Femme évêque ou curé ? Des catholiques engagées revendiquent plus de féminin dans l'Eglise

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Par Karine PERRET - Paris (AFP)
Publié le 26 septembre 2020 - 22:13
Mis à jour le 27 septembre 2020 - 12:20
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(g-d): Hélène Pichon, Christina Moreira, Loan Rocher, Marie-Automne Thepot, Sylvaine Landrivon, Anne Soupa et Laurence de Bourbon-Parme, membre du collectif "Toutes Apôtres!", le 22 juillet 2020 devan
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP
(g-d): Hélène Pichon, Christina Moreira, Loan Rocher, Marie-Automne Thepot, Sylvaine Landrivon, Anne Soupa et Laurence de Bourbon-Parme, membre du collectif "Toutes Apôtres!", le 2
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Etre femme évêque, curé, diacre, nonce... Une "incongruité" ? Plusieurs femmes catholiques demandent, symboliquement, d'accéder à des postes réservés depuis longtemps au clergé, masculin. Constituées en collectif, elles cherchent à internationaliser leur démarche.

Elles sont sept, d'horizons très différents. L'une est colonel de la réserve citoyenne de l'armée de l'air, une autre psychothérapeute, une théologienne, une autre traductrice... Catholiques, engagées dans une paroisse ou une communauté, elles rêvent d'offrir leurs services à des fonctions interdites aux femmes dans la tradition catholique romaine.

Pour cela, elles se sont constituées cet été en un collectif, "Toutes Apôtres!" et se revendiquent d'un Manifeste dénonçant "la mise sous silence des femmes par l'Eglise pendant des siècles" et appelant à un "acte salutaire de désobéissance à la doxa ecclésiale".

Puis elles ont déposé, fin juillet, leurs dossiers à la nonciature à Paris, demandant une audience auprès de l'ambassadeur du Vatican en France.

"J'ai tout à fait conscience de l'incongruité de ma démarche", témoigne à l'AFP l'une d'entre elles, Sylvaine Landrivon, aspirant, à 64 ans, à devenir évêque.

"Nous, les femmes, on nous reconnaît dans des postes administratifs, mais à aucun moment dans des postes d'enseignement biblique. C'est grave", regrette cette docteur et ex-enseignante en théologie. "Or, on a une autre manière de présenter la Bonne Nouvelle, qui n'est pas andro-centrée".

Autre membre, Claire Conan-Vrinat, 40 ans, consultante dans un cabinet de conseil et de formation aimerait devenir diacre, ce qui lui permettrait de "prononcer des homélies et faire des sacrements, des baptêmes, des enterrements..."

- "C'est le moment" d'agir -

"Ce serait dommage que l'Eglise se prive de la diversité de nos parcours de vie, de nos engagements, de nos qualités", explique cette femme. Qui se veut rassurante: "pas question de prendre le pouvoir" à la place des hommes. "On est tous baptisés, on est tous frères et soeurs".

A 56 ans, Christina Moreira, traductrice, engagée au sein d'une communauté en Espagne, aimerait être curé et accompagner "une des paroisses abandonnées en France, où des gens n'ont droit qu'à une messe une fois tous les six mois", en raison de la crise des vocations chez les prêtres.

"Dans les sociétés occidentales, l'égalité homme femme a progressé. Il n'y a plus que l'Eglise qui résiste", dit-elle, jugeant que "c'est le moment" d'agir, le pape François étant "un homme ouvert, qui écoute".

Pour sa part, Hélène Pichon, 51 ans, aspire à devenir nonce. Pour ce colonel de l'armée de l'air au parcours diplomatique étoffé, pourquoi "une femme laïque (non membre du clergé, ndlr) ne pourrait-elle pas assurer cette fonction" ?

Le collectif s'inspire de l'action d'Anne Soupa, une théologienne de 73 ans qui avait jeté un pavé dans la mare le 25 mai en postulant à l'archevêché de Lyon... pour succéder à Mgr Philippe Barbarin.

Son Comité de la Jupe, une association de 300 adhérents qui soulèvent ces questions régulièrement depuis plus de 10 ans, s'est d'ailleurs associé à "Toutes Apôtres!". Tout comme les féministes de la plateforme "Oh my Goddess", représentant une génération plus jeune.

Preuve que les débats autour de la place des femmes dans les postes à responsabilité sont toujours d'actualité. Et peuvent gêner. Sylvaine Landrivon a ainsi dû déposer plainte après avoir reçu une lettre de menaces de mort, fin juillet, les jours suivant le dépôt de son dossier à la nonciature.

"C'est un sujet incandescent", qui remet en cause "un certain nombre de fondements de l'ordre ecclesiastique", relève Anne-Marie Pelletier, bibliste et théologienne. Si elle émet des réserves sur la forme de la démarche, elle concède que ce geste donne "une visibilité à des réalités auxquelles résiste très fortement la hiérarchie de l'église catholique".

Elle même fait partie d'une commission nommée en début d'année par le Pape François, qui doit travailler sur l'accès des femmes au diaconat.

Pour sa part, elle prône d'associer à la question des femmes celle des "hommes laïcs qui n'ont pas plus de pouvoir que les femmes et se sentent délaissés".

En attendant, "Toutes Apôtres", pour toucher plus largement, s'est mis en relation avec plusieurs autres mouvements similaires à l'étranger, "Voices of faith", "Maria2.0" par exemple. Fin août, une conférence a été donnée en ligne sur des réseaux sociaux, traduite simultanément en ... sept langues.

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