L'agriculture cherche des bras

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Par Nicolas GUBERT - Paris (AFP)
Publié le 01 mars 2018 - 08:53
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Des agriculteurs manifestent le 7 février 2018 à Caussade, près de Toulouse pour protester contre l'exclusion de centaines de communes du classement en zones défavorisées
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© PASCAL PAVANI / AFP
Des agriculteurs manifestent le 7 février 2018 à Caussade, près de Toulouse pour protester contre l'exclusion de centaines de communes du classement en zones défavorisées
© PASCAL PAVANI / AFP

Image écornée par les crises, formations et métiers méconnus: l'agriculture regorge d'opportunités de carrières de tous niveaux mais peine souvent à recruter, malgré l'aspiration grandissante à une montée en gamme de la production.

"12 000 emplois de salariés agricoles restent vacants chaque année." Le constat, dressé cette semaine au salon de l'Agriculture par Gilles Duquet, secrétaire général de l'Association nationale emploi formation en agriculture (Anefa) et agriculteur dans le Jura, était déjà le même lors de l'édition 2017 du salon.

Du côté des cadres, le diagnostic est similaire. Cette année, le nombre d'offres proposées a augmenté et le nombre de candidats a diminué sur le site de l'Apecita (Association pour l'emploi des cadres, ingénieurs, et techniciens de l'agriculture et de l'agroalimentaire).

Avec 14 235 offres et 17 000 candidats potentiels, les courbes menacent même de se croiser.

Au premier rang des facteurs de désaffection figure "l'image de l'agriculture", selon Mylène Gabaret, directrice de l'Apecita: le public est d'abord confronté à "la détresse" de paysans touchés par les crises qui secouent le monde rural.

"Quand on annonce dans les médias un revenu de 350 euros mensuels... un jeune qui veut se mettre au même niveau que la société ne va pas se contenter de ça", déclare, fataliste, Nicolas Lassalle, éleveur de 400 vaches gasconnes dans le massif de la montagne noire, entouré de ces paisibles bovins à la robe grise dans le hall 1 du salon de l'Agriculture.

Mais cette réalité-là ne concerne pas tous les paysans. "Il y a deux, trois ans, on a fait un sondage, 95% des personnes interrogées ne savaient pas qu'il y avait des salariés en agriculture", déplore Mme Gabaret.

"Le salarié agricole fait 35 heures par semaine", souligne M. Duquet, de l'Anefa.

L'une des raisons de cette ignorance tient dans la séparation entre l'enseignement agricole, qui dépend du ministère de l'Agriculture, et l'Education nationale.

"Un jeune qui est en filière générale, on ne va pas lui parler de la filière agricole", explique Mme Gabaret. "C'est très cloisonné."

- "Le grand air ne suffit pas" -

Mais cela pourrait changer. Cette semaine, les ministres de l'Education nationale et de l'Agriculture ont signé une convention qui doit notamment permettre la diffusion dès le collège d'une "meilleure information sur l'enseignement agricole", dans le cadre des dispositifs d'orientation.

Le salon de l'Agriculture, qui espère cette année encore plus de 600 000 visiteurs, a également apporté son écot à la cause de l'emploi agricole en créant cette année un espace "Agri'Recrute". Il regroupe sous une même bannière les 13 acteurs de l'emploi et de la formation présents Porte de Versailles, dont l'Anefa et l'Apecita.

Autre motif d'espoir, la "montée en gamme de l'agriculture française, appelée de ses voeux par Emmanuel Macron dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation.

Dans cette optique, l'Anefa a organisé au salon une table ronde "l'emploi est dans l'assiette" avec des chefs, des boulangers, des vignerons, des producteurs de fromages AOP, afin d'encourager des jeunes à se lancer dans un domaine "porteur de valeurs et de valeur ajoutée", décrit M. Duquet.

Pour le salaire, "il y a des productions en crise" mais il y a aussi "plein de filières qui s'en sortent et qui sont créatrices de valeur", souligne-t-il.

Les envies de retour à la terre de certaines populations, la volonté de manger mieux peuvent également favoriser l'arrivée de nouveaux postulants, mais gare aux "fausses idées", prévient Mme Gabaret.

Tout en voulant croire que l'évolution des métiers "va se développer dans le bon sens", elle prévient: l'agriculture, "c'est pas cui-cui les petits oiseaux, il faut être présent, se lever tôt". Ou, comme le dit M. Duquet: "le grand air ne suffit pas".

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