Militaires tués : le pont de l'honneur

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Par Michel MOUTOT - Paris (AFP)
Publié le 14 mai 2019 - 13:48
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Le convoi funéraire sur le pont Alexandre III à Paris, le 14 mai 2019
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© Thomas SAMSON / AFP
Le convoi funéraire sur le pont Alexandre III à Paris, le 14 mai 2019
© Thomas SAMSON / AFP

Ils sont arrivés tôt, visages graves, yeux parfois humides. Des milliers de Français ont attendu mardi, sur le pont Alexandre III à Paris, le passage du convoi funéraire des deux soldats tués au Burkina Faso, pour les applaudir pendant quelques secondes.

Les casques bronze des pompiers de Paris, en haie d'honneur avec des soldats en uniformes et des anciens combattants portant bannières, brillaient au soleil quand les motards de l'escorte ont annoncé l'arrivée sur le plus beau pont de la capitale des deux fourgons funéraires, en route vers la cour des Invalides et ses honneurs nationaux.

Sur le pont, ce sont les anonymes qui, comme de coutume mais plus nombreux cette fois, s'étaient donné rendez-vous.

"Hier, j'en ai parlé à mon mari, et lui ai dit : nous devons y aller, c'est un devoir", dit à l'AFP Dominique Ceberio, 69 ans. "Nous sommes partis tôt ce matin, de banlieue. C'était une évidence. J'ai eu un papa militaire, qui a mis sa vie en danger. Je suis un peu là pour lui aussi."

Un peu en retrait, casque de scooter au bras, Céline Saenz, 42 ans, estime que "c'est moins qu'on puisse faire, venir leur rendre hommage. Savoir qu'il y a des personnes comme ça, sur lesquelles on peut compter pour nous protéger, pour protéger notre liberté, c'est important. On montre aux familles, aux soldats qui se battent encore qu'on pense à eux".

Pour les anciens combattants, nombreux sur le pont pour chaque hommage à des camarades tombés, une tradition remontant à 2011, la présence mardi de nombreux civils est une bonne nouvelle et un réconfort.

"Je viens chaque fois que je peux. J'ai un fils qui sert dans les Forces spéciales, cinq citations. Ça aurait pu être lui", dit le capitaine Jean-Louis Wilmes, 85 ans, médailles au revers de son blaser bleu.

- "On sera toujours là" -

"Sauver des gens, c'est le métier, on y va", ajoute-t-il. "Ils ont le même mental que les sauveteurs en mer et que les guides de montagne, qui sont prêts à risquer leur vie pour sauver celle des autres. C'est la vie qu'ils ont choisie. Cela donne un sens à leur vie."

Julie Taffin, 22 ans, est en tenue de course à pied, collant en lycra et T-shirt coloré, grandes lunettes de soleil qui lui mangent le visage. "Je suis venue en courant, depuis Montparnasse", dit-elle. "Il faut montrer qu'on est là, qu'on sera toujours là."

Étudiante en sécurité-défense, elle a renoncé à s'engager dans l'armée à cause d'un asthme chronique, mais s'estime "proche du monde militaire. Ils ont sauvé la vie de quatre personnes. C'est important d'être là aujourd'hui pour montrer notre gratitude".

A l'approche du cortège, Roger Simon, ancien motard de la police de 73 ans qui attendait appuyé contre la rambarde ouvragée du pont, s'approche des barrières, joint ses applaudissements à ceux de la foule. Il porte un chapeau de brousse avec un écusson "Sahara", des gants de cuir.

"C'est un devoir d'être là. Ils sont morts pour la France", dit-il. "Je suis venu aux Invalides pour l'hommage à Simone Veil. Mais c'est mieux ici. Ici, sur ce pont, c'est la France. Je suis même étonné qu'il n'y ait pas plus de monde. Je pensais que ce serait blindé."

Il enlève ses lunettes, essuie une larme du dos de sa main. "C'est le vent. Avec l'âge, j'ai les yeux qui pleurent."

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