Régionales : des votants par devoir, des abstentionnistes déçus de la politique

Auteur:
 
Par Gaëlle GEOFFROY avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 27 juin 2021 - 19:21
Image
Etat de la participation aux élections départementales et régionales à 12h et 17h aux 1er et 2nd tours
Crédits
© Sophie RAMIS / AFP
Départementales et régionales : participation aux 1er et 2nd tours
© Sophie RAMIS / AFP

Des votants par devoir, des abstentionnistes déçus de la politique, et un manque d'information souvent épinglé: les Français ont encore massivement boudé les urnes dimanche pour le second tour des régionales et départementales.

L'abstention record du premier tour, qui semble se confirmer au second (27,89% de participation à 17h00, en baisse de 23 points par rapport à 2015), "ça ne peut que nous interroger. Qu'est-ce qui fait qu'on n'arrive pas à intéresser les électeurs ?", souligne la présidente d'un bureau de vote de Strasbourg, Françoise Schaetzel, une élue de 69 ans, auprès de l'AFP.

Alors qu'une polémique sur les ratés de l'acheminement des professions de foi des candidats a entaché le premier tour, plusieurs électeurs disent ne pas les avoir reçues non plus pour le second, comme Anne-Françoise, 66 ans et retraitée, pour qui "c'est sûr, ça ne donne pas envie d'aller voter".

"Je viens voter, mais ça ne sert à rien", résume Hugues Hubert, 66 ans, retraité du secteur du transport, maillot de foot sur les épaules, et dont aucun des trois enfants ne se déplacera. "Voter pour les présidentielles, d'accord, mais pour les départementales, on ne sait rien. Que vont faire les candidats ? Aucune idée".

Daniel, un agent d'entretien de 58 ans, dit d'ailleurs avoir "voté au hasard".

- Promesses non tenues -

Dans un autre bureau strasbourgeois, la présidente Marina Lafay déplore "une sorte d'errance de la part de certains électeurs, notamment par rapport aux départementales", pour lesquelles au premier tour "certains découvraient les candidats sur la table".

Pourtant, s'agace Isabelle Courteau, une fonctionnaire de 51 ans "encartée", "aujourd'hui avec internet, si on veut se renseigner, c'est facile!".

"Ne pas voter c'est un déni de démocratie", lance aussi, à Marseille, Thierry, un septuagénaire du Ve arrondissement pour qui toutefois "peut-être que les jeunes ont besoin d'alternative..."

A Lille, dans un bureau de vote du sud de la ville, Josiane Vanoverloop, 82 ans, fait partie de la "génération habituée à aller voter" et a une explication à l'abstention: "Les gens sont en général dégoûtés de la politique: on nous dit toujours on va faire ci ou ça mais une fois élus, ils ne tiennent pas leurs promesses".

"Les gens en ont assez", dit aussi à Dijon Alain Robiaud, mais à Nice, Fabrice Chargelègue, retraité, critique des Français qui "prennent les droits, mais pas les devoirs".

"Les anciens ont lutté pour avoir le droit de vote et aujourd'hui les jeunes ne font rien", peste Jean-Claude Berto, retraité de 69 ans, à Lyon.

A Nice, Rémi Marsal, 23 ans et qui vient de finir ses études d'architecte, évoque "un manque d'information" et d'"efforts" de la part des responsables politiques "pour s'intégrer dans la jeune génération".

"Ce qui est fait pour le coin ne me concerne pas vraiment, je ne vis que sur Amazon", lâche en riant Lucas Mailliet, un employé de McDonald's de 24 ans, à Saint-Martin-d'Hères, dans la banlieue de Grenoble, en pensant que les électeurs sont appelés à voter dimanche pour "les municipales".

Mais à ses côtés, Marie Buisson, 25 ans, animatrice pour enfants, a voté après avoir épluché consciencieusement les professions de foi des candidats avec ses parents.

A Lyon, Quentin Guillon de Princé, 31 ans, s'est aussi déplacé pour les deux tours car il "sait que la région a un certain pouvoir".

- France des "Lumières" -

Pour conjurer l'abstention, Christine, une quadragénaire responsable des ressources humaines, plaide à Marseille pour "le vote électronique".

Nicolas, un médecin de 57 ans à Strasbourg, dit qu'il voterait "peut-être" si cela était possible "par internet" et si le vote blanc était pris en compte. Mais pour l'heure, il s'abstient, notamment parce que "les politiques ne répondent pas aux questions".

"Si les candidats me parlaient un peu plus, je pourrais voter, peut-être, mais là, je n'arrive pas à m'identifier à une personne et encore moins à un mouvement politique", abonde Pierre Kieffer, 31 ans, auteur illustrateur.

Houssine Sbaï, 53 ans, employé dans l'industrie cosmétique, déplore lui les "amalgames" des débats politiques à la télévision, "sur l'islam, l'immigration". "L'objectif c'est de vivre ensemble, et on a l'impression que les hommes politiques cherchent l'inverse. Quand je vois l'Histoire de la France, les Lumières, on est loin de tout ça", regrette-t-il.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.