Débarquement de Provence : un jeune marin français espère porter le "coup de grâce" aux Allemands

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Par Adrien MAROTTE - Toulon (AFP)
Publié le 09 août 2019 - 11:49
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De troupes alliés débarquent à Saint-Tropez en août 1944
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De troupes alliés débarquent à Saint-Tropez en août 1944
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"Cette fois, c'est le coup de grâce pour le boche, nous a-t-on dit": à la veille du débarquement de Provence, le 14 août 1944, un jeune marin français écrit à ses parents depuis son navire, qui entrera le premier dans la rade de Toulon quelques semaines plus tard.

"J'ai eu l'occasion de voir la terre de mon pays il y a deux mois en Normandie et demain j'aurais encore cette joie et ainsi si je tombe j'aurais au moins le bonheur de faire reposer mon corps en terre française", griffonne le quartier maître Gilbert Courtel, affecté comme armurier à bord du croiseur français "Georges Leygues".

Dans un carnet qu'il garde toujours sur lui pour laisser une trace à ses parents s'il venait à mourir, Gilbert Courtel raconte jour après jour ses impressions et le détail des missions auxquelles il participe. Et deux mois après avoir pris part au débarquement de Normandie, le jeune homme est à nouveau au coeur de l'opération Dragoon.

Le 15 août, à 05H30, il est en poste de combat. A 06H48, le "Georges Leygues" ouvre le feu sur les côtes de Provence. 12H05: "C'est l'heure de la soupe pour nous et aussi pour les boches car l'aviation en met un coup, on ne s'entend plus manger tellement cela fait de bruit".

"Le spectacle est magnifique mais le bateau en tremble quand même", poursuit le matelot qui décrit minute par minute la scène qui se déroule sous ses yeux. "Une autre escadrille vient de nous survoler et à peine je la perds de vue que la pétarade recommence", poursuit le marin: "Tellement l'activité est grande que j'en oublie de manger".

- "Piteux état" -

Lorsque le cuirasser américain "Arkansas" passe à l'attaque, Gilbert Courtel partage son excitation : "le bruit est quand même fort mais ceux qui en reçoivent le cadeau font de suite une révérence".

A la fin de cette journée du 15 août, le journal de bord du "Georges Leygues", qui relate toutes les opérations à bord du navire, indique que "le débarquement a parfaitement réussi à deux points sur trois" mais note qu'à Saint Raphaël, "cela a été dur, la ville a dû beaucoup souffrir après le violent bombardement de l'après-midi". Le lendemain, la journée à bord est beaucoup plus calme. "Pas un coup de canon, le débarquement de notre secteur s'étant effectué avec rapidité", est-il inscrit sur le journal de bord du croiseur.

A midi, Gilbert Courtel a l'occasion avec ses camarades de faire "une promenade le long de la côte". "Il y a des trous d'obus de toutes parts et bien des maisons sont en piteux état", raconte-t-il dans son carnet personnel: "Dans la soirée, de gros convois arrivent chargés de troupes françaises commandés par le général de Lattre de Tassigny. Maintenant, nous pouvons voir tout le matériel circuler sur la route côtière".

L'armée allemande se retire rapidement de ses positions pour défendre les ports stratégiques, de Toulon notamment. Le 20 août, le "Georges Leygues" reçoit l'ordre d'attaquer la ville. Un obus touche le navire, faisant huit blessés.

Toulon, protégé par une garnison de près de 20.000 hommes, tombe après plusieurs jours d'intenses combats. Le 24 août, les troupes françaises de de Lattre de Tassigny font une entrée triomphale sur le boulevard de Strasbourg.

Le 13 septembre à 11H00, le "Georges Leygues" est le premier bâtiment de la marine nationale à entrer dans la rade de Toulon déminée, et libérée.

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