Au "Brexit Bureau" de Dordogne, "rush hour" mais trafic fluide

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Par Philippe BERNES-LASSERRE - Périgueux (AFP)
Publié le 10 décembre 2020 - 09:30
Mis à jour le 14 décembre 2020 - 16:06
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Des badauds regardent la devanture d'une agence immobilière s'adressant particulièrement aux acheteurs britanniques à Eymet (Dordogne) le 16 juin 2016
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© Mehdi FEDOUACH / AFP/Archives
Des badauds regardent la devanture d'une agence immobilière s'adressant particulièrement aux acheteurs britanniques à Eymet (Dordogne) le 16 juin 2016
© Mehdi FEDOUACH / AFP/Archives

La "cible mouvante" d'un accord Brexit les a laissés dans l'incertitude, et les rumeurs vaguement inquiets sur leur statut: des milliers de Britanniques expatriés découvrent que rester dans leur chère "Dordogne" s'avère au final, simple comme "hello".

Le Brexit aura fait beaucoup pour la réputation de l'administration française aux yeux des sujets de Sa Majesté. Car à en croire les Anglais de Dordogne en quête, parfois fébrile, d'un titre de séjour, il y aura un avant et un après le "Brexit bureau".

"Remarkably smooth" (remarquablement fluide), "Very straighforward, and so speedy" (très simple, et si rapide) "Very easy in the end, a super job" ("très facile au final, super boulot"). Au sortir de la préfecture de Périgueux, les Britanniques tout sourire n'ont pas de mots pour louer la diligence de la fonction publique locale.

Avec 7 à 8.000 résidents Britanniques -nombre sous-estimé selon les autorités- la Dordogne a créé une structure dédiée, pour le flux attendu de demandes de titres de séjour "non UE". Cinq contractuels recrutés, déjà 4.000 dossiers en stock, (2.200 en année normale) dans un "BB" ouvert en octobre et voué à tourner jusqu'en juin, explique le préfet Frédéric Périssat.

Trafic dense, mais fluide. Quelque 80 rendez-vous par jour, la plupart réglés en 10-15 minutes: vérification d'identité, remise de photo, signature, prise d'empreintes, juste le temps de quelques blagues sur leur comté d'origine, la vie en France, et... "Is that it ?" "C'est tout, merci !"

"On a tellement entendu de cauchemars sur l'administration française, mais le processus est très bien géré, efficace", s'émerveille Peter Gray, 57 ans, Issigeacois depuis deux ans. Son épouse avait apporté un plein cartable de documents. Ayant fait, comme la plupart, sa pré-demande en ligne, puis répondu au RV en préfecture, elle n'aura pas à en sortir un.

"Et je pensais devoir revenir, mais la carte de séjour va m'être postée. Impressionant !", sourit Gillian Strachan, 76 ans. Qui d'ici un mois recevra la petite carte rose et bleue "Carte de séjour permanent - Article 50" (de l'Accord de retrait), en lieu et place de la "Carte de séjour citoyen UE" (qui était facultative). Plus de 200 ont déjà été délivrées. "Et dans la communauté, ça se sait vite. Ca aussi, ça les rassure", signale M. Périssat.

- Suivez les flèches -

"Dans l'ensemble, ils arrivent quand même stressés, car ils ne savent pas comment ça va se passer, ce qu'on va leur demander", raconte Emilie Rat, une préposée à leur accueil. "Certains ont sorti des espèces, demandant combien ils devaient..." (c'est gratuit, NDR). "C'est surtout l'attente de la démarche qui leur a pesé. Car il se raconte un peu de tout sur les forums britanniques"

"Oui, ça a été un stress", appuie Roger Haig, président du Franco-British Network (FBN) de Périgueux. "Les gens s'informent sur des médias, des réseaux sociaux hors contrôle, et toutes sortes d'informations circulaient sur l'expulsion de qui ne pourrait attester de ressources, sur la validité de la carte (5 ou 10 ans, renouvelable NDR), les deadlines (jusqu'à octobre 2021 pour avoir la carte), etc".

Association créée en 2013 pour faciliter la vie (impôts, permis, etc) des Britanniques du "Dordogneshire", le FBN s'est retrouvé mandaté, budgété par le Foreign Office, pour accompagner le processus avec un accent sur les "vulnérables" isolés, mal connectés, sans savoir-faire numérique.

Avec cinq postes créés, une ligne rouge téléphonique, une sur internet, le FBN connait un succès tel que 50% des appels viennent d'hors Dordogne. Du coup, Londres les a sollicités pour faire le même job en régions Provence-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes.

Et Roger Haig, en France depuis 29 ans, n'en démord pas. La préfecture "fantastique" et le ministère de l'Intérieur ont "tout fait pour faciliter les choses pour les expatriés britanniques. Vraiment, c'est très fluide, et si je puis dire, inhabituel pour la France".

Et puis des fois, ce sont les petits riens. Peut-être le sapin (artificiel) et les 4-5 guirlandes qui s'efforcent d'égayer le"Bureau". Ou peut-être les flèches rouges "Brexit" à l'extérieur, qui y guident le visiteur, comme une direction, enfin, dans le flou ambiant depuis 2016. "Rien que ça, c'est réconfortant, on vous dit exactement où aller", sourit Allison Gray.

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