L'esthétique d'abord : Léa Vicens, torera à cheval génération 2.0

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Par Marie GIFFARD - Parc national de Doñana (Espagne) (AFP)
Publié le 04 juin 2021 - 16:00
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la torera à cheval française Léa Vicens, "rejoneadora" (mounted bullfighter) Lea Vicens lors d'un entraînement dans sa finca près d'Hinojos, au sud de Séville,le 14 avril 2021.
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© Gabriel BOUYS / AFP
la torera à cheval française Léa Vicens, "rejoneadora" (mounted bullfighter) Lea Vicens lors d'un entraînement dans sa finca près d'Hinojos, au sud de Séville,le 14 avril 2021.
© Gabriel BOUYS / AFP

Elle est la seule femme à être sortie par la grande porte des arènes de Madrid. Partisane de l'ouverture du monde de la tauromachie, la torera à cheval Léa Vicens, en bonne adepte des réseaux sociaux, a fait de l'esthétique sa marque de fabrique.

C'est un immense ranch blanc éclatant où se dressent des pots en terre cuite, des cactus et des chevaux. Le vent balaye le sable de la cour, comme dans les westerns.

Ce décor de cinéma a été posé au milieu des fleurs, dans le parc national de Doñana, en Andalousie. Chapeau sur la tête, une femme en bottes et chemise à carreaux s'approche. Léa Vicens a le sens du spectacle.

La rejoneadora (torera à cheval) française de 36 ans se met régulièrement en scène devant ses près de 100.000 abonnés sur Instagram, un chiffre surprenant pour une figure de la corrida, un domaine habituellement réservé aux initiés.

"Je sais gérer une image autre que celle d'antan où les toreros étaient des personnages extrêmement admirés, surtout des intellectuels et des artistes de l'époque, mais qui, finalement, étaient inaccessibles": Léa Vicens assume d'appartenir à "une génération de réseaux sociaux" et plaide pour une démocratisation de la corrida.

Eperons chaussés, elle se prête au jeu des photos, avec un sens aigu du cadre, de l'esthétisme, changeant de tenue, demandant là de retirer un câble qui pend, ici de déplacer un quad qui enlaidit le paysage.

"Il faut rendre accessible aux générations d'aujourd'hui cette discipline", poursuit-elle alors que la tauromachie est très décriée, consciente de constituer un modèle pour "beaucoup de gamines".

- Dix heures d'entraînement par jour -

Car même si elle affirme n'avoir "jamais ressenti du machisme" et que "le taureau ne détermine pas le sexe de la personne qui va le toréer", Léa Vicens sait bien qu'elles ne sont pas nombreuses à s'être frayées une place dans un monde souvent considéré comme fermé.

Elle se souvient de sa sortie par la grande porte des arènes de Madrid en 2019, "la plus grande, la plus importante au monde": "c'était un évènement historique, la première fois qu'une femme torero sortait en triomphe".

Fille d'une enseignante et d'un commerçant, l'enfant de Nîmes (sud de la France) monte à cheval depuis ses quatre ans.

Un master de biologie en poche, Léa Vicens s'est fait sa place dans la tauromachie en commençant d'abord par être placeuse dans l'arène, puis dresseuse de chevaux dans la ferme de son mentor, Angel Peralta, célèbre rejoneador aux "6.000 taureaux tués".

En octobre 2010, elle devient officiellement torera. S'entraînant "dix heures par jour", changeant frénétiquement de cheval, quitte à mettre entre parenthèses sa vie personnelle.

Dans un sourire, elle mime ce "mec qui [l']attendait avec des chandelles" à qui elle avait dit "je vais pas dîner, je vais toréer des vaches".

- Femme d'affaires -

Empêchée de toréer pendant plus d'un an par la pandémie - un coup d'arrêt qui nuit "surtout" aux chevaux selon elle, "des athlètes qui ont besoin de la relation au public, comme des artistes" -, la trentenaire a dressé de nouveaux poulains et développé d'autres activités en femme d'affaires confirmée.

Commercialisation de produits dérivés, vente d'huile d'olive et séjours touristiques dans sa ferme pour une découverte de la tauromachie, la marque "Léa Vicens" est une petite industrie.

Signe de sa réussite, un énorme camion noir de transport de chevaux sur lequel s'entrelacent les lettres "Lea Vicens" se gare près de la ferme.

De retour dans l'arène cette saison, la torera - qui préfère d'ailleurs qu'on dise "la torero" - façonne sa "marque de fabrique, l'esthétisme" en s'entraînant dans son ranch avec des vaches.

Ses chevaux les esquivent avec une agilité fascinante, les leurrant par leurs sauts latéraux.

"Mon maestro Angel Peralta disait que +la tauromachie, c'est tromper le taureau sans lui mentir+", décrypte-t-elle.

Alors que "la technique, les heures, les années d'entraînement" lui ont permis de surmonter "la peur du taureau" - de la mort -, elle évoque une autre appréhension: la "peur scénique de décevoir un public qui paye pour venir te voir".

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