Uber cale pour son baptême boursier à New York

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Par Ali BEKHTAOUI et Julie CHARPENTRAT à San Francisco - New York (AFP)
Publié le 10 mai 2019 - 18:19
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La bannière d'Uber barre la façade de la Bourse de New York, le 10 mai 2019
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© Don Emmert / AFP
La bannière d'Uber barre la façade de la Bourse de New York, le 10 mai 2019
© Don Emmert / AFP

Uber a fait des débuts difficiles à Wall Street vendredi, pénalisé par les incertitudesentourant le modèle économique des plateformes de réservation de véhicules en ligne avec chauffeur qui affichent des pertes importantes.

Le premier ordre a été donné vers 15H50 GMT au prix de 42 dollars l'action, soit trois dollars de moins que le cours de 45 dollars fixé jeudi soir par la société californienne pour son baptême boursier annoncé comme le plus important de l'année aux Etats-Unis.

Vers 16H30 GMT, l'action valait 43,93 dollars, en baisse de 2,38%.

"La demande a été faible et il y a des turbulences sur les marchés financiers actuellement", a déclaré à l'AFP une source bancaire, dont l'établissement pilote l'opération.

La Bourse de New York était dans le rouge vendredi dans un marché volatil, en raison des doutes sur les négociations commerciales en cours entre les Etats-Unis et la Chine.

La société, qui a levé 8,1 milliards de dollars à l'occasion de cette opération, valait quelque 81 milliards, bien loin des 100 milliards qui étaient évoqués il y a encore quelques semaines.

L'accueil froid réservé à Uber est dû aux interrogations des milieux financiers sur sa rentabilité et est en droite ligne avec les déboires boursiers de son rival Lyft, qui a perdu plus d'un quart de sa valeur depuis le début de sa cotation le 29 mars.

Uber visait un chiffre d'affaires de 3 milliards de dollars au premier trimestre pour une perte approchant le milliard, selon des documents boursiers.

"Uber perd de l'argent. Ca ne dit sans doute rien à la Silicon Valley mais ça parle à Wall Street", a commenté Matthew Kennedy de Renaissance capital. "C'est une grosse déception".

Pour être rentable, la société se diversifie, se lançant dans la livraison de repas, les trottinettes, les vélos... Elle s'est également lancée dans le développement de la voiture autonome mais cet élan a été freiné par un accident mortel en mars 2018 dans l'Arizona (sud-ouest).

Son nouveau credo: devenir l'Amazon des transports mais il n'est pas le seul à afficher de telles ambitions que nourrissent également les constructeurs automobiles classiques.

Par conséquent, de nombreuses interrogations demeurent sur son activité: la concurrence, les menaces légales et réglementaires et... les chauffeurs, qui se sont mis en grève et ont manifesté dans plusieurs villes américaines mercredi, arguant du fait que l'entrée en Bourse enrichirait les actionnaires, sans qu'eux-mêmes en tirent un centime.

Pour maintenir un prix de course attractif et attirer clients et chauffeurs, Uber a multiplié réductions, promotions, bonus etc: c'est d'ailleurs une des causes de l'hémorragie financière qui plombe le groupe depuis ses débuts.

"Nous voulons améliorer la situation de nos chauffeurs", a encore répété vendredi auprès de l'AFP Dara Khosrowshahi, le PDG, pour répondre aux revendications des chauffeurs, dont une petite poignée est venue manifester devant le bâtiment de la Bourse au sud de Manhattan.

Après des années de croissance rapide mais très mouvementée, marquée par des scandales qui ont durablement terni son image, l'arrivée à Wall Street d'Uber, leader du secteur et marque célèbre dans de nombreuses régions du monde, est un test aussi bien pour le secteur des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) que pour les licornes.

Ces dernières sont des startups valorisées à au moins un milliard de dollars mais qui peinent, pour un grand nombre d'entre elles, à gagner de l'argent. Depuis le début de l'année, certaines sont entrées en Bourse avec des résultats disparates.

L'introduction en Bourse a en outre des allures de moment de vérité pour Dara Khosrowshahi, nommé pour redorer la réputation du groupe après le départ chaotique de son co-fondateur Travis Kalanick en 2017, et lui permettre de dégager des profits.

Conscient de tous ces défis, Uber a choisi de faire profil bas, en fixant dès jeudi soir son prix d'entrée à 45 dollars l'action, soit le bas de la fourchette de 44 à 50 dollars fournie en avril.

"Nous voulons des investisseurs qui parient sur le long terme", a déclaré vendredi Dara Khosrowshahi à la chaîne de télévision CNBC.

Avec une valorisationboursière aux alentours de 81 milliards de dollars, Uber se retrouve, selon le cabinet Dealogic, dans les mêmes eaux que Facebook à son entrée en Bourse le 17 mai 2012 en termes de valorisation boursière. Le réseau social réalisait alors la plus grosse introduction en termes de capitalisation pour une entreprise américaine et la sixième au niveau mondial.

S'il était dans les locaux de la Bourse, Travis Kalanick, le fondateur et ex-PDG poussé à la démission par des investisseurs inquiets des scandales, ne faisait pas partie des dirigeants ayant sonné la cloche marquant l'ouverture de la séance à Wall Street.

Du parquet, il regardait, le sourire figé, son successeur s'adonner à des selfies sur l'estrade juste après avoir donné le coup d'envoi des échanges du jour.

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