l'audience, faire le plein d'une Renault Megane, puis payer. Il semble circuler en compagnie de deux fourgonnettes blanches de type Renault Trafic, le modèle utilisé par le commando ayant tué Aurélie Fouquet. L'une des fourgonnettes de l'enregistrement vidéo sera retrouvée le 20 mai au soir, lors de l'interpellation d'un autre accusé.

Sur d'autres images, tournées peu après à une dizaine de kilomètres de là, on voit ces trois véhicules, auxquels s'ajoute un poids lourd, circuler en convoi. La défense du médiatique braqueur s'est indignée jeudi de voir un policier quitter la barre des témoins et monter s'assoir à la place du greffier, pour piloter le visionnage de ces images depuis un ordinateur.

"Il est assis au même niveau que vous", a dit au président Me Christian Saint-Palais, parlant d'une "dérive" de l'audience en faveur des policiers. L'avocate générale Maryvonne Caillibotte a reproché à l'avocat son "archaïsme", lançant: "On est dans l'examen de preuves, pas dans l'émotion". Le président Philippe Roux a finalement repris la main, irrité: "J'en ai marre, vous allez me rendre sourd".

Il a ensuite fait pivoter l'ordinateur de manière à ce que le policier puisse redescendre au niveau de la barre des témoins, soufflant: "J'ai l'impression de ne pas maîtriser cette audience". La cour est ensuite passée à un enregistrement vidéo réalisé cette fois le 20 mai, un peu plus d'une demi-heure après la fusillade mortelle de Villiers-sur-Marne, et non loin de là, à Noisy-le-Grand. Ce film montre lui une Mercedes noire et une Renault Mégane bleue se suivant.

Or, c'est dans une Mercedes noire que les braqueurs, après avoir incendié leur fourgonnette et volé d'autres véhicules, ont pris la fuite. Et c'est au volant d'une Renault Mégane que Redoine Faïd avait été filmé la veille. Problème: ce passage vidéo n'a pas été mis sous scellés, de manière à garantir sa sécurité juridique, et la cour a dû se contenter de photos qui en avaient été extraites. "J'ai fait une erreur", a dit à la barre le policier responsable, pressé par Me Saint-Palais. L'air déconfit, il a ensuite précisé qu'une "copie de travail" de la vidéo avait été conservée.

Le procès doit durer jusqu'à la mi-avril. Neuf hommes sont jugés, l'un en son absence, pour avoir participé au braquage avorté. Trois sont accusés de meurtre. Les invectives ont cessé le temps que témoigne, dans un silence pesant, la médecin légiste qui a autopsié la jeune policière, mère d'un enfant âgé de six ans aujourd'hui, morte des suites d'une blessure par balle à la tête.

"La famille voudrait savoir si elle était consciente, si elle a souffert", a demandé l'avocat Laurent-Franck Liénard, rappelant qu'Aurélie Fouquet avait parlé et évoqué son enfant avant de sombrer dans le coma. "Je pense qu'elle n'a pas pu réaliser ce qui se passait", a assuré la médecin légiste, selon laquelle la perte de connaissance a été, dans le pire des cas, "un peu différée". Ensuite, Aurélie Fouquet "ne s'est pas réveillée".

 

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