Cyberharcèlement de Mila : jugement attendu pour 13 jeunes gens

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 04 juillet 2021 - 19:13
Mis à jour le 07 juillet 2021 - 12:30
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L'adolescente Mila au tribunal de Paris, le 2 juin 2021
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© Bertrand GUAY / AFP/Archives
L'adolescente Mila au tribunal de Paris, le 2 juin 2021
© Bertrand GUAY / AFP/Archives

Elle avait reçu des milliers de messages de haine et de menaces après une vidéo polémique sur l'islam: le tribunal de Paris rend mercredi son jugement concernant 13 jeunes gens jugés pour avoir participé au cyberharcèlement de l'adolescente Mila.

Le 22 juin, le parquet a requis des peines d'emprisonnement avec sursis contre douze des prévenus et sollicité la relaxe d'un treizième.

Le tribunal correctionnel doit se prononcer vers 9H00, quinze jours après une audience qui a tenté de définir les contours de la liberté d'expression et du droit au blasphème, et mis en lumière la banalité du harcèlement en meute sur internet.

"Il y aura un avant et un après ce procès. Nous sommes en train de poser les règles de l'acceptable et de l'inacceptable", avait prévenu le président de la 10e chambre correctionnelle, Michaël Humbert.

Les prévenus, âgés de 18 à 29 ans et originaires de toute la France, ont été renvoyés devant le tribunal par le parquet, dans le cadre d'une enquête du nouveau pôle national de lutte contre la haine en ligne.

L'audience était aussi l'une des toutes premières consacrées à l'infraction de cyberharcèlement, créée par une loi de 2018. Elle peut être constituée dès lors que plusieurs personnes s'en prenant à une même victime savent que leurs propos ou comportements caractérisent une répétition, sans que chacune de ces personnes ait agi de façon répétée ou concertée.

À la barre, les jeunes hommes et femmes, pour la plupart sans antécédents judiciaires, ont en majorité reconnu être les auteurs des messages. "Qu'elle crève", "tu mérites de te faire égorger sale pute", "que quelqu'un lui broie le crâne par pitié", ont-ils notamment écrit en novembre 2020, en réponse à une nouvelle vidéo de Mila critiquant l'islam.

Mais ils ont en grande partie contesté avoir su que l'adolescente était la victime d'un harcèlement en ligne, et ainsi leur participation à un "raid" numérique.

- "Lynchage 2.0" -

Pour le représentant du ministère public, les prévenus ne pouvaient l'ignorer, dix mois après une première vidéo de Mila devenue virale et le déferlement de haine qui s'en était suivi, lui conférant une notoriété.

L'adolescente, alors âgée de 16 ans et demi, avait en janvier 2020 répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d'une vidéo véhémente sur l'islam mais "dans les strictes limites" de la liberté d'expression, avait rappelé le procureur.

Cible d'un "raz-de-marée de haine", Mila avait été contrainte de quitter son lycée et de vivre sous protection policière.

Elle s'était attirée une nouvelle salve de menaces après la publication d'une seconde vidéo polémique, le 14 novembre, dans laquelle elle lançait: "et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j'les ai toujours pas sortis".

Mila a reçu selon son avocat Richard Malka "100.000 messages" haineux.

Le ministère public a fait valoir que les prévenus avaient participé à un "lynchage 2.0" aux "conséquences réelles", avant de requérir des "peines d'avertissement": trois mois d'emprisonnement avec sursis contre les trois prévenus poursuivis pour harcèlement, et six mois avec sursis contre neuf autres renvoyés pour harcèlement et menaces de mort.

Certains de ces jeunes "sans histoire" - dont beaucoup d'athées et des étudiants se destinant à devenir ambulancier, comptable ou agent des impôts - ont plaidé "la bêtise" d'un message posté "sans réflexion", sous le coup de la "colère".

Leurs avocats ont sollicité des relaxes partielles ou totales, demandant de ne pas en faire "des exemples".

La défense a également soulevé l'absence de preuves que certains des tweets, sans hashtag ni arobase, aient été lus par la victime, en estimant qu'ils doivent donc être jugés "sans effet".

En réparation de la "lapidation numérique" subie par Mila, Me Malka a sollicité 5.000 à 10.000 euros de dommages et intérêts à l'encontre de chacun des prévenus.

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