Mai 68 vu par l'AFP - Et le dimanche, promenade révolutionnaire en famille

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Par AFP - Paris
Publié le 12 avril 2018 - 11:12
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Des étudiants qui occupent la Sorbonne jettent des tracts par les fenêtres de la faculté, le 17 mai 1968, sur des Parisiens venus leur rendre visite
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© / ARCHIVES/AFP/Archives
Des étudiants qui occupent la Sorbonne jettent des tracts par les fenêtres de la faculté, le 17 mai 1968, sur des Parisiens venus leur rendre visite
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En mai 68 des portes s'ouvrent grand : des universités prestigieuses comme la Sorbonne dont l'accès était jusque là réservé aux étudiants, voient débarquer le dimanche des familles modestes ou bourgeoises qui viennent humer l'air révolutionnaire.

A Nanterre, à l'ouest de Paris, la faculté d'où la contestation est partie en mars jouxte un bidonville où s'entassent des ouvriers maghrébins et portugais qui jamais n'ont approché les amphis du savoir. Au cours des mois de mai et juin, les deux mondes se frottent, se parlent, et les enfants courent dans les couloirs.

L'AFP est là et raconte.

Le dimanche à la Sorbonne

PARIS, 19 mai 1968 (AFP) - La Sorbonne est devenue depuis son occupation par les étudiants un lieu de visite pour les Parisiens.

Profitant du dimanche, les curieux sont venus en grand nombre voir comment ce qui fut le temple du savoir le plus abstrait est devenu le cadre d'une fête permanente et désordonnée. Dans la cour, où les groupes des diverses tendances ont installé des stands colorés et pavoisés aux couleurs d'Etats "révolutionnaires", les badauds, bouche bée, écoutent les orateurs débattre de la révolution sexuelle, de l'esthétique révolutionnaire ou de la libération des théâtres. Certains sont venus en famille, et les enfants, à peine surpris, courent dans les escaliers.

A tous les étages, sections, groupes, tendances, comités, se réunissent. Les comités d'action lycéens ont tenu, cette nuit et ce matin, une assemblée générale pour envisager les conditions de la poursuite de leur action. Dès demain matin - mais on ne sait encore comment - se réuniront des "états généraux de l'université" qui doivent siéger durant deux jours. Demain soir, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, Jean Vilar et d'autres personnalités viendront participer à un débat.

Pendant ce temps, le "comité d'agitation culturelle" organise des spectacles. Hier soir, un ensemble de musiciens "psychédéliques" a eu quelque difficulté à se faire entendre d'un public aussi exigeant que surexcité.

A Nanterre par contre, où la crise a commencé, une paix inattendue règne sur le campus. "C'est devenu bien triste Nanterre", confiait, déçue, une jeune fille qui en revenait.

Le centre de gravité s'est déplacé. Aujourd'hui l'agitation de Nanterre est tombée et c'est à la Sorbonne que la fête continue.

AFP

Nanterre : fac ouverte

PARIS, 2 juin 1968 (AFP) - Les étudiants de Nanterre ont ouvert pour les fêtes de la Pentecôte les portes de la faculté aux ouvriers du voisinage et à leurs familles.

Plusieurs centaines de travailleurs sont venus aujourd'hui à la faculté accompagnés de leurs enfants. La plupart venait du bidonville tout proche et des bandes d'enfants basanés, portugais ou marocains, ont transformé les galeries et les couloirs de la faculté en terrain de jeu. Les plus jeunes avaient été confiés "à la garderie", pendant ce temps les parents ont pu participer à des discussions organisées dans des amphithéâtres et à plusieurs séances de cinéma gratuites.

A midi le restaurant universitaire a accueilli les visiteurs. Le prix du repas a été le même que pour les étudiants. (150 chômeurs prennent régulièrement leurs repas au restaurant universitaire depuis plusieurs jours).

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