Calédonie : l'usine de Vale évacuée, le site sous protection de la gendarmerie

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Par AFP - Nouméa
Publié le 10 décembre 2020 - 08:30
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L'usine de nickel de Vale en Nouvelle-Calédonie, en 2015
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© Fred PAYET / AFP/Archives
L'usine de nickel de Vale en Nouvelle-Calédonie, en 2015
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L'usine de nickel de Vale en Nouvelle-Calédonie, dont la vente suscite la colère des indépendantistes et des chefferies kanak, a été mise sous protection de la gendarmerie et ses employés évacués jeudi en raison de tentatives d'intrusion violentes, a indiqué le haut-commissariat de la République.

"Plusieurs tentatives d’intrusion se sont déroulées sur le site industriel, classé Seveso. (...) Les forces de l’ordre ont dû faire usage des armes pour repousser deux pickups qui fonçaient sur les gendarmes. Des dégradations ont été une nouvelle fois commises et un bâtiment administratif incendié", a indiqué le haut-commissariat dans la République.

Aucun blessé n'est à déplorer et le site de cette usine métallurgique de cobalt et de nickel, qui utilise un procédé de traitement à l'acide sulfurique, "est tenu par les forces de l'ordre" depuis le milieu d'après-midi.

Selon Nouvelle-Calédonie la 1ère, environ 300 salariés de l'usine ont été évacués "par précaution", tandis que l'usine hydrométallurgique et l'usine d'acide sont à l'arrêt.

Laurent Prévost, haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie, a "condamné fermement ces actes irresponsables", à l'instar de Sonia Backés (loyaliste), présidente de la province sud, qui a dénoncé des "manoeuvres inconscientes".

Les violences vont crescendo en Nouvelle-Calédonie après l'annonce mercredi par le groupe brésilien Vale de la vente de son usine de nickel à un consortium calédonien et international, incluant le négociant en matières premières, Trafigura. Le collectif "usine du sud: usine pays" et l'Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN) soutenus par les indépendantistes du FLNKS sont "totalement opposés" à ce projet, qui consacre selon eux "la mainmise des multinationales sur les richesses du pays".

"Nous sommes de plus en plus déterminés et notre mobilisation s'inscrit dans le temps", a déclaré Victor Tutugoro, porte-parole du bureau politique du FLNKS, mettant en cause "l'implication douteuse de l'Etat", qui intervient dans le projet par le biais d'aides financières.

Une réunion doit avoir lieu jeudi en visioconférence avec le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, sur le thème du nickel dans le cadre des discussions sur l'avenir institutionnel. Le FLNKS a annoncé qu'il n'y participerait pas.

Jeudi, les blocages et les barrages, en cours depuis lundi, se sont poursuivis, ravivant les clivages entre loyalistes et indépendantistes. Au Mont-Dore, en périphérie de Nouméa, des affrontements ont opposé forces de l'ordre et manifestants, et au niveau des villages de Bourail et de La Foa, la route principale de l'île est bloquée en alternance.

A Kouaoua, sur la côte est, le convoyeur permettant de descendre le minerai jusqu'au bord de mer d'un site minier de la Société Le Nickel (SLN), opérateur historique du nickel calédonien, a été "incendié sur 1,5 kilomètre". Cette "nouvelle attaque (...) impacte directement plus de 300 emplois" et "aggrave la situation critique de l'entreprise", a déclaré la direction de cette filiale du groupe français Eramet.

Le parquet de Nouméa a indiqué que 5 des 49 personnes interpellées lors des violences de lundi à Nouméa avaient été incarcérées dans l'attente de leur procès en comparution immédiate vendredi.

Compte tenu "de la forte mobilisation des forces de l'ordre", le gouvernement calédonien a annoncé la suspension de tous les vols internationaux de passagers, peu nombreux compte tenu de l'épidémie de coronavirus.

Cette crise survient alors que le processus de décolonisation de l'accord de Nouméa (1998) arrive à son terme. Le 4 octobre, un deuxième référendum sur l'indépendance a été remporté d'une courte avance par les non-indépendantistes (53,3%). Un troisième doit avoir lieu d'ici 2022.

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