Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie font chuter le gouvernement

Auteur:
 
Par Claudine WERY - Nouméa (AFP)
Publié le 02 février 2021 - 07:21
Image
Louis Mapou en novembre 2018 à Nouméa
Crédits
© Theo Rouby / AFP/Archives
Louis Mapou en novembre 2018 à Nouméa
© Theo Rouby / AFP/Archives

Le gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie est tombé mardi après la démission des indépendantistes de l'exécutif, qui ont dénoncé "l'impasse et l'immobilisme" dans l'archipel, où la vente d'une usine de nickel crée depuis plusieurs mois un climat de tension.

Les indépendantistes du FLNKS disposent de cinq membres de l'exécutif sur 11. Leur démission, ainsi que celle de leurs suivants de liste, entraîne de facto une chute du gouvernement collégial, élu par les membres du Congrès. Un nouveau gouvernement devra être élu dans un délai de 15 jours, selon le statut de l'accord de Nouméa (1998).

Dans un communiqué mis en ligne par le FLNKS, Louis Mapou, chef du groupe UNI-FLNKS (Union Nationale pour l'indépendance) et son homologue de l'UC-FLNKS (Union calédonienne), Pierre-Chanel Tutugoro, indiquent avoir "déposé conjointement" une lettre au président du gouvernement, Thierry Santa (loyaliste). "Les membres du gouvernement (indépendantistes) présentent leur démission", stipule cette lettre. L'information a été confirmée à l'AFP par des sources gouvernementales.

L'une des raisons invoquées par le FLNKS est le "processus de vente " de l'usine de nickel du groupe brésilien Vale "qui fait primer les intérêts des multinationales sans considération des aspirations des populations locales".

La vente de cette unité industrielle à un consortium calédonien et international où figure le géant suisse Trafigura, pourrait aboutir le 12 février. Or, elle soulève un tollé dans la mouvance indépendantiste et a été à l'origine d'une flambée de violence en décembre. L'usine est à l'arrêt après avoir été prise d'assaut par des émeutiers le 10 décembre et est la cible d'exactions permanentes.

Les indépendantistes mettent aussi en cause "le retard dans le vote du budget primitif" de l'île, qui a été reporté à mars, ainsi que "la dynamique institutionnelle en panne et le consensus qui est de moins en moins la règle".

- "Immense risque" -

L'Avenir en Confiance (AEC), coalition des principaux partis non indépendantistes dont est issu le président du gouvernement Thierry Santa, a fustigé "une décision incohérente, irresponsable et dangereuse".

"En provoquant une crise institutionnelle en pleine période de gestion de la crise sanitaire, d'une possible crise budgétaire ainsi que des tensions économiques et sociales fortes, les indépendantistes font peser un immense risque sur l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie", ont ils déclaré dans un communiqué.

Leader de l'Eveil Océanien, parti charnière au Congrès à même de faire et défaire les majorités, Milakulo Tukumuli, a lui estimé que cette décision des indépendantistes avait été prise "pour bloquer la cession de l'usine de Vale".

Une réunion visant à faire valider le projet avec Trafigura par les exécutifs des collectivités, prévue pour le 12 février, aurait été avancée à mercredi, selon plusieurs sources.

"Je préfère une action institutionnelle à une action sur le terrain. Nous l'avons déjà dit, nous pensons qu'il faut repousser la vente de cette usine, les oppositions sont trop fortes", a déclaré à l'AFP M.Tukumuli. Ce dernier n'a toutefois pas précisé si son parti formerait ou pas une majorité avec le FLNKS "dans ce contexte compliqué".

Les discussions avec l'Etat pour préparer "l'après accord de Nouméa" sont au point mort en raison de la vente conflictuelle de l'usine Vale. L'archipel fait face en outre à une crise budgétaire sans précédent et une économie en berne, due aux incertitudes institutionnelles et au Covid-19.

La chute du gouvernement intervient quatre mois après le référendum sur l'indépendance du 4 octobre dernier, remporté d'une courte tête par les pro-français (53,3%). Un premier référendum avait eu lieu en 2018 et un troisième est encore possible d'ici 2022.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.