Redoine Faïd toujours en cavale, questions sur de possibles défaillances

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Par Alexandra DEL PERAL et Caroline TAIX - Paris (AFP)
Publié le 02 juillet 2018 - 13:43
Mis à jour le 03 juillet 2018 - 01:36
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Redoine Faïd Interpol
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Y-a-t-il eu des défaillances à la prison de Réau d'où s'est évadé par hélicoptère le braqueur récidiviste Redoine Faïd, activement recherché depuis?
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Y a-t-il eu des défaillances à la prison de Réau d'où s'est évadé par hélicoptère le braqueur récidiviste Redoine Faïd, recherché depuis ? Des questions se posent après cette évasion alors qu'une mission d'inspection a débuté lundi dans l'établissement.

Au lendemain de la belle de Redoine Faïd, 46 ans, quelque 2.900 policiers et gendarmes sont mobilisés sur tout le territoire pour tenter de rattraper le nouveau "roi de l'évasion", qui s'était déjà échappé il y a cinq ans d'une prison du nord de la France.

Son frère, qui était au parloir avec lui juste avant son évasion, a été remis en liberté lundi soir après presque deux jours de garde à vue, a-t-on appris de source judiciaire. Seul suspect interpellé jusqu'ici, l'homme a été peu disert, assurant n'avoir pas été courant du projet d'évasion, a rapporté une source proche du dossier.

Lundi, la Kangoo blanche siglée Enedis, dernier véhicule connu à bord duquel le fuyard a pris place, a été retrouvée au Fay-Saint-Quentin dans l'Oise, carbonisée. Auparavant avaient été retrouvés l'hélicoptère puis une Mégane abandonnée par ses complices et lui dans un parking à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Alors que de nombreuses questions se posent sur le niveau de sécurité de la prison de Seine-et-Marne inaugurée en 2011 où Faïd était depuis 2017, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a admis sur Europe 1 qu'il y avait "peut-être" eu une "défaillance", avant d'annoncer l'arrivée lundi d'une mission d'inspection, dont les conclusions seront rendues "dans le mois".

Cette évasion "pose beaucoup de questions", a concédé le Premier ministre Edouard Philippe sur RTL, insistant sur "l'urgence" à "retrouver cet individu".

Selon des extraits de courriels publiés par le Figaro, la Direction interrégionale d'Ile-de-France avait averti qu'il existait une "menace sérieuse (de) passage à l'acte" de la part de Redoine Faïd, estimant que le mois de septembre proposé par la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) pour son transfert dans une autre prison n'était "pas raisonnable" et impliquait des "risques graves" pour les personnels.

"Ces extraits ne rendent pas compte de l'ensemble et de la complexité des échanges entre services", a réagi la DAP. Selon elle, "il en va de la responsabilité de chacun de respecter cette confidentialité alors que les enquêtes sont en cours".

Les faits se sont déroulés dimanche matin: un hélicoptère - dont le pilote avait été pris en otage - s'est posé avec un "commando armé" de trois complices dans la cour d'honneur lors d'une opération qui a duré dix minutes.

Depuis, Faïd et ses complices sont introuvables. "Nous sommes face à un commando qui était très bien préparé, très bien organisé et qui s'est posé sur le seul espace très restreint qui existait dans cette prison et qui n'était pas pourvu de filins anti-hélicoptère", a expliqué la garde des Sceaux.

La ministre devrait être entendue "fin juillet" par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, une fois les conclusions de l'inspection rendues, a indiqué sa présidente Yaël Braun-Pivet à l'AFP.

- "Ambiance tendue" à Réau -

Pour Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO pénitentiaire, Faïd "n'était pas dans le bon établissement". "On aurait dû le mettre dans une centrale sécuritaire, comme Condé-sur-Sarthe ou Vendin-le-Vieil", a déclaré le syndicaliste à France Info.

A la prison de Réau, qui compte actuellement 650 détenus pour 800 places, l'ambiance était "tendue" lundi, a rapporté Loïc Delbroc, délégué syndical UFAP-Unsa. "Il y a des surveillants qui ont craqué ce matin, à l'appel. Ils sont choqués", a-t-il raconté à l'AFP. Quant aux détenus, ils étaient "dans la moquerie ce matin".

Après une double tentative d’évasion en 2013 de deux détenus de Réau, des mesures avaient été prises pour renforcer la sécurité, notamment avec l'installation de portiques de sécurité et la formation des surveillants.

Redoine Faïd a été condamné en appel en avril à 25 ans de réclusion pour un braquage raté dans le Val-de-Marne, qui avait coûté la vie en 2010 à la policière municipale Aurélie Fouquet. Il a été condamné deux fois aux assises en 2017: à 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin en 2013 et à 18 ans de prison pour l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011.

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