Affaire Grégory : son père espère la vérité dans un "avenir pas trop éloigné"

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Par AFP - Strasbourg
Publié le 15 janvier 2021 - 16:51
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Christine et Jean-Marie Villemin, le 23 novembre 1984, dans leur maison à Lépanges-sur-Vologne (Vosges)
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© ERIC FEFERBERG / AFP/Archives
Christine et Jean-Marie Villemin, le 23 novembre 1984, dans leur maison à Lépanges-sur-Vologne (Vosges)
© ERIC FEFERBERG / AFP/Archives

Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory, a rompu près de 15 ans de silence, disant espérer "dans un avenir pas trop éloigné" la vérité sur l'assassinat non élucidé de son fils en 1984, alors que plusieurs éléments ont récemment relancé l'enquête.

"Nous espérons, nos avocats, Christine (Villemin, son épouse, ndlr) et moi, que nous pourrons enfin aboutir, dans un avenir pas trop éloigné, à une juste solution", écrit M. Villemin, 62 ans, dans une postface au livre de Me Thierry Moser, "Parole d'avocat", sorti vendredi (La Valette/Le Noyer Editeurs).

"Il le faut par respect pour la mémoire de Grégory", ajoute M. Villemin qui rompt, avec ce texte d'une dizaine de pages, près de quinze années de silence : sa dernière prise de parole publique remonte à 2006, lorsque le couple Villemin avait accordé un entretien au quotidien La Croix.

Dans la postface, Jean-Marie Villemin évoque l'"anéantissement total" qu'a représenté pour lui et Christine la mort de leur premier fils (le couple a eu depuis trois enfants) et rend un hommage appuyé à Me Moser, l'avocat mulhousien à leurs côtés depuis 1985.

Un "grand frère" qui "se bat de façon désintéressée et déterminée, avec ses confrères, pour Grégory", ses frères et sa soeur nés après son assassinat, "pour Christine et pour moi", écrit M. Villemin.

Les Villemin "sont sereins, c'est un couple uni" qui se bat "pour que la justice puisse passer", a déclaré à l'AFP M. Moser. Le couple, qui a depuis longtemps quitté les Vosges où s'est noué le drame de leur vie, réside en région parisienne : "Jean-Marie est jeune retraité" et Christine, 61 ans, travaille toujours dans une maison d'édition, poursuit l'avocat.

"Ils n'ont aucun désir de vengeance, aucune amertume (...) Ils veulent simplement la justice et la vérité", insiste le conseil, qui évoque "l'amitié" et "l'affection" qui le lie au couple.

Condamné en 1993 à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour le meurtre en 1985 de Bernard Laroche, son cousin qu'il soupçonnait d'avoir tué son fils, Jean-Marie Villemin confie dans la postface l'avoir "tué dans un moment d'aberration et de total désespoir".

- Portrait-robot -

Il égratigne au passage le "triste" juge Jean-Michel Lambert, qui s'est suicidé en 2017 à l'âge de 65 ans. Premier magistrat à instruire le dossier, son travail a été très décrié : après avoir inculpé M. Laroche, M. Lambert avait ensuite reporté ses soupçons sur Christine Villemin, totalement blanchie par la justice en 1993.

La publication de ce texte intervient alors que plusieurs éléments ont récemment relancé l'enquête.

Mi-décembre, les avocats des Villemin ont soumis à la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Dijon, où est instruit depuis 1987 le dossier, de nouvelles demandes d'expertises, notamment ADN, les précédentes n'ayant rien donné.

Ces nouvelles demandes portent sur "une recherche d'ADN de parentèle" et sur la possibilité, à partir de matériel génétique, de dresser le "portrait robot" d'une personne, avait indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

La chambre de l'instruction devrait rendre sa décision "fin janvier", selon le procureur général de Dijon, Thierry Pocquet du Haut-Jussé.

"Dans ce dossier, nous avons déjà ramassé pas mal d'éléments intéressants (...) il faut encore les fortifier, les amplifier" et ces expertises pourraient "nous apporter des éléments précieux pour avancer d'avantage", estime Me Moser.

"Des auditions" ont également eu lieu dernièrement, selon M. Pocquet du Haut-Jussé, qui avait aussi confirmé l'existence, dévoilée par Le Parisien, d'un rapport de stylométrie, pas encore versé au dossier, incriminant une personne.

L'affaire Grégory, considérée comme l'un des dossiers les plus énigmatiques de l'histoire criminelle française depuis que l'enfant a été retrouvé mort le 16 octobre 1984 dans la Vologne, avait connu en juin 2017 un rebondissement inattendu avec les mises en examen de son grand-oncle et de sa grand-tante, les époux Jacob, jamais inquiétés auparavant, et Murielle Bolle. Ces poursuites ont toutefois été annulées pour des questions de procédure.

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