L'économie chinoise entre affaiblie dans le conflit commercial

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Par Lillian DING, Patrick BAERT - Pékin (AFP)
Publié le 16 juillet 2018 - 10:46
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L'économie chinoise montre des signes de faiblesse, alors que le conflit commercial avec les Etats-Unis s'intensifie
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L'économie chinoise montre des signes de faiblesse, alors que le conflit commercial avec les Etats-Unis s'intensifie
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Confrontée à un périlleux conflit commercial avec les Etats-Unis, l'économie chinoise montre des signes de faiblesse, Pékin reconnaissant désormais "l'impact" de son bras de fer avec Washington.

Croissance, investissement, production industrielle: un ralentissement de l'activité s'est dessiné lundi dans les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS), 10 jours après l'ouverture des hostilités commerciales avec l'Amérique de Donald Trump.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) a légèrement ralenti au deuxième trimestre, s'inscrivant à 6,7% sur un an contre 6,8% au trimestre précédent.

Ce chiffre est conforme aux prédictions des analystes et reste supérieur à l'objectif de croissance affiché par le gouvernement chinois pour l'ensemble de l'année: 6,5%.

Mais même s'il n'y a pas péril en la demeure, un changement de ton est perceptible dans les commentaires officiels à Pékin, qui avait plutôt tendance jusqu'à présent à prétendre que la guerre commerciale serait plus néfaste pour l'Amérique que pour la Chine.

"Le protectionnisme continue à s'agiter à la surface du globe, constituant un défi majeur pour la reprise économique mondiale et ajoutant aux défis et aux incertitudes en ce qui nous concerne", a reconnu devant la presse le porte-parole du BNS, Mao Shengyong.

Le conflit douanier "aura un impact sur les économies de la Chine et des Etats-Unis (...) et beaucoup d'autres pays seront affectés", a-t-il averti.

Pour l'heure, les analystes estiment que la rivalité entre les deux premières économies mondiales n'a pas encore fait sentir son impact, les deux pays n'ayant commencé à s'imposer mutuellement des droits de douane punitifs que le 6 juillet sur 34 milliards de dollars d'importations annuelles.

Mais les Etats-Unis ont tiré la semaine dernière une nouvelle salve en dressant une liste supplémentaire de produits chinois importés, d'un montant de 200 milliards de dollars par an, qu'ils menacent de taxer à hauteur de 10% dès septembre.

Le lendemain, Pékin a averti qu'il prendrait "des mesures de représailles nécessaires" si Washington mettait sa menace à exécution.

- "En perte de vitesse" -

Les derniers chiffres du commerce ont certes révélé un nouvel excédent record des exportations chinoises à destination des Etats-Unis en juin.

Mais ces exportations ont pu être soutenues par la volonté des exportateurs de vendre le plus possible aux Etats-Unis avant l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. Et elles risquent d'aiguiser encore la vindicte de Donald Trump à l'égard de Pékin.

Les Etats-Unis absorbent 20% des exportations chinoises et les sanctions prises par le président américain pourraient coûter entre 0,2 et 0,5 point de croissance à la Chine, selon des économistes.

Voilà qui tombe plutôt mal au moment où le gouvernement s'efforce de fermer les usines les plus polluantes et de lutter contre le surendettement, autant de politiques de nature à peser sur la croissance.

Pékin pourrait donc en réponse se résoudre à soutenir davantage l'activité par une politique monétaire et budgétaire plus accommodante.

"L'économie chinoise paraît en phase de ralentissement. Le gouvernement semble assouplir doucement sa politique (...) en dépit de son objectif de réduction des risques financiers", observe Alaistair Chan, de l'agence Moody's.

"Le Bureau des statistiques commence à reconnaître publiquement que l'économie est en perte de vitesse", abonde Julian Evans-Pritchard, de Capital Economics. "Cela devrait permettre aux autorités de justifier un retour au soutien de l'activité".

Autre signe de faiblesse, la production industrielle s'est tassée en juin, progressant de 6% seulement sur un an, contre 6,8% le mois précédent. Un résultat encore plus faible que ce qu'attendaient les économistes sondés par l'agence Bloomberg (6,5%).

Les investissements en capital fixe ont quant à eux poursuivi leur dégringolade, avec une progression de 6% seulement sur un an lors des six premiers mois de l'année. Ils étaient déjà tombés fin mai à leur plus bas niveau depuis 1999, avec une progression de 6,1% seulement

Seul facteur de consolation pour Pékin, la consommation des ménages a accéléré le mois dernier, les ventes de détail s'inscrivant en hausse de 9% sur un an, contre 8,5% en mai, soit légèrement mieux que les prédictions des analystes.

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