République, laïcité, école : Hidalgo déroule, sous le regard attentif du PS

Auteur:
 
Par Baptiste BECQUART, Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 20 décembre 2020 - 09:00
Image
Anne Hidalgo en conférence de presse à la Mairie de Paris, le 29 octobre 2020
Crédits
© NICOLAS MESSYASZ / POOL/AFP/Archives
Anne Hidalgo en conférence de presse à la Mairie de Paris, le 29 octobre 2020
© NICOLAS MESSYASZ / POOL/AFP/Archives

Marteler son attachement à la laïcité, insister sur "la promesse républicaine", avant d'aborder prochainement l'école: Anne Hidalgo, réélue maire de Paris en juin, détaille sa vision sur des thèmes chers à la gauche avant 2022, sous le regard attentif du Parti socialiste.

Bien qu'elle ait longtemps répété, en public comme en privé, qu'elle n'avait pas l'intention de briguer l'Elysée, Anne Hidalgo pose désormais les thèmes d'un débat à gauche et observe, avec sa garde rapprochée, les réactions.

"Pour l'instant, elle en est à prendre toute sa part à l'échéance 2022, sans faire acte de démarche particulière", insiste son adjoint à l'Education, Patrick Bloche.

Après avoir attaqué les écologistes, partenaires de sa majorité à Paris, sur leur supposé "problème de rapport à la République" et à la laïcité, l'édile compte donner prochainement sa vision de l'école.

Dans la tradition socialiste, "le projet éducatif est toujours au coeur du projet politique", rappelle Patrick Bloche.

La maire de Paris doit ainsi mettre l'accent sur "les méthodes nouvelles qui permettent aux enfants d'apprendre différemment", et plaider pour qu'on sorte de "cette idée qu'il faut absolument terminer le programme en oubliant la notion de cycle, plus souple".

Le Directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi, en est convaincu: "ce qui peut faire la différence entre les candidats de gauche en 2022, c'est la question républicaine, laïque".

Et quand l'édile parisienne rappelle son engagement républicain, elle ne parle pas seulement aux socialistes, mais aussi au centre, analyse M. Dabi. "Dans une optique de rassemblement, il faut arrimer à une candidature alternative à Emmanuel Macron les centristes, les macronistes de gauche qui ont voté Hollande" avant de soutenir LREM, en 2017.

Une stratégie qui semble payer dans les enquêtes: 48% des personnes sondées déclarent avoir une "bonne opinion" d'Anne Hidalgo, selon un récent sondage Ifop pour Paris Match.

- Déjeuner avec Hollande -

"Parmi les prétendants à gauche, ou qui pourraient penser être candidat, elle est la première", relève Frédéric Dabi. Mais gare aux conclusions hâtives, "la popularité ne fait pas le vote sinon on aurait eu Jack Lang, Bernard Kouchner ou Simone Veil" comme présidents, souligne l'expert.

Rassembler, le temps venu, la gauche ne serait pas forcément facile non plus, le secrétaire national d'EELV Julien Bayou ayant même réclamé fin novembre des excuses à Mme Hidalgo pour avoir "insinué" que des élus Verts n'auraient pas voté pour qu'un lieu de la capitale porte le nom de l'enseignant décapité Samuel Paty.

En attendant, l'élue parisienne soigne ses pairs au PS. "Elle a vu tous les gens qui comptent à gauche", souffle un proche de la maire de Paris. Elle a ainsi déjeuné à l'Hôtel de Ville avec François Hollande, revu Laurent Fabius, s'est rabibochée avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

L'inflexion stratégique de ce dernier n'est d'ailleurs pas passé inaperçue: après avoir évoqué cet été sa volonté de travailler avec les écologistes, M. Faure a lancé dès novembre des chantiers de fond au PS, espérant ainsi accompagner une candidature socialiste.

"Anne Hidalgo jouit d'une très bonne image, j'en suis fier", affirme le sénateur Rachid Temal à l'AFP. "A Paris, elle montre qu'elle est en capacité d'élargir au-delà du seul PS, et c'est important parce qu'aucune présidentielle ne se gagne qu'avec son camp". Mais "il ne faut pas mélanger vitesse et précipitation. Il faut laisser à Anne Hidalgo et aux autres leur calendrier".

De fait, le parti est pour l'instant très loin de se mettre au service d'une préparation de candidature d'Anne Hidalgo. Les cadres se félicitent de sa carrure politique, de sa teinture écolo, inaccessibles à d'autres ténors du parti.

Mais le PS compte encore plusieurs figures historiques. Le maire d'Alfortville Luc Carvounas salue ainsi le retour médiatique de Ségolène Royal, "une voix forte et indépendante qui incarne aussi une forme de bon sens populaire".

François Hollande, Bernard Cazeneuve, Arnaud Montebourg sont autant d'autres personnalités qui se sont suffisamment maintenus dans le jeu politique pour être considérés au sein du PS.

"Il y a encore beaucoup de talents à gauche", estime Olivier Faure.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.