A son procès, Réda Kriket nie à nouveau tout projet d'attentat jihadiste

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 22 mars 2021 - 21:12
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Croquis du procès de Réda Kriket (les trois à gauche Reda Kriket; les deux à droite Abderrahmane Ameuroud) le 8 mars 2021, Paris
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© Benoit PEYRUCQ / AFP
Croquis d'audience au procès de Réda Kriket (les trois à gauche Réda Kriket; les deux à droite Abderrahmane Ameuroud), le 8 mars 2021 à Paris
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"C'était vraiment pas pour faire un attentat": jugé cinq ans après la découverte d'un arsenal de guerre inédit près de Paris, Réda Kriket est resté évasif lundi sur ces armes, se contentant de nier une nouvelle fois tout projet d'attaque terroriste.

Dans l'appartement que cet ex-délinquant de 39 ans louait sous un faux nom à Argenteuil (Val-d'Oise), les enquêteurs avaient découvert le 24 mars 2016, deux jours après les attentats de Bruxelles, un arsenal "d'une ampleur inédite".

Cinq fusils d'assaut, sept armes de poing, un pistolet-mitrailleur, de nombreuses munitions, des explosifs artisanaux, dont du TATP, une substance prisée du groupe Etat islamique (EI), et 11.000 billes d'acier avaient été notamment saisis.

Devant la cour d'assises spéciale, qui le juge depuis le 8 mars avec six autres accusés, Réda Kriket estime qu'avec cette découverte les policiers "se sont trop vite félicités", en déclarant "devant les médias (avoir) déjoué un attentat".

"Ils avaient une idée en tête. J'avais été condamné pour +terro+, donc ça ne peut être qu'une histoire de +terro+. (...) OK le matériel est très suspect, surtout en 2016, mais si on cherche vraiment on s'apercevra que ça peut être autre chose", avance l'accusé, dont les propos sont souvent inaudibles.

Réda Kriket était alors recherché en Belgique, soupçonné de participation à un groupe terroriste, un dossier dans lequel il a été condamné en son absence en juillet 2015 à dix ans d'emprisonnement.

Des faits qu'il conteste également, assurant que "dans cette histoire là", il n'a fait "que receler" des bijoux volés.

- "Pas de détails" -

"En cavale", Réda Kriket rentre alors en France, utilise de fausses identités et loue à partir d'août 2015 l'appartement d'Argenteuil, objet de nombreux questionnements de la cour.

Est-ce lui qui a acheté le coffre-fort dans lequel a été trouvé l'arsenal, veut savoir le président, Laurent Raviot.

"Je ne veux pas répondre à cette question, je n'y ai jamais répondu", le coupe Réda Kriket, montrant de premiers signes d'irritation après plusieurs heures d'interrogatoire. "Pour être sincère, je suis presque à saturation des questions", ajoute-t-il, menaçant de se rasseoir.

"Bon, on se passera de vos explications sur le coffre", déplore le magistrat, passant aux nombreux profils ADN identifiés dans la planque, dont ceux de deux hommes présents avec lui dans le box, Anis Bahri et Abderrahmane Ameuroud.

Selon l'accusation, ils constituaient avec Réda Kriket le "coeur idéologique et opérationnel" de cette "cellule d'Argenteuil", soupçonnée d'avoir été mandatée depuis la Syrie par l'Etat islamique.

Face à l'insistance de la cour, Réda Kriket martèle, après avoir regardé chacun de ses coaccusés: "Hormis Anis (Bahri) qui est passé à un moment donné, personne ici n'est venu dans l'appartement".

Et quant aux armes, ils n'ont "rien à voir": "une partie a été dérobée par moi, une partie a été achetée par moi", assure Réda Kriket.

A qui? "Je ne peux pas entrer dans les détails", élude-t-il. Où ont-elles été achetées? "Pas de détails". Comment sont-elles arrivées jusqu'à Argenteuil, insiste le président.

Réda Kriket se borne à répéter, comme il l'a fait tout au long de l'instruction, que ce n'était "pas pour faire un attentat".

Il évoque, restant vague, le braquage d'un "dépôt", un dernier "gros coup" qui devait lui rapporter "une grosse somme d'argent".

Mais ses explications laissent autant dubitative la cour que les représentantes de l'accusation: au vu de ses antécédents judiciaires, et de ses condamnations surtout pour des cambriolages aux "butins" plutôt maigres, il n'a pas le profil d'un braqueur aguerri.

Compte tenu aussi de ses convictions religieuses, "contradictoires" avec un passage à l'acte délinquant.

En mettant "bout à bout" plusieurs éléments du dossier - une condamnation par défaut en Belgique pour terrorisme, une suspicion de départ en Syrie fin 2014-début 2015, et la découverte de cet arsenal quelques mois après les attentats du 13-Novembre 2015 à Paris, le président Laurent Raviot lance: "vous comprenez qu'il peut y avoir soupçon de projet d'attentat?".

Et Réda Kriket de rétorquer: "En 2016, tout ce que je faisais, c'était pour l'argent".

Le procès est prévu jusqu'au 9 avril.

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